Un carrefour à feux est une intersection dont le trafic est réglé par des feux de signalisation lumineux pilotés par un contrôleur. Le réglage des cycles de feux doit permettre d'assurer la sécurité des automobilistes et des piétons tout en permettant un débit maximal.
Un certain nombre de notions permettent de décrire et d'organiser les carrefours à feu :
En France Le fonctionnement d'un carrefour à feux doit respecter la réglementation décrite dans l'instruction interministérielle sur la signalisation routière (lien). Le maître mot dans le fonctionnement d'un carrefour à feux est sécurité. Ce critère essentiel se traduit notamment par des temps de feu minimum, en particulier pour permettre aux piétons de traverser sans encombre. Des minima et des maxima sont ainsi définis. Si les minima sont toujours respectés, on observe sur le terrain que les maxima sont parfois transgressés. Pour les usagers, le code de la route est le suivant :
En particulier si un véhicule tourne à gauche, il croisera le chemin des véhicules venant d'en face, qui auront le feu vert en même temps. De plus les piétons et les véhicules d'urgence sont légalement prioritaires.
Les règles classiques de priorités sont appliquées. (Panneaux, priorité à droite).
Le fonctionnement du carrefour doit être le plus compréhensible possible, et donc le plus simple afin que les usagers ne se trompent pas dans l'utilisation du carrefour. Le fonctionnement de tout carrefour à feux implique également un minimum incompressible de temps perdu. Ainsi, le rouge de dégagement qui conserve une période tampon entre deux phases, à la fois pour permettre au carrefour de se vider mais aussi pour conserver des marges de sécurité, ou encore le temps de redémarrage des véhicules au vert font couramment perdre 4 à 8 secondes par cycle. Il est donc impératif de conserver un nombre de phases le plus réduit possible pour limiter les pertes de temps.
Le respect des feux est directement lié à leur légitimité apparente. Si un feu est ou semble inutile ou que son fonctionnement est trop contraignant, les infractions augmenteront, grévant la sécurité et l'efficacité du carrefour. Implanter un carrefour à feux est donc un exercice délicat qui impose une efficacité optimale.
Si la voiture particulière est prédominante, il n'en demeure pas moins que les bus et les deux roues circulent également sur la voirie. Le cycle de feu doit donc leur être adapté, tout particulièrement quand une infrastructure spécifique leur est dédiée (comme par exemple les couloirs de bus ou les pistes cyclables).
Le problème est particulièrement sensible dans le cas d'une phase escamotable déclenchée par une boucle d'induction magnétique noyée dans la chaussée, si celle-ci n'est pas suffisamment sensible le feu risque de ne pas se déclencher à l'arrivée d'un véhicule hors norme.
La sécurité des piétons est particulièrement importante parce qu'ils sont très difficiles à canaliser. Il faut donc veiller à leur offrir des possibilités de traverser qui ne rallongent néanmoins pas leur trajet ni leur temps de traversée.
Un carrefour à feux ralentit nécessairement le trafic mais, dans la mesure où le plan de feu est souvent préprogrammé, une erreur provoquerait plus qu'un ralentissement, un blocage du carrefour. Il ne s'agit donc pas uniquement ne pas trop ralentir le flux des véhicules mais aussi de s'assurer qu'il demeure possible.
Le trafic routier n'est pas homogène, il connaît des variations régulières (les heures de pointes, les retours de week-end) mais aussi des variations aléatoires (un événement sportif, une déviation). Plusieurs méthodes permettent d'adapter le plan de feux à la réalité de la circulation.
Un certain nombre de plans de feux différents ont été pré-calculés en fonction des différentes configuration de trafic possibles. Cette solution est généralement utilisée pour les variations régulières. Une programmation les déclenche à heure fixe ce qui impose que la variation régulière soit effectivement prévisible et qu'elle dure également au minimum 15 minutes.
Ce deuxième type de solution employé pour les variations aléatoires s'appuie sur des technologies nettement plus sophistiquées. Les moyens les plus courants sont les boucles à induction noyées dans la chaussée ou des radars qui permettent d'estimer la longueur de la file de véhicules, les boutons-poussoirs pour permettre aux piétons d'obtenir le feu rouge, les émetteurs à bord de véhicules à privilégier (comme les bus). Il existe également des détecteurs de vitesse qui déclenchent le rouge quand ils repèrent des véhicules en excès de vitesse. Cette solution est couramment mise en œuvre en Espagne et au Portugal. L'INRETS développe actuellement un système d'analyse d'image vidéo afin de prendre également la mesure des files d'attente aux feux.
Il s'agit de l'une des applications de la micro-régulation qui consiste à supprimer une phase du cycle de feux, privilégiant ainsi un mouvement pour lequel il n'y a pas de véhicule en attente. L'escamotage est en général utilisé dans les cycles de feux comprenant plus de deux phases.
On peut également choisir entre deux phases conditionnelles en fonction de la file d'attente correspondant à chacune de ces phases afin d'optimiser le débit du carrefour.
La fiabilité des équipements de détection est fondamentale puisqu'un véhicule non détecté risque de ne pas bénéficier de la phase lui correspondant. Les deux roues et les poids lourds sont souvent difficilement détectés par les boucles à induction.
Ce système vise à adapter le temps de vert au trafic. Des capteurs mesurent la densité de la circulation, en calculant notamment l'intervalle entre les véhicules. Le vert est prolongé, dans une certaine limite, tant que l'axe est emprunté par une certaine densité de circulation. Lorsqu'il y a un " trou " dans le flux, le feu passe au rouge, ralentissant un nombre limité de véhicules.
Ce système permet par exemple une régulation efficace aux heures de pointe en favorisant le débit sur un axe principal particulièrement chargé, tout en améliorant la crédibilité du carrefour aux heures creuses pour les usagers de l'axe antagoniste.
Aux heures de pointe, les mouvements délicats comme les tourne-à-gauche peuvent bloquer le carrefour. En effet si la quantité de véhicules admis dans le carrefour excède sa capacité à évacuer les véhicules, c'est tout le trafic du carrefour, mouvements directs compris, qui risque d'être bloqué.
Un système antiblocage s'appuie sur des capteurs lui révélant la présence d'un blocage pour modifier le cycle de feu et retenir en amont les véhicules excédentaires plutôt que de les laisser bloquer la portion difficile de la voirie.
Mises en place pour les bus notamment, on distingue trois types d'adaptations :
Pour répondre à toutes ces contraintes, de nombreux carrefours à feux sont remplacés par des rond-points, lorsque la place le permet.
En 2005, la société Lacroix-signalisation située en Loire-Atlantique a conçu le principe du " feu vert récompense ". Treize villes ont été équipées (2006) de ce système de feu qui couplé à un radar permet de faire passer le feu au vert en fonction de la conduite de l'automobiliste : celui qui ralentit normalement pour s'arrêter déclenche le passage au vert alors qu'un comportement autre le laisse finir son cycle. Ce type de régulation n'est valable que pour certains carrefours de faible trafic mais où une régulation est nécessaire ; essentiellement certains feux des grands axes de certaines petites villes ou petits bourgs faisant partie d'une agglomération (centres petits mais populations importantes)[1].
En France, le nombre des franchissements de feux tricolores au rouge fixe augmente de 1% tous les ans depuis 1996, atteignant 236 000 infractions en 2005[2].
En octobre 2005, aux États généraux de la sécurité routière, le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy s'est déclaré favorable à une " extension du contrôle automatisé aux feux tricolores installés dans les carrefours les plus dangereux ". C'est ainsi que dans certains carrefours, situés dans cinq villes françaises (Le Vésinet, Toulouse, Metz, Paris, et Nancy), les feux sont désormais surmontés à titre expérimental de caméras détectant automatiquement les franchissements de feux rouges, et envoyant l'amende au propriétaire du véhicule incriminé.