Assainissement - Définition

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L’assainissement est un processus par lequel des personnes peuvent vivre dans un environnement plus sain ; pour cela, des moyens physiques, institutionnels et sociaux sont mis en œuvre dans différents domaines, tels que l'évacuation des eaux usées et de ruissellement, l'évacuation des déchets solides, l'évacuation des excréta et le traitement de tous ces éléments[1].

Objectifs

Absence d'assainissement à Cap-Haïtien, Haïti : les déchets à même le sol (incluant des sacs plastiques remplis d'excréments) bloquent les canaux de drainage qui débordent à la moindre pluie, et endommagent les infrastructures à côté (routes, bâtiments…).
Absence d'assainissement à Cap-Haïtien, Haïti : les déchets à même le sol (incluant des sacs plastiques remplis d'excréments) bloquent les canaux de drainage qui débordent à la moindre pluie, et endommagent les infrastructures à côté (routes, bâtiments…).

L'assainissement est fortement lié à la santé publique en raison des nombreuses maladies liées à un milieu malsain.

La proximité avec les eaux usées peut engendrer des maladies à transmission fécale-orale (diarrhée, typhoïde, hépatites, choléra), ou liées à un vecteur (paludisme, filariose, dengue)[2]. D'autres maladies sont également liées à un mauvais assainissement de base et en particulier à des latrines défectueuses ou inexistantes : bilharziose, nématodes ou autres vers. L'assainissement vise à assurer l'évacuation et le traitement des eaux usées et des excretas en minimisant les risques pour la santé et pour l'environnement.

Les déchets solides (reliefs de repas…) subissent une rapide décomposition, et peuvent être des sources pathogènes. Leur collecte et leur élimination contribue également à maintenir un environnement salubre.

Les eaux de ruissellement peuvent entraîner, lors des fortes pluies, des inondations, des éboulements et une détérioration des routes et des bâtiments. L'assainissement vise ainsi à assurer la protection des biens et des personnes jusqu'à une certaine intensité de pluie.

Domaines d'activité

De manière générale, l'assainissement comprend l'évacuation et le traitement des eaux et des solides usagés. Ces matières incluent les eaux de pluie, de drainage, de lavage, les eaux usées et / ou provenant de toilettes, les excréments, et les déchets solides ; ces derniers ont différentes origines (domestique, agricole, industrielle, médicale...).

Les méthodes d'évacuation et de traitement diffèrent selon la taille de la ville, selon le type de zone (urbaine, péri-urbaine, communauté urbaine), selon les moyens disponibles et les habitudes culturelles.

Eaux

Vue d'un égout visitable type ovoïde à Paris (visite publique des égouts de Paris).
Vue d'un égout visitable type ovoïde à Paris (visite publique des égouts de Paris).

Les eaux à traiter sont globalement divisées en deux secteurs : d'une part, les eaux de ruissellement, qui proviennent en majorité des eaux de pluie. Ces eaux s'écoulent en surface et posent problème dans les zones urbaines où le sol est rendu imperméable par la construction de routes et de bâtiments : l'eau peut s'accumuler, former des lieux de reproduction des moustiques, créer des inondations et endommager les infrastructures. Le drainage vise donc à évacuer ces eaux vers le milieu naturel : cours d'eau, océan..., ou dans une zone où l'infiltration est possible.

D'autre part, les eaux usées désignent les eaux déjà utilisées dans des activités humaines (domestiques, industrielles, agricoles). Ici, le but est en partie d'évacuer ces eaux pour éviter qu'elles ne stagnent en surface (source de maladies, de nuisance s olfactives, ...) et de les traiter afin de minimiser la pollution de l'environnement, avant de les retourner au milieu naturel, par un processus d'épuration des eaux.

Dans les grandes villes des pays développés, un système d'égout remplit ces rôles : le drainage des eaux de ruissellement est fait en surface par des caniveaux se vidant régulièrement dans le réseau d'égout souterrain ; les bâtiments y sont reliés par des canalisations ce qui évite la présence d'eaux usées en surface. Les toilettes y sont ainsi reliées directement et un siphon évite les retours d'odeurs dans le bâtiment. Mais un réseau d'égout représente un investissement très élevé, son entretien demande aussi beaucoup de ressources humaines et matérielles ; il encourage une grande consommation d'eau en déresponsabilisant les utilisateurs ; ses inévitables fuites contribuent à la pollution du sous-sol.

D'autres possibilités existent : les systèmes autonomes en zones peu denses, et les réseaux d'égouts simplifiés ou à faible diamètre permettent de soulager grandement les coûts d'investissement et d'entretien et la charge sur le système d'épuration (en ne transportant que la fraction liquide des eaux noires pour les systèmes à faible diamètre). Les eaux de ruissellement peuvent rester en surface si les caniveaux et les canaux à ciel ouvert sont correctement aménagés.

Excréta

Une toilette, moyen le plus courant dans les villes des pays développés d'évacuer les excréments.
Une toilette, moyen le plus courant dans les villes des pays développés d'évacuer les excréments.

L'évacuation des excréta est probablement l'aspect le plus important au niveau domestique : si les déchets et les eaux usées peuvent simplement être jetés dans la rue en l'absence de système de gestion, la défécation non contrôlée est une source importante de maladies et de gêne dans la vie quotidienne. L'Unicef et l'OMS utilisent l'accès à une latrine améliorée comme indicateur de l'assainissement de base[3], avant de considérer les eaux et les déchets solides.

Au niveau de l'urbanisme, le principal choix pour la gestion des excréta concerne l'évacuation sur place ou à distance. L'évacuation à distance consiste à relier une toilette soit à un réseau d'égout (qui évacue à la fois les solides et les liquides), soit à une fosse septique qui retient les solides et évacue les liquides. Ces deux systèmes ont besoin d'une grande quantité d'eau pour fonctionner : plus de 25 litres par jour et par personne[4]. L'évacuation sur place consiste à utiliser une latrine située sur une fosse creusée ou surélevée, contenant les matières fécales et laissant éventuellement la fraction liquide s'infiltrer dans le sol si la nappe phréatique est suffisamment loin. Le problème de la vidange de la fosse se pose alors.

La gestion des excréta peut aussi se faire écologiquement avec des toilettes sèches, permettant de réutiliser le compost ; si ces systèmes se développent petit à petit, leur acceptance reste compliquée face à l'apparente simplicité (du point de vue de l'usager) offerte par un système d'égout. A ce jour, peu de programmes d'assainissement écologique ont été menés à une plus grande échelle que celle d'un projet-pilote[5].

Déchets solides

Benne à ordures à Londres, fouillée par une personne pauvre y récupérant des déchets réutilisables.
Benne à ordures à Londres, fouillée par une personne pauvre y récupérant des déchets réutilisables.

L'absence de gestion des déchets solides a des conséquences graves au niveau la santé (lieu de reproduction de moustiques, de rats), de l'impact environnemental (apparence, odeurs, pollution de l'eau et de l'air), de la toxicité (notamment pour les déchets médicaux et les métaux lourds), de l'impact social (pour les personnes vivant à proximité, et pour les personnes vivant de la récupération des déchets) et de l'infrastructure (les déchets non collectés bloquent les canaux et les voies d'accès. Comme une personne produit entre 250 g et 1 kg de déchets solides par jour[6], les conséquences d'une mauvaise gestion sont vite catastrophiques pour une ville d'une certaine importance.

La gestion des déchets inclut leur collecte, leur transport jusqu'à un site, et leur traitement ; elle peut aussi inclure le nettoyage des rues. Le ramassage s'effectue dans des poubelles domestiques ou collectives, vidées périodiquement dans une benne à ordures ménagères qui assure le transport. Dans les endroits moins développés, les déchets peuvent être collectés par brouette. Le nettoyage des rues peut être fait mécaniquement avec des balayeuses ou avec des outils dédiés par des nettoyeurs.

Le traitement des déchets peut être précédé d'une réutilisation et / ou d'un recyclage (lui-même exigeant un tri sélectif préalable). Le traitement lui-même peut être fait de trois façons : par dépôt dans une décharge aménagée ou non ; par incinération ; ou par compostage. Si les pays développés mettent en place des réglementations de plus en plus contraignantes pour le traitement des déchets, dans de nombreux pays en développement la décharge non contrôlée reste le moyen le plus courant d'enlever les déchets ; ceux-ci sont aussi souvent récupérés par des personnes pauvres qui récupère ce qui peut encore se revendre.

Organisation

L'organisation de l'assainissement dépend avant tout du système mis en place. L'assainissement non collectif ou autonome repose avant tout sur l'exploitant de l'installation. Eventuellement un contrôle d'efficacité est mis en place par la collectivité, au titre de la protection des milieux naturels.

Les systèmes collectifs supposent quant à eux un gestionnaire désigné par la collectivité du service public de l'assainissement. Il peut être une émanation de la collectivité (gestion publique), ou faire l'objet d'un contrat de délégation plus ou moins formalisé.

La délégation peut ainsi se faire au profit d'une association locale, ou d'entreprises informelles pour les systèmes simples de collecte et de traitement des ordures ménagères ou d'eaux usées. Lorsque les systèmes atteignent une relative complexité, le délégataire est choisi pour ses compétences techniques et organisationnelles.

De plus en plus, certains rôles sont délégués à des entreprises privées[7] et notamment l'épuration des eaux, le traitement des déchets et la plomberie au niveau domestique.

Le financement peut se faire au travers de taxes et d'impôts (Grande-Bretagne par exemple) en général liés au foncier, ou au travers de redevance perçue sur les volumes rejetés (souvent le volume d'eau potable consommé).

Cependant, dans de nombreux pays, notamment en développement, le financement des services publics d'assainissement ne sont pas assurés. La constitution d'un réseau représente un investissement majeur, avec un amortissement sur des périodes comprises entre 60 et 100 ans. La délégation aux entreprises privées peut permettre la mise en place d'une structure de financement[8], l'inconvénient majeur est que les zones pauvres et en particulier les bidonvilles sont mal ou non desservies car sont trop peu rentables. L'État ou la collectivité locale doivent alors jouer un rôle de régulateur pour assurer une distribution équitable des services[9].

Les individus sont aussi de plus en plus sollicités pour des actions devant se dérouler au niveau domestique : tri sélectif, réduction de la quantité d'eau utilisée...

Situation mondiale

Couverture de l'assainissement de base dans le monde d'après une évaluation du WSP en 2002.
Couverture de l'assainissement de base dans le monde d'après une évaluation du WSP en 2002.

La couverture mondiale de l'assainissement de base montrée sur la carte ci-dessus provient d'une estimation effectuée par le Water & Sanitation Programme en 2002 (branche de la Banque mondiale) en utilisant différentes sources. Dans ce contexte, l'" assainissement de base " correspondant à l'accès à " un système d'évacuation des excréta amélioré "[10], ce qui inclut les connections à un système d'égout, à une fosse septique, à une latrine à siphon hydraulique, à fosse simple ou à fosse améliorée ventilée. En revanche, ne font pas partie des systèmes " améliorés " les latrines publiques ou partagées, les latrines à ciel ouvert (cas de nombreuses latrines à fosse simple), les latrines à seau et bien évidemment la défécation en plein air, en sachet plastique, etc. (voir aussi l'article Latrine pour plus de détails).

Les Nations unies se sont fixées, dans le cadre des objectifs du millénaire, de réduire d'ici 2015 de moitié le nombre de personnes des pays en développement n'ayant pas d'accès à l'assainissement. Les Nations unies estiment ainsi qu'en 1990, 35% (respectivement 49% pour le monde entier) avait accès à un système d'assainissement amélioré, en 2004 la proportion atteint 50% (respectivement 59%). Voir le rapport 2006 des Nations unies

Sources

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