Migration des oiseaux - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Introduction

La migration des oiseaux est un mouvement régulier observé chez de très nombreuses espèces d'oiseaux. Ce déplacement est, par exemple, une manière pour ces espèces d'échapper à un changement d'habitat ou une baisse de disponibilité de nourriture liée aux rigueurs d'un climat défavorable, mais peut aussi s'interpréter comme une maximisation des chances de reproduction.

Migration de bernaches nonnettes Branta leucopsis en Finlande

Plusieurs phénomènes ont réactualisé l'intérêt de l'étude de ces migrations. Tous les observateurs constatent l'impact de l'augmentation moyenne des températures sur terre sur la sédentarisation croissante de certaines espèces comme la fauvette à tête noire et le pouillot véloce. Pour l'hiver, certains étourneaux migrent même vers les villes plus au nord où ils trouvent, maintenant, alimentation et refuges. En outre, une meilleure protection de ces animaux passe par une bonne connaissance de leurs migrations. Enfin, les caractéristiques qui permettent aux oiseaux de se repérer sont encore mal connues. Les oiseaux peuvent aussi transporter des propagules lorsqu'ils se déplacent (microbes, plantules, parasites...) leur rôle en la matière est encore mal compris.

Étude des migrations

Les premières observations de migration ont été enregistrées au I millénaire av. J.-C. par Hésiode, Homère, Hérodote, Aristote… Ces migrations sont porteuses de symboles pour les Chinois comme pour Confucius, pour les Juifs dans la Bible et le signe d'une perfection divine dans le Coran.

Aristote, repris par Pline l'Ancien dans L'Histoire naturelle, a noté que certaines grues voyagent des steppes Scythes aux marais près des sources du Nil. En revanche, Aristote pensait que le rouge-gorge était une métamorphose hivernale du rouge-queue ou que certains oiseaux comme les cigognes, les merles, les tourterelles, les alouettes et les hirondelles hibernaient. Cependant, dès le XVIe siècle, Pierre Belon fut un des premiers à rejeter la théorie de l'hibernation et à avancer, preuves à l'appui, celle de la migration. Dans son ouvrage Histoire naturelle des Oiseaux paru en 1770, Buffon adhère aux thèses migrationnistes et entraîne ainsi l'opinion de ses contemporains même si certaines réticences demeurent. Cette croyance persistait cependant en 1878, quand Elliott Coues a énuméré 182 ouvrages contemporains traitant de l'hibernation des hirondelles.

Observation et comptage

L'étude des migrations a débuté par l'observation des vols migratoires et par la collecte des dates d'arrivée et de départ de migrateurs stricts dans des régions données. En France, le premier site où les vols migratoires ont été dénombrés de façon systématique selon un protocole bien défini a été le Col d'Organbidexka, en bordure de la forêt d'Iraty, dans la province basque de la Soule (Pyrénées Atlantiques), rapidement suivi par la Pointe de Grave, à l'extrémité nord du Médoc. Depuis, c'est un réseau de plus de 40 sites qui sont suivis, dont plus de la moitié le sont régulièrement. Les résultats des comptages sont inscrits chaque soir sur le portail français de la migration, où chaque internaute peut les consulter sous forme de listes, graphiques etc.

Il faut mentionner ici que la valeur "citoyenne" de l'observation et du comptage de la migration s'est aussi exprimée au fil des ans par le biais de l'accueil de jeunes ornithologues en herbe qui se sont formés à la pratique rigoureuse de leur passion auprès des "spotteurs", comme on surnomme les responsables des comptages migratoires: on ne compte plus aujourd'hui les professionnels de l'environnement qui ont fait leurs premières armes dans ce cadre.

Baguage

Examen des caractéristiques d'une huppe fasciée baguée au Portugal

Le baguage a été proposé en 1899 par Hans Christian Cornelius Mortensen sur l'étourneau sansonnet. La première campagne de baguage rigoureuse a été menée par Johannes Thienemann en Prusse-Orientale en 1903. Cette expérience est reproduite ensuite en Hongrie en 1908, en Grande-Bretagne en 1909, en Yougoslavie en 1910 et en Scandinavie entre 1911 et 1914.

Aujourd'hui, les scientifiques couplent à cette technique l'utilisation du radar, la surveillance satellite, et l'analyse isotopique des plumes des populations. Une autre technique consiste à compter le nombre d'oiseaux passant devant la lune. En enregistrant des cris des oiseaux migrants et en les analysant en laboratoire pour déterminer les espèces, le nombre d'individus et les fréquences de passage, on obtient également des résultats. Les études actuelles ont pour but de connaître les flux de migration afin d'en déduire la densité des oiseaux et leurs itinéraires, et de comprendre les causes et les différentes formes de migration.

Observations radars

Écho d'oiseaux sur un radar

Les radars peuvent fournir des informations y compris la nuit ou à hautes altitudes lorsque les oiseaux sont cachés par les nuages. Suivant les modèles de radars, la sécurité aérienne obtient des informations sur l'intensité des passages, leur fréquence, et les caractéristiques des vols comme la vitesse et l'altitude. Cette technique a été inventée dans les années 1960 pour éviter les éventuelles catastrophes aériennes par impacts. En conséquence, cela évite aussi la mort des oiseaux. Les informations transmises aux ornithologues permettent de mieux connaître localement les flux de migration.

Observations satellites

Les balises de suivi par satellite sont utilisées pour suivre les oiseaux migrateurs depuis la fin des années 1980 et ont fourni des informations impossibles à obtenir auparavant. Leur précision est de l'ordre de 150 m. Les balises Argos étaient très utilisées en 1997. Elles pèsent environ 80 grammes. Si les émetteurs GPS sont disponibles depuis le début des années 2000, ils n'ont été miniaturisés pour pouvoir être fixés sur les oiseaux migrateurs qu'au milieu de la décennie. La précision de localisation est alors de l'ordre de 10 m. En fournissant des mesures régulières, ces balises permettent des projets pédagogiques ou scientifiques tels que le suivi en direct des mouvements sur Internet. En 2005, le poids d'un émetteur GPS est de 70 grammes.

Quelques exemples 

Depuis 1994, le CNRS et l'Institut polaire français - Paul Émile Victor ont équipé certains manchots royaux de balises Argos pour comprendre les déplacements alimentaires à différents moments du cycle annuel, en relation avec les conditions climatiques. Ces opérations ont été répétées pour le manchot empereur (résultat 2001), l'albatros hurleur (résultat 2002), et la cigogne blanche (résultat 1997). En 1998, toujours grâce aux balises Argos, le Service canadien de la faune a équipé des faucons pèlerins pour simplement connaître leur itinéraire.

En août 2005, pour mieux connaître les itinéraires des cygnes chanteurs, dix spécimens des steppes de Mongolie, région particulièrement touchée par la grippe aviaire, ont été équipés de GPS à alimentation solaire. Cela devait permettre au GAINS de mieux comprendre la propagation de la maladie. En 2006, dans le même objectif, 45 spécimens au total de Sarcelle d'été, l’oiseau effectuant des migrations intercontinentales le plus abondant, de canard casqué qui ne migre qu'en Afrique mais sur de longues distances, et de dendrocygne, le canard africain le plus abondant qui migre sur des petites distances, ont été équipés par des balises Argos de 12 à 30 grammes par une équipe du Cirad. La FAO a financé ces deux opérations.

Page générée en 0.135 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales | Partenaire: HD-Numérique
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise