Claude Allègre, né le 31 mars 1937 à Paris, est un géochimiste et un homme politique français.
Il est le fils d'une institutrice et d'un agrégé de physique-chimie[1]. Claude Allègre est un camarade d’adolescence de Lionel Jospin, aux côtés de qui il résidait à la cité universitaire Jean Zay d’Antony. Il est resté son ami fidèle, et un soutien politique. Il est titulaire d'un doctorat en sciences physiques.
Universitaire brillant, il est un des premiers géochimistes à travailler sur les échantillons de roche lunaire. Ses recherches portent sur l'origine du système solaire et sur le développement et la dynamique des grandes unités du globe terrestre. En 1986, il obtient le prix Crafoord aux côtés de l'américain Gerald Joseph Wasserburg pour ses travaux en géologie.
C'est en 1968 que l’équipe de géochimie de Claude Allègre, installée depuis un an dans les locaux d’une usine de Saint-Maur est rattachée à l'Institut de physique du globe de Paris (IPGP) sur le nouveau Campus de Jussieu. En 1976, c'est en tant que directeur de l'IPGP, que lors du réveil du volcan La Soufrière en Guadeloupe, il est amené à préconiser l'évacuation d'urgence de la population par crainte d'une éruption avec nuées ardentes, s'opposant au volcanologue Haroun Tazieff qui diagnostique une simple éruption phréatique, ce qui s'avèrera exact.
En 1992, il succède à Maurice Allègre à la présidence du Bureau de recherches géologiques et minières. Chroniqueur au magazine Le Point, il dénonce violemment le 19 octobre 1996 la décision de désamiantage de l'université de Jussieu et qualifie l’affaire de " phénomène de psychose collective ". En 2004, dans son livre Quand on sait tout, on ne prévoit rien, il soutient encore que les coûts relatifs au désamiantage de certains bâtiments du campus de Jussieu n'étaient pas justifiés, arguant que les risques réellement encourus étaient " pour ainsi dire " nuls.
Animateur du " groupe des experts " du PS, il tisse des liens avec la classe dirigeante dont il défend systématiquement les intérêts au nom du " réalisme de gouvernement ".
Conseiller spécial de Lionel Jospin au ministère de l’Éducation, de 1988 à 1992, il est souvent qualifié, en raison de son influence, de " ministre officieux " de l'enseignement supérieur et de la recherche. Il est notamment l'initiateur du plan " Université 2000 ". Il fait partie des conseillers de Lionel Jospin refusant le renvoi des jeunes filles musulmanes " voilées " des écoles publiques et par là même il s'opposa au projet de loi sur le port du voile islamique en France dans les établissements scolaires.
Claude Allègre est ministre de l'Education nationale, de la Recherche et de la Technologie de 1997 à 2000, dans le gouvernement Jospin. À peine nommé ministre, il prononce à la télévision la phrase " il faut dégraisser le mammouth "[2]. Restée célèbre, elle est généralement considérée comme le point de départ du conflit qui l'oppose par la suite aux syndicats enseignants (notamment le SNES), et à l'ensemble du corps enseignant. Il parle aussi en termes peu amènes de l'absentéisme des enseignants, citant des taux très controversés[3].
Il est l'auteur de la loi Allègre de 1999 sur l'innovation et la recherche qui permet, en particulier, aux universitaires et aux chercheurs de créer une entreprise de type start-up et déposer des brevets.
Pendant son ministère, il contribue à mettre en place le système de diplômes européen LMD. Sur le plan pédagogique, le ministère Allègre cherche à contrecarrer la prééminence supposée des mathématiques dans l'enseignement. Le ministre lui-même prononce plusieurs jugements négatifs à l'égard de cette discipline, ainsi " les mathématiques sont en train de se dévaluer, de façon quasi inéluctable. Désormais, il y a des machines pour faire les calculs. Idem pour les constructions de courbes.. "[4]. Cette déclaration attirera une lettre de protestation signée de quatre-vingts académiciens environ[5][6].
Claude Allègre se retrouve isolé avec Pierre-Gilles de Gennes, en opposition à la majorité des physiciens français, lorsque, ministre de la recherche, il renonce à mettre en oeuvre en France un projet de synchrotron de nouvelle génération. Il préfère une participation au synchrotron anglais Diamond, ce qui est moins coûteux mais qui valorise moins le savoir-faire français en matière de synchrotron[7]. Roger-Gérard Schwartzenberg, son successeur au ministère de la recherche, reviendra sur ce choix et permettra la construction du synchrotron Soleil.
Claude Allègre est remplacé par Jack Lang au ministère de l'éducation, à la suite de grandes manifestations en mars 2000.
Au sein du PS, après le retrait de Lionel Jospin, en 2002, il milite pour le retour de ce dernier à des responsabilités nationales. Au printemps 2006, il espère voir Jospin se porter candidat et tente de s'opposer à la montée en puissance de Ségolène Royal pour la candidature aux élections présidentielles. Au cours d'une émission à France-Inter, il lui fait le reproche d'être une politicienne professionnelle. Le 28 septembre, il déclare sur France-Info "Je ne pense pas qu'elle soit capable ni de gagner, ni d'être président de la République". C'est Dominique Strauss-Kahn qu'il soutient pour les primaires socialistes de novembre 2006. À la suite de l'échec de ce dernier durant les primaires du PS, il décide de soutenir Jean-Pierre Chevènement, qu'il préfère de loin à Ségolène Royal. Chevènement finit par se désister en faveur de cette dernière.
Le 13 mars 2007 sur RTL, il déclare : "Non, je ne voterai pas Ségolène Royal. Mes convictions personnelles de scientifique sont plus fortes que toute autre considération. Mon désaccord principal est théorique. Le développement de la France doit être basé sur le nucléaire qui est la meilleure source d'énergie propre - elle, elle parle de le diminuer -, sur les OGM, seule manière de maintenir l'agriculture française - elle, elle est opposée aux OGM, les cellules souches, bref, le progrès. Et je pense que le socialisme c'est ça, c'est d'être avec le progrès. Or, à mon grand désespoir, je me retrouve (avec) un programme qui est l'inverse de ça. Donc, je ne peux pas le soutenir. Ça n'a rien à avoir avec des questions de personne."
Claude Allègre a précisé ne pas s'être entretenu avec la candidate socialiste à l'Elysée depuis "quatre ans, cinq ans".
"Je n'ai pas été très content de son passage à mes côtés que j'avais réclamé", a-t-il déclaré.
Ségolène Royal a été ministre déléguée à l'Enseignement scolaire quand Claude Allègre était ministre de l'Education.
En 2006, Claude Allègre publie une chronique hebdomadaire dans le magazine L'Express. Les 21 septembre 2006[8] et 5 octobre 2006 [9], il crée une polémique dans ses chroniques de L'Express : il affirme douter de l'influence humaine sur le climat, et prétend que le réchauffement global n'est pas le phénomène essentiel. Selon ses dires, les changements en cours relèvent plus d'une grande variabilité des phénomènes que d'un réchauffement global. Il critique l'augmentation du budget consacré à la climatologie tout en demandant plus d'études pour établir la cause des dérèglements climatiques et leurs effets. Ces affirmations provoquent des réactions indignées des Verts et de nombreux scientifiques climatologues[10]. Dans une séance à l'Académie des Sciences où Claude Allègre avait choisi de ne pas aller, l'ensemble des arguments avancés par les amis du géochimiste, ses collègues académiciens Jean-Louis Le Mouël et Vincent Courtillot, ont été analysés en détail et réfutés par les climatologues Hervé le Treut, de l'Académie des sciences et Edouard Bard, Professeur au Collège de France [11][12]. (Voir l'argumentation sur le réchauffement climatique).
Précédé par | Claude Allègre | Suivi par |
François Bayrou | Ministre français de l'Éducation nationale 1997-2000 |
Jack Lang |
Il collabore également depuis 2002 à l'élaboration de scénarios pour la télévision :