Republic P-47 Thunderbolt | ||
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Rôle | Avion de chasse | |
Constructeur |
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Équipage | ||
1 pilote | ||
Motorisation | ||
Moteur | moteur Pratt & Whitney R-2800-59 de 2 300 ch | |
Dimensions | ||
Envergure | 12,40 m | |
Longueur | 11,03 m | |
Hauteur | 4,31 m | |
Masses | ||
À vide | 4 510 kg | |
Avec armement | 7 940 kg | |
Maximale | 8 000 kg | |
Performances | ||
Vitesse maximale | 689 km/h 0,56 Mach |
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Plafond | 13 000 m | |
Distance franchissable | 3 047 km | |
Armement | ||
Interne | 8 mitrailleuses de 12,7 mm | |
Externe | 1 135 kg de bombes ou 10 roquettes de 127 mm | |
Avionique |
Le Republic P-47 Thunderbolt fut l'un des chasseurs américains les plus importants de la Seconde Guerre mondiale, et l'un des avions les plus produits de tous les temps avec plus de 15000 exemplaires construits. Sa grande taille et sa solide construction lui ont valu son surnom de Jugg. Il excellait dans les missions d'appui-feu des troupes au sol, qui devint rapidement son rôle principal. En effet, ses performances seulement convenables comme chasseur ne lui permettait pas de rivaliser avec l'autre chasseur américain P-51 Mustang.
Cet avion trouve son origine dans les travaux de deux immigrés georgiens, Alexander Procofieff de Seversky et Alexander Kartveli, qui après leur émigration, pour fuir le régime communiste, s'impliquèrent dans le développement de l'aviation américaine et française. En 1931, ils fondent ensemble la Seversky Aircraft Corporation, et produisent un chasseur pour l'USAAC, le P-35, dont 136 exemplaires sont livrés. Les performances de l'avion, sont toutefois décevantes et plusieurs projets sont lancés pour essayer de les améliorer. Le démonstrateur AP-4, avec son moteur turbocompressé, servit alors de base pour un nouvel avion de production le Republic P-43 Lancer, la compagnie ayant changé de nom suite à une réorganisation due à des problèmes financiers. Un total de 272 furent livrés à l'USAAC, jusqu'à mars 1942, mais là encore les performances se révélaient décevantes. Deux nouveaux projets de l'usine, le XP-44 Rocket et le XP-47A, mais les autorités américaines trouvèrent leur caractéristiques insuffisantes par rapport aux avions allemands contemporains, Alexander Kartveli dessina alors une version agrandie du P-43, qui prit la désignation de XP-47B. Le nouvel avion était un véritable monstre pour un chasseur, sa masse à vide était de 4490 kg, soit 65% de plus que le P-43, mais il était motorisé par le puissant Pratt & Whitney R-2800 Double Wasp de 2000 cv, suralimenté par un turbocompresseur, et il était armé de huit mitrailleuses de 12,7 mm. L'USAAF étant séduite , le XP-44 et le XP-47A sont abandonnés, et le 6 mai 1941, le XP-47B effectue sont premier vol piloté par Lowry P. Brabham. Le prototype souffrait de quelques défauts mineurs, mais l'appareil impressionna les officiels.
L'avion est bâti autour de son énorme moteur et de son turbocompresseur. Alexander Kartveli, suite à la perte de l'AP-4, a arrêté de travailler sur des compresseurs montés au plus près du moteur, celui du XP-47B, est dans l'arrière du fuselage, alimenté par deux longues pipes d'échappement qui passent de part et d'autre du poste de pilotage. Il est refroidi par une prise d'air sur le dessus. La hauteur du fuselage obligea Kartveli a implanter les ailes assez haut, ce qui posait alors un problème, vis à vis de la gigantesque hélice quadripale Curtiss, d'un diamètre de 3,17 mètres. Le train d'atterrissage se devait d'être très grand pour donner une garde au sol suffisante, et comme Kartveli, voulait monter l'armement dans les ailes, il fini par choisir la solution de jambes de train télescopiques, qui se rétractaient de 23 cm, avant de rentrer dans leur logements. Vers l'extérieur, venaient donc ensuite quatre mitrailleuses Browning M2, alimentées chacune par une boîte de 350 coups. Les deux réservoirs, principal et auxiliaire, du type auto-obturants, sont placés sous le poste de pilotage, et offre une capacité impressionnante de 1155 litres, ce qui se révélera malgré tout insuffisant à l'usage. Le poste de pilotage était très spacieux et confortable, il était même équipé de l'air conditionné.
L'avion n'était pas exempt de défault, l'un d'entre eux se révéla fatal au prototype en août 1942, la fabrication des gouvernes par entoilage, sujet à la rupture en altitude. D'autres problèmes persistaient, comme la canopée qui se bloquait et le démarreur qui ne fonctionnait pas en altitude. Les ingénieurs corrigèrent donc tous les défauts de jeunesse, adoptant la construction métallique pour tout l'avion, une nouvelle verrière coulisante et éjectable, en cas d'urgence et une pressurisation du démarreur, le mât radio fut déplacé sur l'avant de la verrière pour garder une longueur d'antenne similaire. L'USAF, satisfaite, passa commande de 171 P-47B, auquel on attribua le surnom de Thunderbolt. Après deux prototypes supplémentaires, le premier exemplaire de série fut livré au 56th Fighter Group, en mai 1942. Les P-47B servirent par ailleurs de base à deux versions expérimentales, le XP-47E, équipé du R-2800-59 et d'une hélice Hamilton et le XP-47F, avec des ailes à profil laminaire.
Bientôt, une nouvelle commande est passée, sur une version légèrement améliorée, le P-47C, avec des surfaces de contrôle encore renforcées, un nouveau mât radio plus court et un régulateur du turbocompresseur amélioré. Après seulement cinquante sept exemplaires produits, le P-47C1 avec un fuselage allongé vers l'avant pour corriger les problèmes de centre de gravité, puis après 55 produits,le C-2 qui introduisait un lance-bombe ventral pour des projectiles de 500 livres (225 kg) ou des réservoir de 200 galons (758 litres). Le modèle principal de production fut le C-5, avec un moteur R-2800-59, équipé d'une injection d'eau-méthanol permettant des pointes de puissance à 2300 ch et d'une nouvelle antenne radio.
Le 14 octobre 1941, L'USAAF passe commande de 850 avions. La seule usine de Republic, de Farmingdale à Long Island, ne suffit plus à couvrir les besoins, et une nouvelle est créée dans l'Indiana, à Evansville qui reçoit une commande de 1050 avions, le 31 janvier 1942, et commence à livrer dès septembre. Les nouveaux avions sont désignés P-47D, peu de choses les distinguent des modèles C. Cette variante D, qui est en fait un rassemblement de plusieurs blocs de production, qui comportaient des améliorations successives sur le modèle, de plus lorsque le bloc était produit à la fois à Farmingdale et à Evansville, on appliquait un suffixe à la désignation, respectivement -RE et -RA, par exemple, P-47D-10-RA. On peut distinguer les blocs suivants:
Parallèlement, la production restant insuffisante , Curtiss fut contacté pour produire l'avion sous licence, à son usine de Buffalo, dans l'état de New York. Les modèles produits furent désignés P-47G, la série commença avec le G1 identique au C1, puis le G5 basé sur le D1, le G10 sur le D5 et le G15 sur le D10. Curtiss produisit 354 P-47G, dont deux des derniers G15, qui furent pourvus d'une extension du poste de pilotage vers l'avant, jusqu'au bord d'attaque de l'aile, qui abritait un second pilote, cette variante d'entrainement à double commandes, fut désignée TP-47G, mais elle n'entra pas en production, seules quelques conversions similaires réalisées en unités existèrent.
De nombreuses tentatives furent faite pour augmenter encore les performances du Thunderbolt, une des premières fut la réalisation des deux XP-47H, deux P-47D qu'on remotorisa avec le nouveau moteur Chrysler XI-2220-11, un 16 cylindres en V à refroidissement par liquide, l'essai ne fut pas concluant cependant le moteur servit de base après guerre, aux célèbres moteurs Hemi de la firme, qui eurent un beau succès dans l'automobile.
Plus pragmatique, fut le XP-47J, une version affinée du P-47D, avec un Pratt and Whitney R-2800-57(C), capable de fournir des pointes de 2800 cv, l'armement était réduit à six mitrailleuses et l'aile redessinée était plus légère. Le prototype de cette variante vola en novembre 1943, mais Republic, travaillait déjà sur un autre projet le XP-72, la machine ne fut donc utilisée que pour des tests, dont celui du turbocompresseur General Electric CH-5, avec lequel l'avion atteignit 813 km/h en août 1944.
Les YP-47M furent eux aussi trois P-47D modifiés, mais seul le moteur fut changé pour un R-2800-57(C) avec le turbocompresseur CH-5 ; l'avion se révéla très performant avec 761 km/h de vitesse de pointe, et on lança une production limitée de 130 exemplaires. Ils furent envoyés au Royaume-Uni au début 1945, où ils servirent principalement à intercepter les bombes volantes V1. Cependant le moteur trop poussé se révéla peu fiable en opération.
Le second YP-47M, servit de machine de test pour une autre amélioration, qui visait à augmenter encore le rayon d'action, pour les opérations dans le Pacifique, comme les escortes des bombardiers Boeing B-29 Superfortress au dessus des îles japonaises. On dessina une nouvelle voilure pourvue de deux réservoirs contenant 190 litres. L'appareil vola en septembre 1944, fut un succès avec un rayon d'action de 3200 kilomètres, il possédait aussi des saumons d'aile rognés, pour augmenter le taux de roulis de l'avion. La production de masse fut lancée sur ce nouveau modèle, le P-47N, qu'on équipa d'un nouveau moteur le R-2800-77(C). Le P-47N, et ses différentes évolutions N1, N5, N15 et N20, fut fabriqué à 1816 exemplaires, le dernier quittant les chaînes en octobre 1945, le prix de revient de ces dernières versions était alors de 83000 dollars de 1945.
La dernière évolution du P-47, était presque un nouvel avion, le XP-72 Super Thunderbolt, dont l'avant était agrandi pour recevoir un Pratt & Whitney R-4360 Wasp Major, délivrant 3450 cv en altitude. Le premier prototype, commandé en juin 1943, vola le 2 février de l'année suivante, le moteur entrainait une gigantesque hélice quadripale, le second, qui prit l'air en juillet, lui adoptait une hélice contra-rotative à six pales, malgré l'accident du second avion ,l'USAAF, signa un contrat pour 100 avions armés de quatre canons de 37 mm, mais malgré ses performances impressionnantes en particulier sa vitesse ascensionelle, les responsables américains conscients que l'avenir était à la réaction annulèrent la commande.
À la fin de 1942, les défauts de jeunesse du P-47 ayant été résolus, le 56e groupe de chassse, part pour le Royaume-Uni, au sein de la 8th Air Force, et bientôt les 4e et 78e sont eux aussi équipés de P-47. La première mission de combat a lieu, le 10 mars 1943, c'est une sortie de chasse du 4e groupe de chasse,au dessus de la France occupée, mais elle tourne court du fait de problèmes de radio. Les avions sont alors équipés de radios britanniques, et les opérations reprennent le 8 avril, et le 15, le major Don Blakeslee, du même 4e, enregistre la première victoire sur cet avion. Le 17 août, c'est la première mission d'escorte des B-17, avec pour objectif Schweinfurt et son usine de roulement à billes.
Les pilotes du 4e, pour la plupart des anciens engagés volontaires au sein de la RAF de l'escadre Eagle, apprécièrent peu d'échanger leurs Spitfires contre l'énorme P-47, et de façon générale les avis sur l'avion de Republic sont très tranchés, on l'aime ou on le deteste. Ses détracteurs lui reprochent, la longueur de son décollage, son manque d'agilité à basse vitesse et à basse altitude, et sa taille équivalente à celle d'un bombardier. Les britanniques plaisantèrent sur le fait qu'il était possible pour son pilote d'échapper à la Luftwaffe, rien qu'en jouant à cache-cache, dans son gigantesque avion. Cependant, l'avion a ses supporters, qui louent son extrême robustesse, qui permet à l'avion de rentrer quoiqu'il arrive. Une légende circulait sur un P-47 qui voulant échapper à deux Messerschmitt Bf 109, percuta un mur en brique en filant en rase motte, et réussit à rentrer au Royaume-Uni, sous les yeux médusés des pilotes allemands. Cette robustesse est à l'origine du sobriquet attribué à l'avion, Jug, qui pourrait avoir deux origines possibles, du Jugernaute de la mythologie indienne, ou alors de la forme de son fuselage en bidon, en anglais Jug. Du fait de celle-ci, l'avion était capable de piquer vers le sol à des vitesses phénomènales, certains pilotes étaient même persuadés d'avoir atteint le mur du son. Par la suite des études plus sérieuses montrèrent que l'anémomètre, du fait de compressions locales, produisait des valeurs très exagérées. Reste que rien ne pouvait semer un Jug en piqué et que son moteur puissant, couplé à sa grande hélice, lui donnait l'avantage en vitesse ascensionnelle sur tous les chasseurs allemands de l'époque. Son armement, avec huit mitrailleuses, est extrêmement meutrier, et bien souvent la cible se désintègre ou explose sous l'avalanche de balles.
Le P-47, commence aussi à être employé au sein de la 12th Air Force, en Italie et par le 348e groupe de chasse, à Brisbane, en Australie. L'avion est aussi employé par la RAF, qui en reçoit deux cent quarante avec la canopée Razorback et cinq cent quatre vingt dix avec la verrière en goutte d'eau, elle les emploie en Inde, où ils participent aux sorties Cab Rank contre la Birmanie, armés avec des bombes de 500 livres et des roquettes de 60 livres. Quatre vingt huit exemplaires furent aussi fournis au Brésil, qui les utilise en Italie, et vingt cinq au Mexique, ce derniers ne purent cependant, être employé en opérations contre les japonais, du fait de la fin des hostilités. Les Forces aériennes françaises libres reçurent elles, quatre cent quarante sept P-47D, qui servaient encore pendant le début la guerre d'Algérie. Enfin, deux cent trois furent envoyé en URSS, qui les affecta à la défense arienne à haute altitude sur ses arrières, préférant son avion national, le Iliouchine Il-2 Sturmovik pour l'appui rapproché. Les premiers P-47N, furent déployés au Royaume-Uni, ils arrivèrent à Saipan au printemps 1945, mais ils servirent plus comme chasseur-bombardiers que comme escorteurs pour les B-29.
Après la guerre, le P-47 resta en service dans l'USAF, jusqu'en 1949, puis dans la Garde nationale, jusqu'en 1953, avec la désignation de F-47 à partir de 1948. Il fut en outre fourni à de nombreuses forces aériennes de pays alliés, d'amérique latine, ainsi qu'à l'Iran, la Turquie, la Chine nationaliste et la Yougoslavie. Les P-47 français servirent, pendant la guerre d'Indochine et le début de celle d'Algérie. De nos jours, de nombreux P-47 ont survécu, mais peu sont en état de vol.
Un total de 15660 Thunderbolt ont été produits, ce qui en fait l'un des avions les plus produits de tous les temps. S'il fut éclipsé quelque peu par le North American P-51 Mustang dans le rôle de chasseur, de nombreux as américains obtinrent leurs succès sur cette machine, comme Francis S. Gabreski, avec 31 victoires homologuées, le capitaine Robert S. Johnson avec 28, et le colonel H. Zemke avec 20. Même dans le Pacifique, où les combats à basse altitude contre les agiles chasseurs japonais ne le favorisait pas, il restait un avion valable, comme le prouva, le colonel Neel Kearby, qui abattit 24 avions japonais avant sa mort en mars 1944 au dessus de Wiak, il réussit aussi un des rares sextuplés de l'histoire du combat aérien, ce qui lui valut une médaille du congrès.