L'atome d'hydrogène est l'atome le plus simple qui existe : il n'est composé que d'un proton et d'un électron. C'est le premier élément de la classification périodique.
Comprendre la théorie quantique de cet atome fut très important car il est le modèle sous-jacent de la théorie des atomes à N électrons; cela a aussi permis de valider successivement les théories de la physique quantique au fur et à mesure des progrès accomplis : d'abord l'ancienne théorie des quanta (cf. atome de Bohr), puis la mécanique quantique non relativiste (de Schrodinger), la mécanique quantique relativiste de Dirac, et enfin la théorie quantique des champs.
L'article ici présente les résultats de la théorie de Schrodinger : on considère donc acquis les résultats établis dans l'article atome de Bohr.
La théorie montre que, aux niveaux d'énergie En, sont associées 2n² orbitales. Ces orbitales sont décrites d'abord en détail pour la couche K (n=1, niveau dit fondamental); puis pour les couches L, M, voir orbitale de l'atome d'hydrogène
L'étude du spectre de l'atome d'hydrogène avait déjà été effectuée de façon empirique par Balmer (1825-1898) au 19ème siècle.La mise en évidence de régularités dans le spectre - inexplicable par la théorie classique - fut longtemps une énigme.
On savait qu'il existait, en spectroscopie, deux "sortes" d'hélium, mais l'énigme restait entière, et ne relevait pas du tout de l'astuce de l' hydrogène de Pickering ( cf atome de Bohr).
Erwin Schrodinger publia une équation en janvier 1926 :
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L'observable position est réduite ici à la distance au noyau. Et l'observable impulsion est , d'après l'explication magistrale (postérieure) de Dirac.Et on rappelle que d'après Born, Ψ(r,t) est l'amplitude de probabilité de présence de l'électron (1927)[cela lui donnera le prix Nobel en 1954].
Cette théorie avait pour fondement la notion mathématique des opérateurs linéaires dits observables (ie opérateur hermitien, complet) dans un espace vectoriel abstrait, muni de la structure d'espace de Hilbert;
de ce fait la théorie fut autrefois appelée : mécanique des matrices, inventée dès 1925 par Heisenberg et utilisée brillamment par Pauli pour trouver le spectre de l'hydrogène, dès 1925. Mais cette théorie de Pauli était trop en avance sur son temps.
_Complètement acquise au XXIème siècle, via l'invariant de Runge Lenz quantique, la théorie de Pauli est ENFIN en pleine lumière, après plus de quatre-vingt ans! C'est dire que le progrès de l'interdisciplinarité (ici théorie mathématique de l'intégrabilité et symétrie en chimie) est lent.
Ainsi, Schrodinger pût donc déduire en 1926 le spectre de l'hydrogène à partir des valeurs propres de l'opérateur linéaire , appelé Hamiltonien :
mais il obtînt bien plus :
Ceci dit, résoudre l'équation précédente est un effort mathématique très difficile pour tout physicien non rompu à la pratique des équations aux dérivées partielles. Mais plus encore, la disparition de la notion de trajectoire et le concept d'électronde remplaçant celui d'un électron fut TRÈS difficile à admettre (cf mécanique quantique).C'est CELA qui explique la "réticence" d'Einstein. Et c'est une heureuse chance que l'équation pour l'atome d'hydrogène fût intégrable !
En fait dans le cas de l'atome d'hydrogène, on peut trouver la solution de l'état fondamental (c'est-à-dire de plus basse énergie) rigoureusement, en s'aidant uniquement du principe d'incertitude d'Heisenberg. C'est une façon très élégante de procéder, sans beaucoup de mathématiques.
En effet, très vite, (en 1929), Werner Heisenberg fait comprendre un des points clefs de la mécanique quantique : Les grandeurs physiques ne sont plus des fonctions de l'espace de la position et de la vitesse (appelé en mécanique classique hamiltonienne, l' espace des phases) : cet espace n'est pas pertinent en mécanique quantique. Les grandeurs physiques doivent être remplacées par des opérateur linéaires observables sur un espace vectoriel (de Hilbert) et les valeurs propres, réelles, de ces matrices seront les valeurs expérimentalement mesurées . Comme l'opérateur position et l'opérateur impulsion ne commutent pas, il en résulte le théorème d'inégalité de Heisenberg) :
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Alors, dans le cas d'égalité stricte - on dit que l'inégalité a été saturée à sa limite - la saturation des inégalités d'Heisenberg donne un moyen rigoureux de calculer la fonction d'onde,Ψ1s(x,y,z), de l'état fondamental de l'atome d'hydrogène.
Ce problème de valeur propre et de vecteur propre est donc résolu, dans l'article Saturation des inégalités d'Heisenberg, pour la plus basse énergie (cf. atome de Bohr) ; et cela donne:
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N' étant la constante, réelle, dite de normalisation de la probabilité.
On va se contenter ici de vérifier que ceci est vrai en insérant directement cette solution dans l'équation de Schrodinger.
Premièrement, dans cette équation, la variable temps se sépare immédiatement :
dans ce cas dit stationnaire, cela amène à trouver les valeurs propres de l'opérateur linéaire H dans l'espace L2 des fonctions des trois variables ƒ(x, y, z) à valeur complexe, de carré sommable :
Or, dans ce cas, cette fonction uniquement de r a pour Laplacien, la valeur usuelle .
De plus, on se sert évidemment des unités atomiques, qui a été introduit à cet usage. Cela revient à faire dans les calculs ; Landau (p142) appelle ce système système d'unités coulombiennes :
donc il s'agit de vérifier si :
qui est vrai.
0n en déduit aussitôt la probabilité dp de trouver l'électron à une distance du noyau comprise entre r et r+dr : elle est donnée par dp = P(r)·dr :
Sur le graphique de la densité de probabilité, la distance au noyau est donnée en multiple du premier rayon de Bohr, on voit immédiatement que la probabilité est maximale au premier rayon de Bohr :
- Le graphique va bientôt être réctifié. - (en particulier, il faut enlever ce malencontreux 4 qui perturbe la lecture, merci d'avance). (il est mieux représenté dans atome)
Cette solution s'appelle en chimie l'orbitale 1s.
On pourra vérifier le théorème du viriel :
et le théorème d'Ehrenfest :
La moyenne de r n'est pas a, mais (3/2)·a ; [de manière générale, l'inverse de la moyenne n'est pas la moyenne de l'inverse ].
Et la moyenne de r² vaut : 3a², donc la variance de r vaut (3-9/4)·a² = 0,75·a² ; soit un écart-type = 0,866·a², ce qui est très grand.
L'électronde est dite délocalisée dans un espace, qui malgré tout reste de volume fini, au sens physique : au bout de 3a, la probabilité de détecter l'électronde est très faible (on parle d'orbitale sphérique), typiquement en chimie quantique, on convient formellement de tracer la méridienne de la surface qui englobe en gros 98 % de chance d'y trouver l'électron :
L'opérateur impulsion a évidemment une moyenne nulle (symétrie sphérique), mais l'opérateur P² vaut 2m·Ec, dont la valeur moyenne est par le théorème du viriel
Donc la variance de P vaut =1 \cdot {me^2 \over \hbar}" >.
On retrouve bien (heureusement!) ce dont on était parti dans l'article Saturation des inégalités d'Heisenberg.
Mais on peut aller un peu plus loin [ ne jamais perdre de vue que l'espace des impulsions joue un rôle égal à celui des positions, bien qu'il soit moins étudié en chimie] :
Remarque : représentation dite des impulsions
Remarque : Kleinert, élève de Feynman, a réussi à donner l'interprétation du "cheminement" dans le cas de l'atome d'hydrogène, mais cela reste une prouesse. En ce sens , pour les chimistes, le seul vrai progrès notable depuis Hartree-Fock et Clementi a été (pour l'atome à N électrons), la notion de densité fonctionnelle de Kohn ( Nobel de chimie 1998).
Il faut garder en mémoire toujours ces deux aspects, le couple [Ψ(r),Φ(p)], pour bien comprendre l'aspect non statique, mais stationnaire de cette délocalisation de l'électronde. Beaucoup de livres proposent comme règle empirique : si l'électronde est localisé dans une région de l'ordre de r = a, lui donner une énergie cinétique de l'ordre de . Dans le cas présent cela, donne une énergie totale dont le minimum est bien , où a est le rayon de Bohr :
C'est une façon simple et élégante d'introduire les OdG ( ordre de grandeur)de l'atome, souvent reprise dans les bons ouvrages.
ébauche
Les autres valeurs propres et les autres états propres sont plus difficiles à calculer.On se contentera ici de leur description. Pour la démonstration, voir Théorie de Schrodinger de l'atome d'hydrogène.
Le spectre de l'hydrogène est connu avec une précision exceptionnelle ; de même en est-il pour l'ion He+, et l'ion Li++, etc. que l'on forme assez facilement par spalliation. Mais il faudra tenir compte de la variation de la masse réduite (cf. atome de Bohr, hydrogène de Pickering ) ; et bien sûr du changement de e² en Ze², Z étant la charge du noyau. Le tracé expérimental de -E(Z, n).n²/Z², corrigé de la masse réduite et de légers effets relativistes (qui varient comme Z²) est assez fascinant de platitude, alors qu'on peut aller jusqu'à des n de l'ordre de 80, et Z de l'ordre de 15.
Il est extrèmement important de se représenter les orbitales comme "dépendantes du temps", de façon stationnaire (en particulier la phase). Trop souvent, on voit des représentations de |ψ|² statiques, alors que dès que le moment cinétique L n'est pas nul, il y a une fluctuation du courant de probabilité, stationnaire certes, mais qui est bien là.
Ne pas oublier aussi que [même pour les états (ns)], l'énergie cinétique de l'électronde-délocalisé est la moitié de l'énergie électrostatique : il convient de se représenter mentalement le couple [densité électronique, phase électronique], couple qui sera si important en chimie quantique pour apparier les électrons : dans l'équation de Schrodinger sur le corps des complexes, on ne répètera jamais assez qu'il y a DEUX équations réelles couplées : l'une considère le module de psi, soit a, l'autre la phase, soit S/ :Avec
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on aura:
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et
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Et donc tout cela "bouge" de façon stationnaire, via des tirages au sort de probabilités stationnaires.
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les fonctions sont les harmoniques sphériques.
Dans ce cas, chaque fonction d'onde individuellement donnera une vision simplifiée : le courant sera nul, mais pas son carré ! (on voit donc combien il faut se méfier en mécanique quantique des analogies rapides): il y a fluctuation de la quantité de mouvement ( cf principe d'incertitude).
D'autre part, il n'y a pas de "gelée électronique" représentant peu ou prou l'électronde délocalisé, même s'il est éminemment utile de tracer les orbitales chimiques.
Enfin, l'équation de l'eikonale se réduit simplement à ce qu'on appelle l'équation de Schrodinger stationnaire:
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Lors de l'hybridation des orbitales, il conviendra de reprendre ces calculs : la linéarité sur le corps des complexes produit des termes d'interférence constructive et destructive, si caractéristiques de la chimie quantique.[une orbitale hybridée est superbement représentée dans atome ]. .
On pourrait essayer une réprésentation(cf. White 1935), si possible de façon dynamique !
On peut rappeler plus précisément :
moyenne de 1/r = Z/n², indépendante de l, c'est la dégénérescence "accidentelle" déjà vue.
variance(1/r) = Z²/n? [ ].
Donc la variance relative est grande pour les états s , mais pour les états de Rydberg décroît comme ~ 1/2n², soit pour n = 60, inférieure à 2.10^(-4) et les Y(n-1, m) donnent pour une "bonne combinaison", une bonne localisation en théta = 90° et en phi(t) : en gros, le paquet d'ondes qui représente l'électronde-délocalisée n'est pas si délocalisé que cela, et on retrouve assez bien l'image classique de Bohr; mais cela ne dure pas: le paquet d'ondes s'étale (sur un espace torique).
Ceci dit :
moyenne de r : 1/2Z . [3n²-l(l+1) ] : un électron s ( l=0) est beaucoup plus "loin" et plus "proche" du noyau qu'un électron de Rydberg (l = n-1).Cela n' a rien de paradoxal si l'on pense à une comète, et en mécanique quantique à la délocalisation de l'électectronde.D'ailleurs,
moyenne de r² : 1/2Z² . n²[5n²+1-3l(l+1)]
On voit donc que la variance d'un électron s est n?/4, la variance relative est 1/9 ~11% : c'est énorme, compte-tenu de la taille de r(n) = n².r(1) : Si l'on imagine cela pour toutes les planètes, il y aurait un gros grabuge dans le système solaire. Dans l'atome, il faut bien s'imaginer que si n= 3 ou n= 4, un électron s pénètre beaucoup dans les couches profondes (il correspondrait à une comète en mécanique céleste), et va donc interagir avec celles-ci : cette question devra être examinée soigneusement dans le cas de l'atome à N électrons.
Au contraire, pour un électronde de Rydberg :
variance(r) = 1/4Z² .[n²(n+2) - l²(l+1)²] soit avec l= n-1: [2n³+n] donc une variance relative en ~ 1/2n.
Note: Couche K, rappel ===
Elle ne comprend qu'un état de symétrie sphérique, l'état fondamental, déjà amplement décrit.
elle comprend une orbitale (2s) sphérique et 3 orbitales (2p) en "larmes d'eau": voir harmonique sphérique
figure ici
à symétrie sphérique figure ici
elle comprend une orbitale (3s) sphérique, et 3 orbitales (3p) en larmes d'eau scindées une fois, et 5 orbitales (3d), l'une à symétrie de révolution la 3d(z²-3r²), et 4 en trèfle à 4 lobes : 3d(xy),3d(yz), 3d(zx) et 3d(x²-y²). Voir harmonique sphérique.
figure ici
figure ici
les 3 autres orbitales s'en déduisent par symétrie.
en larmes d'eau scindées une fois
figure ici
figure ici.
Tout ceci est aussi valable pour les espèces iso-électroniques, comme l'ion borique B3+, à condition de changer e2 en Z.e2.
Pour être vraiment encyclopédique, il faudrait aussi évoquer les couches de numéro n supérieur.
ébauche
Si l'énergie E est positive, l'état de l'électronde n'est plus lié. On parle d'état de diffusion.La représentation {p} est plus appropriée, mais les calculs utilisent vraiment cette fois la fonction hypergéométrique. Landau fait tous les calculs.