Vitrail - Définition

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Introduction

Vitrail du XIXe siècle par Samuel Coucke (1861). Église Notre-Dame des Victoires au Sablon à Bruxelles

Le vitrail est une composition décorative formée de pièces de verre. Celles-ci peuvent être blanches ou colorées et peuvent recevoir un décor. Le mot vitrail désigne une technique tandis que la fermeture d'une baie fixe avec du verre s'appelle une verrière.

Depuis le début du Moyen Âge, ces pièces sont assemblées par des baguettes de plomb. Ce procédé, bien qu'aujourd'hui toujours dominant, n'est pas le seul en usage : d'autres techniques, telles que celles du ruban de cuivre (aussi appelée méthode Tiffany, de son concepteur Louis Comfort Tiffany), de la dalle de verre enchâssée dans le béton ou le silicone, de collages (avec des résines ou des polymères), et du vitrail à verre libre, peuvent être utilisées ou combinées.

Un vitrail est appelé vitrerie lorsque son dessin est géométrique et répétitif (par exemple des losanges ou des bornes). La vitrerie est généralement claire et sans peinture.

Un vitrail et une vitrerie se réalisent suivant le même procédé en associant le plomb et le verre. Le verre utilisé est plan, d'une épaisseur variant entre 1,5 mm et 5 mm, et le plomb se présente sous forme de baguettes en forme de H couché. Les pièces de verre sont serties dans les plombs puis l'ensemble est maintenu définitivement grâce aux soudures réalisées à chaque intersection des plombs.

Détail d'un panneau du vitrail de Saint Thomas, cathédrale de Canterbury.
La surface peinte des verres est apparente. Les plombs en H sont visibles avec leurs jonctions soudées, de même que les fers raidisseurs et les fils de cuivre qui les lient au vitrail.

Historique

Les origines

Le verre coloré a été produit depuis les époques les plus reculées. Tant les Égyptiens que les Romains ont excellé dans la fabrication de petits objets de verre coloré. Le British Museum possède deux pièces romaines exceptionnelles, la tasse de Lycurgue, dont la teinte couleur moutarde prend des reflets pourpres lorsque la lumière la traverse et le vase Portland, bleu nuit à décor incisé blanc.

Dans les premières églises chrétiennes du IVe et du Ve siècles, on peut encore observer de nombreuses ouvertures occultées par des motifs en très fines feuilles d'albâtre serties dans des cadres en bois, donnant un effet de vitrail primitif. Des effets semblables ont été atteints avec une plus grande sophistication par des créateurs musulmans en Asie Mineure en utilisant le verre coloré en lieu et place de la pierre.

Flacon à parfum, Ier siècle av. J.-C.
Vase Portland, camée de verre, Ier siècle apr. J.-C.
Vitrail de la mosquée Nasir al-Mulk à Shiraz, Iran.

Le vitrail médiéval

En tant que forme artistique, la technique du vitrail atteint sa plénitude au Moyen Âge. Durant les périodes romane et gothique primitif (950 à 1240), les ouvertures se développèrent exigeant de plus grandes surfaces vitrées. La stabilité était assurée par de robustes cadres de fer. Ces modèles sont encore visibles dans la cathédrale de Chartres et à l’extrémité orientale de la nef de la cathédrale de Canterbury.
Avec le développement ornemental de l’architecture gothique, les ouvertures devinrent de plus en plus grandes, améliorant l'éclairage des intérieurs. L'architecture gothique innova en introduisant un cloisonnement des fenêtres par des piliers verticaux et des motifs de pierre. La complexité de ces ouvertures atteignit son apogée dans les immenses baies du style flamboyant européen.
Intégrés à la tendance à l’élévation verticale des cathédrales et des églises paroissiales, les vitraux devinrent des créations de plus en plus audacieuses. La forme circulaire, ou rosace développée en France, évolua à partir de percements relativement simples dans les parois de pierre jusqu’aux immenses rosaces, comme celle du fronton ouest de la cathédrale de Chartres. Ces modèles atteignirent une énorme complexité, la dentelle de pierre étant ramifiée en centaines de différents points, comme dans la Sainte-Chapelle à Paris.

Le vitrail en dalle de verre

vitrail en dalle de verre

Il s'agit d'une technique particulière, très récente par rapport à l'Art séculaire du vitrail classique. En 1929, dans son atelier de Montigny-les-Cormeilles, au nord de Paris, le verrier Jules Albertini met au point les premières dalles de verre (plaques de verre de 20x30 cm, de 2 à 3 cm. d'épaisseur) avec le mosaïste Jean Gaudin qui est le premier artiste à réaliser en France des vitraux en dalle de verre ; Auguste Labouret dépose ensuite en 1933 un brevet d'invention pour une nouvelle technique de "vitrail en dalles éclatées à réseau de ciment armé". Charles Lorin l'adopte à son tour. Son élève Gabriel Loire, à Chartres, en fera sa technique d'expression. Elle connaît un grand succès dans les années cinquante, des moines trappistes, des moines bénédictins (Saint-Benoît-sur-Loire, En Calcat, Buckfast, …) l'adoptent dans leurs ateliers de vitraux comme de très nombreux ateliers civils, en relation avec les importantes commandes de la reconstruction et construction d'églises modernes. Des peintres, comme Bazaine ou Léger, ont fait réaliser en dalle de verre de beaux ensembles (cf église d'Audincourt, Doubs). Si cette technique est peu à peu passée de "mode", quelques créateurs en ont fait leur mode d'expression privilégié, comme le peintre verrier Henri Guérin (1929-2009) (cf site www.henri-guerin.com).

Initialement, le travail s'effectue à l'aide d'un coin et d'un marteau qui servent à tailler des morceaux de verre dans des petits blocs de verre de 2 à 3 centimètres d'épaisseur ayant la forme d'une brique. [1] On pose la pièce de verre sur le coin, et l'on frappe à l'aide du marteau pour séparer des morceaux jusqu'à obtention de la forme souhaitée, selon le même procédé de "calibrage" décrit ci-dessus.

Les pièces ainsi obtenues sont alors disposées selon le modèle dans un coffrage formé par des tasseaux de bois. Un travail minutieux et inspiré d'écaillage, effectué avec des martelines spéciales sur la tranche des verres, enrichit ces derniers de brillances et nuances. Ce coffrage sert à couler le béton qui constitue l'armature de la dalle de verre, dans les dimensions et formes souhaitées. On coule ensuite le béton.
Durant l'opération de coulage, des tiges de métal sont plongées dans le béton pour renforcer l'armature.

C'est la nécessité d'avoir une armature très robuste, du fait du poids des pièces de verre, qui donne à ces vitraux cet aspect massif lorsqu'on les voit de l'extérieur d'un édifice.

De nos jours, la technique a évolué vers l'utilisation de résine "époxy", dont la solidité a permis de réduire les largeurs d'armature, passant d'un minimum de 4 centimètres à moins de 1cm, suivant la surface du vitrail.

Le vitrail à verre libre

Vitrail à verre libre réalisé par Guy Simard, 2003

Il s'agit d'une technique de vitrail contemporain constitué de pièces de verre de diverses natures et textures (verre antique, copeaux de dalle de verre, tiges de verre, billes de verre, verre de plage, verre de récupération, etc) déposées et combinées entre deux vitres, espacées d'environ 2cm, serties dans un cadre de bois ou de métal. Cette technique fut mise au point au début des années 1980 par Guy Simard, artiste verrier à Québec. Quoique procédant d'un même esprit, elle diffère passablement de la technique du laminage libre brevetée par Eric Wesselow (Prix de Rome), artiste verrier canadien d'origine polonaise.

Le vitrail à verre libre se différencie du vitrail traditionnel serti au plomb sous cinq aspects:

1. Alors que les grands vitraux d'églises ou de cathédrales se présentent comme de grands aplats, le vitrail à verre libre montre plutôt une très grande variété de textures. Le vitrail est alors dit ou perçu comme étant plus dynamique, en ce sens que lorsque la lumière ponctuelle (un point de lumière), le soleil par exemple, poursuit sa course, ou que le spectateur se déplace par rapport au vitrail, les effets de lumière se déplacent aussi, passant d'une pièce de verre à l'autre.

2. La réalisation d'un vitrail à verre libre nécessite environ quatre à cinq fois plus de temps qu'un vitrail traditionnel et la quantité de verre utilisé est multipliée dans la même proportion. Ce qui fait que les vitraux à verre libre sont environ aussi lourds que les vitraux en dalles de verre.

3. Un vitrail à verre libre se construit un peu à la manière d'une tapisserie haute lisse. Il se monte de bas en haut. Les pièces de verre étant déposées librement dans la boîte vitrée qui leur sert d'habitacle, il s'en suit qu'il est absolument impossible de produire deux vitraux à verre libre absolument identiques, ce qui est possible, par contre, en vitrail traditionnel.

4. Un vitrail à verre libre ne contient aucune colle ni n'utilise aucune forme de sertissage. Ce qui retient le verre, c'est uniquement son cadre, son contenant de vitre et de métal ou de bois. Ceci signifie que les pièces de verre à l'intérieur du vitrail à verre libre peuvent bouger si, par exemple, le vitrail est tourné de 180° à la verticale, c'est-à-dire lorsque le haut devient le bas et que le bas se retrouve en haut. Ainsi, plus le verre est compact, moins il peut bouger.

5. Un vitrail traditionnel au plomb pourrait, à la limite, mesurer deux mètres sur deux. Un vitrail à verre libre de plus d'un mètre carré implique des contraintes techniques particulières. Notamment, la pression latérale augmente rapidement au centre du vitrail, ce qui fait que les vitres qui retiennent les pièces de verre ont tendance à se bomber. Plus le cadre est grand, plus les vitres doivent être épaisses. Par exemple, des vitres de 4mm d'épaisseur suffisent pour un cadre de 60 x 60 cm, alors qu'il faut utiliser des vitres de 5 à 6 mm pour un cadre d'un mètre carré.

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