Alexander von Humboldt - Définition

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Introduction

Alexander von Humboldt
Alexander von Humboldt
Alexander von Humboldt

Naissance 14 septembre 1769
Berlin
Décès 6 mai 1859 (à 89 ans)
Berlin
Nationalité Allemagne Allemagne
Profession(s) Naturaliste, géographe et explorateur
Distinctions Président de la Société de géographie de Paris

Friedrich Heinrich Alexander, Baron von Humboldt, plus connu sous le nom d'Alexander von Humboldt ou Alexandre de Humboldt, est un naturaliste, géographe et explorateur allemand, né le 14 septembre 1769 à Berlin d'une mère d'origine française, et mort le 6 mai 1859 dans la même ville. Il était membre associé de l’Académie des sciences française et président de la Société de géographie de Paris. Par la qualité des relevés effectués lors de ses expéditions, il a fondé les bases des explorations scientifiques.

Biographie

Alexander von Humboldt est né à Berlin le 14 septembre 1769 d'un père militaire prussien, le major von Humboldt, et d'une mère d'origine française et huguenote, Marie-Élisabeth Colomb.

Il est le frère cadet de Wilhelm von Humboldt (Guillaume de Humboldt), linguiste, fonctionnaire, diplomate, ministre de Prusse et philosophe allemand. Celui-ci, visionnaire pour la recherche et la pédagogie, fonda l'Université Humboldt de Berlin en 1810.

Formation

Le père de Humboldt, proche de la famille royale et de la franc-maçonnerie, a voulu transmettre à ses fils la meilleure éducation dans l'esprit des Lumières. Il leur donne pour précepteurs Joachim Heinrich Campe, lequel suit les principes pédagogiques de Jean-Jacques Rousseau, puis de Gottlob Johann Christian Kunth. Il enseigne aux enfants l'histoire, les mathématiques, le latin, le grec, le français et l'allemand.

Château de Tegel

À neuf ans, à la mort de son père, Alexander est élevé par sa mère, au château de Tegel, près de Berlin. Elle continue d'attacher la plus grande importance à l'éducation des enfants en vue de leur permettre d'accéder à de hautes fonctions politiques.

Alexander montre un intérêt prononcé pour l'histoire naturelle. Alors que Wilhelm d'une robuste constitution, a une belle aisance dans l'apprentissage et s'oriente vers la haute fonction publique, Alexander est frêle et apprend laborieusement. On l'oriente vers une formation en économie. Cependant, ses rapports avec le professeur von Feltion le perdirent.

À seize ans, Alexander est présenté par Kunth à Marcus Herz, médecin et membre de l'Académie des sciences de Berlin, l'un des principaux représentants des Lumières en Allemagne et il est fortement impressionné par les cours et les discussions se déroulant chez lui.

En 1787, les deux frères vont étudier à l'université de Francfort-sur-l'Oder où ils passent un semestre. Alexandre étudie les sciences politiques et suit des cours d'archéologie, de médecine, de physique et de mathématiques. Il contracte une "amitié éternelle" avec le théologien Wilhelm Gabriel Wegener.

À dix-huit ans, il est initié à la botanique par son ami Carl Ludwig Willdenow.

En 1788, Alexandre revient étudier dans le château familial les techniques de la manufacture et le grec ancien.

En 1789, les deux frères s'inscrivent à l'université de Göttingen, qui est un centre de la pensée éclairée à cette époque. Alexandre étudie la physique avec Georg Christoph Lichtenberg, l'anatomie et la zoologie avec Johann Friedrich Blumenbach.

Après un voyage géologique, il rédige en 1790 sa première publication scientifique d'observations minéralogiques sur les basaltes du Rhin.

Alexandre de Humboldt peint par Friedrich Georg Weitsch, 1806

C'est à Göttingen qu'il rencontre le naturaliste Georg Forster dont il devient le disciple et avec lequel il voyage en Grande-Bretagne et en France pendant la période révolutionnaire. Alexandre est pour la première fois à Paris en 1790 et s'enthousiasme pour les idéaux de la Révolution française et pour les Droits de l'homme:

« Le spectacle des Parisiens, leur rassemblement national, celui de leur temple de la Liberté encore inachevé pour lequel j'ai transporté moi-même du sable, tout cela flotte dans mon âme comme un rêve. »

De retour en Allemagne, Humboldt doit poursuivre ses études de commerce. Il consacre ses loisirs à la géologie, la botanique, et l'étude du suédois. Sa soif de savoir le conduit au seuil de la démence.

En 1791, Humboldt entame une formation à l'École des mines de Freiberg, puis une carrière dans les mines avoisinantes. Il termine ses études et est directement nommé assesseur au département des mines sans avoir à servir en tant que cadet.

De Freiberg à Paris

En 1792, Humboldt rédige un important rapport sur la géologie et l'état des mines. Ce rapport le fait promouvoir inspecteur général des mines. Face à l'ignorance des mineurs qui ne savent pas distinguer un minerai d'une roche sans valeur, Humboldt ouvre clandestinement une école de formation des mineurs qu'il finance de ses propres deniers. Il refusera l'argent que le ministre von Heinitz lui enverra pour le défrayer de ses dépenses.

Humboldt fait des recherches pour augmenter la sécurité dans les mines.

En 1794, il obtient une promotion dans un bureau de Berlin, puis participe à des missions diplomatiques entre les états alliés allemands et l'armée révolutionnaire française.

En 1795, von Heinitz lui propose le poste convoité de directeur des mines de Silésie, dans le sud-est de la Prusse. Humboldt refuse et abandonne le service public.

Humboldt fait des expériences sur les animaux, sur l'effet de l'électricité, qu'il pense être contenue dans les nerfs, et mise en évidence par l'application de deux métaux différents. Il utilise même son propre corps pour ses expériences. En 1797, il publie ses Expériences sur le muscle et la fibre nerveuse excités, avec des conjectures sur le processus chimique de la vie dans le monde animal et végétal. Alessandro Volta montre en 1795 que ce sont les métaux qui créent l'électricité et invente la pile électrique en 1800. Humboldt gardera toute sa vie l'amertume de ne pas avoir fait la distinction entre les effets physiologiques et électriques, et de ne pas en avoir déduit les principes de la pile.

En 1796, la mort de sa mère le libère de ses dernières attaches familiales et des soucis d'argent grâce à cet héritage.

L'année suivante, en 1797, il démissionne des mines. Avec son ami von Buch, il va faire des observations scientifiques dans le Tyrol. C'est là qu'il mettra au point la méthode de relevés météorologiques qui sera utilisée dans le monde entier.

Une expédition en Égypte avec Lord Bristol, que Humboldt devait joindre, est annulée par l'invasion de Bonaparte.

Humboldt dit : Il n'y a qu'un avantage à retirer de la situation présente, c'est l'élimination du système féodal et de tous les privilèges de la noblesse [...][réf. souhaitée].

En 1798, Humboldt s'installe à Paris, qui est à cette époque la capitale intellectuelle de la planète. Il loge à l'Hôtel Boston, rue Jacob, près de Saint-Germain-des-Prés. Il étudie au Jardin des Plantes, à l'Observatoire de Paris, à l'Institut de France. Il fréquente Cuvier, les botanistes Jussieu, René Desfontaines, Lamarck, les chimistes Chaptal, Thénard, Fourcroy, Louis-Nicolas Vauquelin, les mathématiciens Delambre, Laplace, Lalande et Jean-Charles de Borda.

Expédition en Amérique

L'expédition américaine d'Alexander von Humboldt

L'amiral Louis Antoine de Bougainville, célèbre navigateur et explorateur, et héros de son enfance, lui propose de participer à une expédition en Amérique du Sud, au Mexique, en Californie, à travers le Pacifique, puis au pôle Sud. Bougainville sera remplacé par Baudin. Une guerre avec l'Autriche entraine le Directoire à annuler l'expédition.

Humboldt fait alors la connaissance d'Aimé Bonpland, chirurgien de marine et naturaliste amateur. Aimé Bonpland devait, comme Humboldt, participer à l'expédition de Baudin. Ils deviennent amis et décident de rejoindre l'expédition savante qui suit les troupes napoléoniennes en Égypte. Le bateau qu'ils devaient prendre ne parvient jamais à Marseille, où ils sont venus l'attendre. Ils décident alors d'aller à pied en Espagne pour prendre un bateau pour Smyrne. Pendant les six semaines de trajet, Humboldt fait de méticuleux relevés géographiques.

Humboldt est présenté au roi et à la reine d'Espagne. Il obtient des passeports avec le sceau royal qui garantit aux voyageurs l'assistance des autorités qu'ils rencontrent. Bonpland devient officiellement compagnon et secrétaire de Humboldt. Humboldt et Bonpland sont les premiers à effectuer une exploration scientifique digne de ce nom. L'ambition majeure de Humboldt pendant son voyage aux Amériques est de découvrir l'interaction des forces de la nature et les influences qu'exerce l'environnement géographique sur la vie végétale et animale.

Le 5 juin 1799, ils embarquent, à La Corogne, à bord de la corvette « Le Pizarro » à destination du Venezuela, et après une escale aux Canaries, ils arrivent le 16 juillet à Cumaná au Venezuela, à l'est de Caracas. Pendant la navigation, Humboldt fait des mesures astronomiques, météorologiques, de magnétisme, de température et de composition chimique de la mer.

En Amérique, il a un profond dégoût pour la façon dont se vendent et s'évaluent les esclaves, même si c'est dans les possessions espagnoles qu'ils sont le moins maltraités. Chateaubriand dira de lui dans son édition de 1827 de Voyages en Amérique : ”En Amérique, l'illustre Humboldt a tout peint et tout dit“.

Le haut Orénoque

Plan du Canal de Casiquaire dressé par Humboldt

Humboldt et Bonpland explorent la forêt tropicale pour tenter de confirmer la présence, considérée comme impossible, d'un canal naturel entre l'Orénoque et l'Amazone, le Canal de Casiquiare, et de localiser le lieu exact de la source de l'Orénoque. Ils récoltent de nombreux spécimens d'animaux et de plantes inconnus, et Humboldt relève méticuleusement la température du fleuve, du sol et de l'air, et la pression atmosphérique, l'inclinaison magnétique, la longitude et la latitude.

À Calabozo, dans Mars 1800, Humboldt fait capturer des anguilles électriques (Electrophorus electricus) pour poursuivre son étude sur l'électricité dans le monde animal.

À San Fernando, ils prennent des pirogues avec un pilote, et des indiens pour pagayer. Certains passages doivent se passer en faisant porter la pirogue à travers la forêt. Les piqûres de moustiques, dont toutes les espèces se relaient pour se nourrir tout au long de la journée, les font cruellement souffrir.

Le 31 Mai ils explorent les régions des tribus indigènes --des Maypures et des Aturès-- dont le dernier avait récemment disparu.

Humboldt et Bonpland dans la jungle amazonienne.

Ils quittent l'Orénoque aux eaux fangeuses pour l'Atabapo, un affluent aux eaux claires et limpides, puis passent par d'étroits canaux à travers la forêt. Ils font porter leur pirogue sur onze kilomètres jusqu'à un affluent de l'Amazone. Vingt-trois Indiens pendant trois jours sont nécessaires. Il leur a fallu trente-six jours tassés dans leur pirogue et assaillis par les parasites de tout type pour atteindre l'Amazone.

Humboldt décide de remonter un affluent de l'Amazone vers le canal de Casiquiare dont il relève rigoureusement la position. Humboldt et Bonpland ne sont pas les premiers Européens à emprunter cette voie, mais la rigueur de leurs relevés et des descriptions qu'ils font, fait qu'il n'y a plus de doutes à l'existence d'un passage navigable entre l'Amazone et l'Orénoque. Le parcours du Cassiquaire dure vingt jours, durant lesquels les insectes sont omniprésents.

De La Havane à Quito

Le 24 novembre 1800, Humboldt et Bonpland embarquent pour Cuba. Durant la première partie de cette expédition, qui a duré un an, ils ont récolté de nombreux animaux, et 20 000 spécimens botaniques. Le tiers de leur récolte est détruit par l'humidité et les insectes, mais le bilan reste néanmoins considérable. Ils envoient leurs collections morcelées pour être certains que quelques parties arriveront. Une série sera envoyée par le fond, une autre capturée par les Britanniques (puis restituée à Humboldt par un acquéreur, des années plus tard).

Le 6 janvier 1802, ils arrivent à Quito, où ils font la connaissance du jeune créole Carlos Montufar, qui les suivra au cours de nombreux périples à venir.

Les Andes

Humboldt apprend que Baudin a quitté la France et doit arriver à Lima, au Pérou. Pour éviter l'absence d'alizés, Humboldt et Bonpland décident de passer par voie de terre le long des Andes. Ils passent douze mois en altitude à travers les volcans. Ils ont les pieds en sang, mais refusent toujours de faire comme l'aristocratie locale : se laisser porter par des Indiens dans des chaises fixées sur leur dos.

Humboldt et Aimé Bonpland au pied du volcan Chimborazo, peinture de Friedrich Georg Weitsch (1810)

Humboldt s'assure une renommée mondiale en gravissant le Chimborazo, sommet considéré à l'époque comme le plus élevé du monde. Le Chimborazo est le sommet le plus éloigné du centre de la terre, même si son élévation au-dessus du niveau de la mer est sensiblement moins élevé que celui de l'Himalaya, par exemple. Cela tient à l'aplatissement de la Terre qui fait qu'elle n'est pas parfaitement sphérique et au fait que le Chimborazo est très près de l'équateur. L'ascension du Chimborazo débute le 23 juin 1802. Ils ne purent arriver au sommet, arrêtés qu'ils furent, à quelques centaines de mètres, à la fois par une profonde crevasse et par le manque d'oxygène. Ils s'élevèrent néanmoins à la plus haute altitude qu'on eût jamais atteinte alors : ils atteignent 5 878 m, le Chimborazo culminant à 6 310 m.

Humboldt effectue des observations dans le domaine de la sismologie et de la phytogéographie, il publiera une carte de végétation du volcan à son retour. Il déduit des alignements de volcans que les chaînes de montagnes se sont formées le long de failles géologiques. Ancien disciple des neptuniens, théorie qui dit que les roches se sont formées à partir de sédiments liquides, il change radicalement d'avis et se convertit au plutonisme.

Apprenant que Baudin ne fera pas escale à Lima, Humboldt, Bonpland et Montufar se dirigent vers le Pérou. Ils font un bref passage près des sources de l'Amazone puis rejoignent les Andes. L'expédition regagne Lima le 22 octobre 1802.

Humboldt prélève du guano pour en faire faire l'analyse en Europe. C'est lui qui fera connaître à l'Europe et l'Amérique du Nord ses propriétés fertilisantes.

Humboldt et ses compagnons quittent l'Amérique du Sud et passent l'année 1803 à parcourir le Mexique : le 23 mars, ils débarquent à Acapulco, après une traversée des plus tourmentées; en avril, ils sont à Mexico. Humboldt écrira son Essai politique sur le royaume de la Nouvelle Espagne, le premier essai de géographie régionale, dans lequel il ne fait qu'un récit sommaire de ses voyages.

Il embarque ensuite pour la Havane pour y récupérer ses collections déposées il y a plus de trois ans.

Passage aux États-Unis

Estimant de son devoir de saluer Thomas Jefferson, président des États-Unis, il prolonge son voyage et va vers Philadelphie, autrefois capitale du pays. Humboldt est accueilli par la Société américaine de philosophie, construite sur le modèle de la Royal Society de Londres et fondée par Benjamin Franklin. Humboldt passe la plus grande partie de son temps avec les membres de la Société. Bonpland et Montufar ne parlant pas anglais, leur rôle se limite de plus en plus à celui de figurants. Humboldt rencontre Jefferson avec lequel ils ne parlent que d'histoires naturelles, des coutumes différentes selon les pays, et du moyen d'élever le niveau de vie. Les deux hommes s'entendent si bien que Jefferson invite Humboldt à loger chez lui. Le deux hommes entretiendront une correspondance régulière jusqu'à la mort, en 1826, de Jefferson.

Bilan de l'expédition

L'expédition de Humboldt et Bonpland, d'une durée de cinq ans, a coûté à Humboldt le tiers de son capital. C'est l'une des plus remarquables expéditions scientifiques, avec une moisson de données d'une valeur scientifique encore plus importante que les spécimens qu'ils ont pu rapporter.

Retour en Europe

Paris

Autoportrait de Humboldt à Paris en 1814

Humboldt arrive au large de Bordeaux le 1er août 1804. Il s'installe à Paris entre 1804 et 1827. Il retrouve le monde scientifique de son temps. Il fait partie de la Société d'Arcueil formée autour du chimiste Berthollet où se rencontrent également François Arago, Jean-Baptiste Biot, Louis-Joseph Gay-Lussac avec lesquels Humboldt se lie d'amitié. Ils publient ensemble plusieurs articles scientifiques. Humboldt et Gay-Lussac mènent des expériences communes sur la composition de l'atmosphère, sur le magnétisme terrestre.

Humboldt offre son herbier au muséum d'histoire naturelle de Paris. La collection est acceptée par décret en 1805.

Il publie en français la relation de son voyage. Il fréquente les salons parisiens comme celui de Madame de Récamier. Il se lie d'amitié avec Chateaubriand. Il est reçu par Napoléon qui le soupçonne d'espionnage pour le compte de la Prusse.

Après avoir donné connaissance à l'Institut de France, Humboldt est reconnu par les plus grands scientifiques de son temps. Il est élu correspondant pour la section de physique générale de la 1re Classe de l'Institut national des sciences et des arts le 16 pluviôse an XII (6 février 1804), Associé étranger de l'Académie des sciences le 14 mai 1810.

Paris est la capitale de la science et, malgré la demande de son frère de rentrer en Prusse et les rentes qu'il pourrait y recevoir sans efforts, Humboldt décide d'y rester pour trier ses collections et préparer un ouvrage monumental à partir de son expérience.

Au cours d'une soirée chez Fanny de Trobriand, en 1804, Humboldt rencontre le révolutionnaire vénézuélien Simón Bolívar qui lui aurait exposé ses idées politiques.

Humboldt et Gay-Lussac

Avant de rencontrer Gay-Lussac chez Berthollet, en 1805, Humboldt avait appris que le jeune physicien avait battu son record d'altitude atteint sur le mont Chimborazo en mesurant l'atmosphère à bord de son ballon. En 1799, Gay-Lussac avait également rédigé un compte-rendu critique du rapport sur l'eudiométrie présenté par Humboldt à l'Institut national. Leur rencontre scelle néanmoins une amitié durable qui ne prit fin qu'avec leur vie et qui est à l'origine de plusieurs découvertes scientifiques.

En 1805, Humboldt et Gay-Lussac entreprennent un voyage scientifique en Italie pour étudier le magnétisme terrestre. Ils publieront à leur retour des Observations sur l'intensité et l'inclinaison des forces magnétiques (1808). Ils confirment ainsi la loi découverte par Humboldt en Amérique suivant laquelle l’intensité de la force magnétique est croissante en allant de l’équateur aux pôles et les inclinaisons diminuent avec la latitude de manière régulière.

Ils mènent également des expériences sur l'eau au moyen de l'eudiomètre et constatent la simplicité du volume des deux gaz combinés (2,00) alors que Fourcroy, Vauquelin et Seguin donnaient le nombre fractionnaire 2,05. En étendant cette propriété à tous les gaz, Gay-Lussac formule la Loi de Gay-Lussac qui est l'une des principales lois de la chimie moderne et lui vaut d'être élu à l'Académie des sciences en 1806.

Gay-Lussac et Humboldt se rendent également en Allemagne dans le cadre de leur voyage scientifique. Humboldt retrouve ainsi Berlin au mois d'octobre. Il est nommé Chambellan du roi. Il travaille avec une équipe à regrouper, ordonner et mettre au propre les données qu'il a recueillies. Il fait des mesures de magnétisme jour et nuit et remarque que l'aiguille varie selon l'heure.

En janvier 1808, Humboldt est envoyé par le roi de Prusse avec le prince Guillaume en ambassade à Paris pour faire diminuer le montant des indemnités de guerre. Il travaille à l'édition de son voyage qui ne sera achevée qu'en 1834. La collection comporte quatorze titres et trente volumes. En 1808, il publie Aspect de la nature, ouvrage de vulgarisation qui est son livre le plus populaire.

Humboldt reste à Paris et peut se consacrer à ses travaux. Depuis que la France a envahi la Prusse, Humboldt ne reçoit plus de revenus de ses domaines. Il vit à Paris dans une chambre meublée qu'il partage avec Gay-Lussac, rue de la vieille Estrapade, puis rue d'Enfer, près de l'Observatoire. Il ne dort jamais plus de trois à quatre heures par jour.

Depuis 1807, il est étroitement surveillé par la police française parce qu'il est allemand et que sa correspondance privée reflète les opinions politiques des salons parisiens. Il écrit de 1 000 à 2 000 lettres par an.

Humboldt et Arago

En 1809, il rencontre François Arago, de quinze ans son cadet, avec lequel il sympathisera et qui restera un proche jusqu'à la fin de sa vie. Ils font des expériences ensemble à l'Observatoire.

Actions diplomatiques

La chute de l'Empire en 1814 entraîne le départ de Bonpland qui retourne en Amérique. Humboldt persiste à rester en France ce qui irrite le prince Guillaume. Lors de l'occupation de Paris par les troupes prussiennes, il intervient pour protéger le Muséum national d'histoire naturelle ou éviter la destruction du Pont d'Iéna. Il refuse le poste d'ambassadeur de Prusse à Paris car il ne veut pas cautionner la politique réactionnaire qui gouverne l'Europe après la chute de Napoléon.

Il fonde avec d'autres savants la Société de géographie en 1821.

Berlin

Humboldt photographié en 1857

En 1826, Humboldt reçoit une lettre du roi de Prusse l'enjoignant de quitter Paris. Il ne peut désormais y passer que quatre mois de vacances par an. Humboldt exerce ses fonctions de chambellan à Berlin, où le pouvoir est très conservateur et répressif. Humboldt est beaucoup haï pour ses idées libérales et son attachement à la France.

En 1827, Humboldt obtient beaucoup de succès en donnant des cours à l'université, puis des conférences devant un public plus large. La communauté scientifique ne fait pas à Berlin, comme à Paris, des réunions savantes pour confronter les idées. Humboldt organise une réunion de l'Association Scientifique à Berlin, à laquelle participent six cents savants parmi les plus renommés. À partir des conférences mises en forme Humboldt commence de rédiger le Cosmos, essai d'une description physique du monde.

L'expédition en Sibérie

En 1827, le ministre des finances russe demande à Humboldt son avis sur l'émission de pièces frappées en platine. Le cours du platine étant instable, Humboldt émet un avis défavorable et suggère d'aller étudier les mines de l'Oural. En mars 1829, Humboldt se rend en Russie aux frais de l'empereur, avec Gustave Rose, professeur de chimie et de minéralogie, C. G. Ehrenberg, zoologiste, et un domestique. En Russie, il est accueilli comme une importante personnalité officielle. Il partage ses repas avec la famille du tsar. Au départ de Moscou, l'expédition s'est agrandie de responsables de l'industrie minière, et de bureaucrates des autorités locales.

Humboldt passe un mois à étudier les mines de l'Oural. Grâce à la présence de filons de platine et de sables aurifères, il prédit la présence de diamants dans l'Oural. Humboldt et Rose scrutent au microscope chaque gisement d'or qu'ils rencontrent. C'est le comte Polier, propriétaire de tels gisements, et à qui Humboldt a fait part de sa théorie, qui trouvera le premier diamant de l'Oural.

L'expédition traverse la Sibérie jusqu'à l'Altaï. Comme à son habitude, Humboldt fait des mesures barométriques. Humboldt et ses compagnons reviennent après six mois d'expédition, et après avoir parcouru près de dix-neuf mille kilomètres. Humboldt y a étudié et simulé la mise en place d'un réseau de stations magnétiques et météorologiques, faisant des observations régulières et fonctionnant avec des appareils identiques. Il laisse le soin à Rose et Ehrenberg de publier les résultats de l'expédition. Ce n'est qu'en 1843 que paraîtra son Asie Centrale en trois volumes.

Dernières années

Humboldt continue de séjourner régulièrement à Paris. Le roi de Prusse lui demande de renforcer les liens entre la Prusse et la France. Humboldt reste deux ans à Paris en 1842-1843 et plus d'un an en 1844 et 1847. Il envoie de nombreux rapports sur la Monarchie de Juillet.

En 1845, il devient pour un an le président de la Société de géographie, dont il reste membre jusqu'à sa mort.

En 1852, Humboldt reçoit la médaille Copley de la Royal Society de Londres. À l'accession de Frédéric-Guillaume IV au trône de Prusse, Humboldt utilise sa fonction de chambellan et conseiller privé du roi pour l'émancipation des juifs et l'abolition du servage en Prusse. Le roi l'utilise comme encyclopédie ambulante. La popularité de Humboldt reste grande malgré les inimitiés qu'il se fait parmi les milieux réactionnaires proches du roi. En 1857, la folie qui atteint le roi permet à Humboldt d'avoir plus de temps pour ses travaux.

Humboldt meurt de mort naturelle le 6 mai 1859 et bénéficie de funérailles nationales.

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