Une relation binaire est un concept mathématique qui systématise des notions comme " ... est supérieur ou égal à ... " en arithmétique, ou " ... est élément de l’ensemble ... " en théorie des ensembles. C’est un cas particulier de relation générale ou correspondance. On retrouve aussi ce concept en théorie des graphes.
De manière informelle, une relation entre deux ensembles est une proposition qui lie certains éléments du premier ensemble avec d’autres éléments du second ensemble.
Sur un ensemble F constitué de filles et un ensemble G constitué de garçons, par exemple, on pourrait définir une relation " Alice aime Bernard ", ou une autre relation " Béatrice connaît Paul "... On peut donc voir la relation comme étant des fils reliant des éléments de deux ensembles.
Dans le cas d’un ensemble fini, on peut alors tenter de représenter la relation par un diagramme: si F = {Lucie, Béatrice, Delphine, Alice} et si G = {Bernard, Antoine, Paul, Charles}, la relation aime peut être schématisée par le diagramme suivant :
On pourra déplorer le fait que Delphine n’aime personne, que Lucie ait un cœur généreux et que Charles puisse se sentir seul.
On peut aussi tenter de faire la liste des couples ainsi en relation. (pour plus de commodité, on ne conservera que les deux premières lettres du prénom)
En mathématique, un " couple " est formé de deux éléments mis entre parenthèses dans un ordre particulier. La relation est définie en première approche comme un ensemble de couples, c’est-à-dire que si deux éléments sont reliés entre eux, alors le couple est un élément de l’ensemble relation. Si l’on appelle F l’ensemble des filles, et G l’ensemble des garçons, alors l’ensemble de tous les couples possibles est appelé " produit cartésien de F par G " et est noté F×G et la relation aime est alors définie par l’ensemble F, l’ensemble G et un sous-ensemble de F×G.
Une relation binaire
Si
On remarquera qu’il est nécessaire, dans une relation binaire, de préciser l’ensemble E (appelé ensemble de départ), l’ensemble F (appelé ensemble d’arrivée) ET la partie
Une relation binaire peut être considérée comme une fonction de E×F à valeur dans l’ensemble { Vrai , Faux } , et qui à un couple ( x , y ) associe Vrai si x est en relation avec y et Faux sinon (indiquant si le couple ( x , y ) est un élément du graphe de la relation ou non).
Si
Notation: si
Si
Exemples:
Lorsque, pour tout élément x de E, x n’est en relation qu’avec 0 ou 1 élément y de F, on dit que la relation est fonctionnelle. C’est un cas particulier de fonction. En langage formel, la propriété précédente s’écrit :
Pour plus de précisions, voir l'article " Fonction mathématique ".
Exemple important :
Si E = F, on parlera de relation sur (ou dans) E.
La relation
Une relation est donc réflexive ssi son graphe contient la diagonale de E, c’est-à-dire si :
En d’autres termes, l’intersection du graphe de la relation avec la diagonale de E est égale à cette diagonale.
Exemples:
La clôture réflexive, notée "
La relation
Une relation est donc irréflexive ssi son graphe est disjoint de la diagonale de E, c’est-à-dire si :
L’intersection du graphe de la relation avec la diagonale de E se réduit donc à l’ensemble vide.
Exemples :
Une relation sur un ensemble d'au moins deux éléments peut bien entendu n'être ni réflexive, ni irréflexive, il suffit qu'un élément soit en relation avec lui même et l'autre non.
Les seules relations à la fois réflexives et irréflexives sont les relations dont le graphe est vide.
La relation
Une relation est donc symétrique ssi son graphe se confond avec celui de sa relation inverse, c’est-à-dire si :
ou encore :
Exemples :
La clôture symétrique, notée "
Cette clôture symétrique est d’ailleurs universelle parmi les relations symétriques contenant
La relation
Une relation est donc faiblement antisymétrique ssi l'intersection de son graphe avec celui de sa réciproque est incluse dans la diagonale de E, c'est-à-dire si :
Exemples:
Quand une relation est à la fois anti-symétrique et irréflexive, on dit parfois qu'elle est fortement antisymétrique. On peut alors simplifier la définition.
La relation
Une relation est donc fortement antisymétrique ssi l’intersection de son graphe avec celui de sa réciproque est vide, c’est-à-dire si :
Exemples :
Pour une relation dont on sait par ailleurs qu'elle est irréflexive, l'antisymétrie forte et l'antisymétrie sont équivalentes, et donc la plupart du temps onparle simplement d'antisymétrie.
Les seules relations symétriques et fortement antisymétriques sont les relations vides. Par contre l'égalité sur n'importe quel ensemble est une relation à la fois symétrique et antisymétrique.
Une relation peut n'être ni symétrique ni antisymétrique, comme par exemple la relation de divisibilité sur les entiers relatifs.
La relation
Une relation
Exemple :
On appelle clôture transitive de
elle est universelle parmi les relations transitives contenant
La relation
La relation est donc totale ssi l'union de son graphe avec celui de sa réciproque est égale au carré cartésien de E, c'est-à-dire si :
Exemple : la relation
Contre-exemple : la relation " divise " sur l'ensemble des entiers naturels n'est pas totale.
Une relation d'équivalence est une relation réflexive, transitive et symétrique. L'exemple le plus simple de relation d'équivalence est l'égalité. En arithmétique la relation de congruence modulo un entier donné est une relation d'équivalence.
Pour plus d’information voir l’article " Relation d'équivalence ".
Une relation d’ordre est une relation réflexive, transitive et antisymétrique.
Si la relation est totale alors on dit que l’ordre est total. C’est le cas de la relation " plus grand que " sur les entiers naturels. Tous les éléments ne sont pas forcément comparables par une relation d’ordre ; par exemple deux entiers naturels ne sont pas forcément comparables par divisibilité. On dit alors que la divisibilité est un ordre partiel sur N.
Plus de détails dans l’article " Relation d'ordre ".
Voir relation bien fondée.
Considérons un ensemble E fini de cardinal n et un ensemble F fini de cardinal p. Nous pouvons facilement démontrer qu’il y a autant de relations binaires de E sur F que d’applications de E×F dans { 0 , 1 } , ce qui donne 2 np relations.
En particulier, si E = F , on trouve
Le nombre de relations d’équivalence est égal au nombre de partitions d’un ensemble, c’est-à-dire le nombre de Bell.