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La sociologie des sciences vise à comprendre les logiques d'ordre sociologique à l'oeuvre dans la production des connaissances scientifiques. Elle porte ainsi une attention particulière aux institutions scientifiques, au travail concret des chercheurs, à la structuration des communautés scientifiques, aux normes et règles guidant l'activité scientifique, etc.
Il est important de noter que la sociologie des sciences n'est pas l'étude des relations entre science et société, quand bien même ces relations peuvent être un objet d'étude des sociologues des sciences.
Le père de la sociologie des sciences est Robert K. Merton qui, le premier, considère la science comme une " structure sociale normée ". Dans un article de 1942 devenu un classique de la sociologie des sciences (“The Normative Structure of Science”, republié en 1973), Merton identifie un ensemble de normes qui ensemble constituent ce qu'il appelle l'Ethos de la science et sont censées guider les pratiques des individus et assurer à la communauté son autonomie :
Cet ensemble de normes n'est pas livré par Merton sur la base de ses intuitions des réalités du monde scientifique. C'est le résultat de l'examen, d'un point de vue sociologique, de la révolution scientifique et technique que connut l'Angleterre à la fin du XVIIe siècle. Il montre en particulier que certaines valeurs véhiculées par le puritanisme pourraient avoir contribué à l'accélération du développement de la science dans ce pays.
Ces quatre normes, qui sont intériorisées par les scientifiques pendant leur apprentissage et entretenues par leur insertion institutionnelle dans le système, font de la science un système social distinct et relativement autonome, qu'elles stabilisent et régulent en la protègeant d'abus internes et en lui permettant de résister aux influences et intrusions des acteurs politiques et économiques. Elles rendent possible l'exercice d'une libre rationalité.
C’est dans une société démocratique que ces normes ont le plus de chance d’être respectées, favorisant le développement de la science. La sociologie mertonienne des sciences domine les années 1950 et 1960. Elle refuse de s’intéresser au contenu de la science qu’elle considère comme étant du ressort de l’épistémologie.
A partir des années 1970, le renouvellement de la sociologie des sciences passe par la critique de la sociologie " institutionnelle " qui refuse de considérer les contenus scientifiques en se fondant sur une philosophie positiviste des sciences. Il s’agit d’ouvrir la " boîte noire " de la science.
Le courant SSK (Sociology of Scientific Knowledge) rassemble deux équipes de sociologues qui, partant de l’hypothèse commune que les contenus scientifiques sont entièrement déterminés par la société et la culture, mènent des programmes d’étude assez proches. Ces deux programmes relativistes sont :
Les critiques des programmes relativistes dénoncent le parti pris réductionniste du principe de symétrie qui consiste à exclure les facteurs naturels dans le succès ou l’échec d’une théorie scientifique. S’ils reconnaissent qu’il existe une certaine flexibilité interprétative des données d’une expérience, les interprétations possibles restent limitées et ne peuvent être manipulées au gré des intérêts de tel ou tel chercheur.
En France, la sociologie des sciences n'ignore pas ce cadre posé dans la tradition anglo-saxonne. Elle se développe cependant à partir de préoccupations moins dogmatiquement énoncées en privilégiant l'analyse de questions concrètes : l'émergence de la psychologie comme un moyen de comprendre la folie, via le passage par l'idée de maladie mentale (Michel Foucault, Histoire de la Folie à l'âge classique), la construction d'une pratique médicale nouvelle dans l'hôpital au XIXe siècle (Michel Foucault, Naissance de la clinique), la pratique d'inscription dans l'écriture des données construites dans un laboratoire (Bruno Latour, La vie de laboratoire).
La réflexion sociologique sur les sciences et les techniques s'efforce de refuser les représentations idéologiques que donnent les chercheurs scientifiques de leur propre activité, elle soumet l'activité des chercheurs et des laboratoires aux mêmes questions et aux mêmes étonnements qu'elle utilise pour comprendre les bandes de jeunes citadins, des sociétés très différentes comme celles qui subsistent (difficilement) en Amazonie ou bien les professionnels de la musique.