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On appelle méthode scientifique l'ensemble des canons guidant ou devant guider le processus de production des connaissances scientifiques, que ce soit des observations, des expériences, des raisonnements, ou des calculs théoriques.
Très souvent, elle engage l'idée implicite de son unicité, tant auprès du grand public que de certains chercheurs, qui de surcroît la confondent parfois avec la méthode hypothético-déductive. L'étude des pratiques des chercheurs révèle cependant une si grande diversité des démarches scientifiques que l'idée d'une unité de la méthode est rendue très problématique.
Ce constat ne doit cependant pas être entendu comme une forme d'anarchisme épistémologique. Si la question de l'unité de la méthode est problématique (et ce problème sera abordé plus en détail ci-dessous), cela ne remet pas en question l'existence d'une pluralité de canons méthodologiques qui s'imposent aux chercheurs dans leurs pratiques scientifiques.
La méthode scientifique est l'objet de l'attention des philosophes. Il s'agit alors, le plus souvent, de décider de la bonne méthode scientifique, qui devient dès lors une notion normative.
Il convient de distinguer ces réflexions philosophiques des pratiques effectives des scientifiques. Cependant, les unes ne sont pas toujours sans influence sur les autres. Les canons édictés par Aristote furent ainsi pendant des siècles au cœur de la démarche "scientifique" (si l'on accepte l'anachronisme que soulignent les guillemets).
Le réfutationnisme (ou falsificationisme, ou faillibilisme) est présenté par Karl Popper dans son livre La logique de la découverte scientifique. Il y critique l'inductivisme et le vérificationnisme, qui selon lui ne sont valides ni d'un point de vue logique ni d'un point de vue épistémologique pour produire des connaissances scientifiques fiables[1].
Selon Popper, plutôt que de rechercher des propositions vérifiables, le scientifique doit produire des énoncés réfutables. C'est cette réfutabilité qui doit constituer le critère de démarcation entre une hypothèse scientifique et une pseudo-hypothèse. C'est en s'appuyant sur un tel critère que Popper critique le marxisme ou la psychanalyse, qui selon lui ne répondent pas à cette exigence de réfutabibilité, ces théories reposant sur des hypothèses ad hoc qui les immuniseraient contre toute critique[2].
C'est sur cette base que Popper développe sa méthode critique, qui consiste à éprouver de toutes les manières possibles les systèmes théoriques.
Pour saisir la notion de méthode scientifique, il faut commencer par rappeler la distinction entre contexte de justification et contexte de découverte. Le contexte de découverte se rapporte à la façon dont un résultat scientifique est obtenu, découvert, tandis que le contexte de justification concerne la justification d'une théorie ou d'une hypothèse par ces résultats.
Reichenbach écrit qu'il " n'existe pas de règles logiques en termes desquelles une "machine à découverte" pourrait être construite, qui se charge de la fonction créative du génie "[3], signifiant ainsi que seul le contexte de justification peut être justiciable d'une analyse méthodologique, tandis que le contexte de découverte reste hors de portée d'une telle investigation.
Le philosophe des sciences Dominique Lecourt ajoute ainsi " qu'il n'y a pas de méthode scientifique, du moins considérée abstraitement comme un ensemble de règles fixes et universelles régissant l'ensemble de l'activité scientifique " (Lecourt, 1999, article "méthode").
Cette question de l'unité profonde de la méthode, et donc de la science, est encore aujourd'hui l'objet de discussions. Mais chacun s'accorde à reconnaître, tant parmi les analystes que les acteurs de la science, qu'il n'existe aucune "recette" générale que suivraient ou devraient suivre les chercheurs pour produire de nouvelles connaissances.
On peut cependant repérer dans l'activité scientifique différentes méthodes applicable selon les situations, tant dans le contexte de justification que dans le contexte de découverte.
Il faut également souligner que la distinction même entre contexte de découverte et contexte de justification et l'objet de forte critique. Il offre cependant un cadre conceptuel permettant de penser la méthode scientifique.
Il s'agit dans ce cas des méthodes permettant de distinguer le vrai du faux.
Nous l'avons dit en introduction, il ne s'agit pas tant ici de décrire un ensemble cohérent et fixe de règles d'élaboration de la connaissance scientifique, une "recette", que de décrire les différents canons méthodologiques qui participent à cette élaboration.
Les principales méthodes mobilisées dans le contexte de découverte sont l'expérimentation, l'observation, la modélisation et aujourd'hui la simulation numérique, qui se retrouvent à des degrés divers dans la plupart des disciplines scientifiques. A ces méthodes générales s'ajoutent des méthodes plus singulières, propres à une pratique scientifique particulière.
L'astronomie est l'une des disciplines scientifiques où l'observation est centrale.
Shapin et Schaffer, en étudiant l'histoire de la popme à air, analyse la naissance de la méthode expérimentale.
L'expérimentation est également un instrument au service de la découverte.
En publiant Introduction à l'étude de la médecine expérimentale en 1866, Claude Bernard tente d'adopter cette méthode dite expérimentale dans le domaine de la médecine.
Le principal problème des sciences de la vie, notamment de la biologie et de la médecine, est la recherche de causes, à des maladies, des phénomènes naturelles. En effet, les organismes vivants sont sensibles à une multitude de paramètres qu'il est d'une part difficile d'isoler, et d'autre part, plus on isole les paramètres, plus on s'éloigne de la réalité.
Avant l'expérience on doit trouver une hypothèse qui explique le phénomène. Ce n'est qu'après qu'on élabore et on met en œuvre l'expérience scientifique qui pourra valider cette cette hypothèse. L'explication sera alors vraie.
Beaucoup de sciences de la Terre et de l'Univers (notamment : astrophysique, sismologie, météorologie) reposent en grande partie sur l'élaboration de modèles et sur leur confrontation avec des observations de phénomènes.
Les scientifiques de ces disciplines ont également recours aux simulations numériques.
Certaines personnes guérissent spontanément, d'autres réagissent plus ou moins bien aux médicaments, et par ailleurs, le fait même de prendre un traitement peut parfois avoir des effets bénéfiques ou négatif même si le traitement lui-même est sans effet (effet placebo). Il faut donc mener des études dites " randomisées en double aveugle ".
Par essence, le fait historique est singulier : il n'y qu'une seule Révolution russe, qu'une seule Égypte antique. L'analyse de ces événements singuliers repose donc sur une approche idiographique. Certains auteurs, donc Karl Marx et Carl Hempel, ont cependant tenté de développer une approche nomothétique de l'Histoire, en soutenant qu'il existe des "lois de l'Histoire". Cette conception de l'Histoire fut vivement critiquée par Popper, dans "Misère de l'historicisme".
Les études sur le comportement humain (psychologie, anthropologie) permettent parfois des observations et même des expérimentations.
Deux grands courants de méthodologie viennent rendre compte de la réalité en sciences sociales. Les méthodes qualitatives et les méthodes quantitatives. Ces méthode d'analyses peuvent être utilisés seules; elles peuvent être utilisées indépendamment l'une de l'autre, en complémentarité; elles peuvent apporter chacune des éléments de réponses différents ou encore elle peuvent être utilisées conjointement pour analyser deux fois un même aspect et ainsi le valider. Selon Gilles-Gaston Granger, dans "Modèles qualitatifs, modèles quantitatifs dans la connaissance scientifique"[4] les méthodes qualitatives, habituellement perçues comme excluant la scientificité, ont apportées significativement aux sciences contemporaines en permettant de rendre compte des structures qui peuvent être observées et que ces formes, bien que mesurables sont d'abord de l'ordre de l'évaluation qualitative:
" L'évolution de la prise de conscience de la nature profonde de la pensée scientifique pourrait être symbolisée très schématiquement, par trois devises, dont chacune réinterprète d'une certaine manière et rectifie la précédente. On a d'abord proclamé qu'il n'y avait de science que l'universel; puis qu'il n'y avait de science que du mesurable. Nous devrions dire aujourd'hui: il n'y a de sens que le structurable. Profession de foi qui ne récuse nullement les deux précédentes, mais les relativise, et donne un nouveau sens à l'universel et au mesurable." [5] "
Ainsi, il convient de reconnaître l'apport de ces méthodologies en sciences sociales. Il est d'ailleurs possible de faire des expériences en analyse des réseaux sociaux. L'étude du petit monde représente l'expérience la plus popularisée du genre.
La majorité des économistes contemporains admet que les méthodes utilisées en économie doivent s'approcher autant que possible des méthodes des sciences physiques. Les économistes de l'École Autrichienne soutiennent au contraire que l'économie doit, comme les mathématiques et la logique, être construite par pure dérivation logique à partir d'axiomes irréfutables.
Dans les " sciences " humaines (économie, ethnologie, psychologie, etc.), la démarche expérimentale est délicate, l'aspect prédictif de la méthode appliquée aux phénomènes humains étant souvent mis en défaut.
Face à cette difficulté deux attitudes opposées ont vu le jour:
Indépendamment des querelles philosophiques se développant autour de la notion de méthode scientifique, les pratiques des scientifiques ont grandement évolué au cours des siècles. Les chercheurs n'administrent plus la preuve aujourd'hui comme on le faisait il y a cinq siècles.
La méthode évolue dans le temps. Elle évolue également dans l'espace.