North American XB-70 Valkyrie | ||
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Rôle | Bombardier supersonique | |
Équipage | ||
2 (1 pilote et 1 copilote) | ||
Motorisation | ||
Moteur | 6 turboréacteurs General Electric YJ93-GE-3 de 133 kN chacun | |
Dimensions | ||
Envergure | 32 m | |
Longueur | 56,6 m | |
Hauteur | 9,4 m | |
Surface alaire | 585 m² | |
Masses | ||
À vide | 93 000 kg | |
Avec armement | 242 500 kg | |
Maximale | 250 000 kg | |
Performances | ||
Vitesse maximale | 3 275 km/h 3,08 Mach |
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Plafond | 23 600 m | |
Distance franchissable | 7 900 km | |
Armement | ||
Interne | 14 bombes nucléaires ou thermonucléaires | |
Avionique |
Le XB-70 Valkyrie a été un prototype d'avion bombardier supersonique Américain de la fin des années 1950. Il a été conçu par la firme North American, seuls deux exemplaires ont été construits, dont un qui a été détruit lors d'un accident.
Dans le contexte de la guerre froide du début des années 1950, les doctrines d'armement étaient fondées sur l'emploi de bombardiers stratégiques à long rayon d'action, capable d'apposer une frappe nucléaire sur le sol ennemi par un vol sans escale depuis le territoire des États-Unis. Le premier appareil qualifié pour cette tâche fut le Boeing B-52 Stratofortress, qui effectua son premier vol en 1952. Néanmoins, les rapides progrès effectués par les chasseurs et les missiles sol-air soviétiques rendirent caduque cette stratégie tactique : trop lent et ne volant pas assez haut, le B-52 était devenu une proie facile.
Une nouvelle stratégie fut alors élaborée : aller et retour à haute altitude et basse vitesse (pour économiser le carburant) et pénétration du territoire hostile à Mach 2 (pour éviter une interception). Cette vision stratégique donna tout d'abord naissance au B-58 Hustler qui, bien qu'innovant et performant, ne répondait pas aux exigences formulées par le Strategic Air Command (SAC) : il était notamment trop faible en terme de rayon d'action, trop coûteux à maintenir, pas assez fiable et finalement trop petit pour disposer d'une capacité de frappe suffisante.
Un nouveau cahier des charges fut donc publié par le SAC en mars 1953 décrivant un bombardier stratégique à long rayon d'action, et doté des meilleures performances possibles en terme de plafond et de rayon d'action.
La plupart des constructeurs proposèrent un projet mais l'écart entre les performances demandées et la technologie du moment les conduisirent à imaginer des solutions trop innovantes pour envisager une mise en œuvre à court terme (composites bombardier + chasseur "parasite", moteurs nucléaires, drones, etc.)
Cette période d'incertitude prit fin le 18 septembre 1957, lorsque l'US Air Force formula son cahier des charges définitif. Il spécifiait dorénavant une vitesse de croisière de Mach 3, un plafond opérationnel de 22 860 mètres et une autonomie minimale de 9 650 km. Entretemps, la technologie avait évolué, notamment au niveau des turboréacteurs, et le marché s'était clarifié : seuls Boeing et North American demeuraient en lice.
Le 23 décembre, North American fut déclaré vainqueur. l'US Air Force espérait disposer de 30 appareils opérationnels à la fin de l'année 1965. La complexité du projet amena North American à sélectionner de nombreux sous-traitants, parmi lesquels :
De fait, le XB-70 (dénomination officielle depuis le 6 février 1958) comportait plusieurs innovations technologiques importantes :
Le bombardier était équipé de capsules de survie éjectables, ce qui permettait aux pilotes et à leurs copilotes de s'éjecter à grande vitesse.
Le premier exemplaire du XB-70 est sorti des ateliers la 11 mai 1964 à Palmdale. Il était capable de voler à Mach 2,3, vitesse suffisante pour que la chaleur provoquée par le frottement de l'air soit la source de problèmes techniques: sa peinture de revêtement s'écaillait, et des fuites de carburant apparaissaient à cause de la déformation des réservoirs. Il décolla le 21 septembre 1967, piloté par le colonel Joe Cotton.
La deuxième version fut équipée d'un radar monté dans le radôme avant, ainsi que d'éléments d'avionique en plus. Comme la première version, l'avant de l'avion, devant le cockpit, était peint en noir, de sorte que les rayons du soleil soient absorbés par la couleur, plutôt que d'éblouir le pilote et le copilote lors des vols à haute altitude. Cette technique est aussi utilisée dans les sports, comme le football américain.
Le 8 juin 1966, le deuxième prototype quitta Edwards AFB pour effectuer des mesures de bangs supersoniques. En outre, cet essai permettait à General Electric, fabricant les réacteurs du XB-70, de réaliser des photos publicitaires de l'avion avec un F-4B Phantom II, un F-104N Starfighter, un F-5A Freedom Fighter et un T-38 Talon, tous propulsés avec des moteurs de General Electric. Mais le F-104, pris dans les remous d'air provoqués par le XB-70, le percuta, détruisant l'empennage vertical droit. Après encore une minute de vol, le bombardier devint incontrôlable, puis s'écrasa. Le pilote du XB-70 s'éjecta à temps mais son copilote ne parvint pas à s'éjecter et périt, de même que le pilote du F-104, Joseph Albert Walker.
La perte d'un des prototypes fut l'arrêt de mort du programme. Ce vol ayant été un vol publicitaire, de nombreux journalistes ont été témoins de l'accident de cet engin extrêmement couteux. De plus, l'avion était presque obsolète dès son premier vol : la capacité de l'armée Russe de détruire en vol des avions ennemis à l'aide de missiles sol-air (cause de la destruction du U-2 de Gary Powers en 1960) a provoqué un nouveau changement d'orientation de stratégie, favorisant la recherche d'avions furtifs plutôt que rapides, ainsi que le développement de missiles balistiques inter-continentaux.
Le premier protoype est exposé à l'US Air Force Museum.
Le programme du XB-70, malgré l'échec, influença fortement l'Union Soviétique, qui décida de concevoir un chasseur capable de venir à bout de bombardiers trisoniques comme le Valkyrie: celui-ci fut le MIG-25 " Foxbat ", qui reste l'avion le plus rapide en service.