L'argument de la diagonale de Cantor est une démonstration du mathématicien allemand Georg Cantor de la non-dénombrabilité de l'ensemble des nombres réels.
Cette démonstration est la deuxième écrite par Cantor au sujet de la non-dénombrabilité de
Au lieu de démontrer que
Donnons-nous donc une partie dénombrable de [0,1] énumérée à l'aide d'une suite r = (ri) = {r1,r2,...,ri,...}. Chaque terme de cette suite a une écriture décimale avec une infinité de chiffres après la virgule (une infinité de 0 pour un nombre décimal), soit :
Construisons maintenant un nombre réel x dans [0,1] en considérant le nième chiffre après la virgule de rn. Par exemple, pour la suite r :
Les décimales que nous considérons sont celles se situant sur la diagonale. On définit les chiffres composant x de la façon suivante : si le ne chiffre de rn est différent de 1, alors le ne chiffre de x est 1, sinon le ne est 2. Par exemple avec la suite ci-dessus, on a x = 0 . 1 2 1 1 1 2 1.
Le nombre x est clairement dans l'intervalle [0, 1] mais ne peut pas être dans la suite { r1, r2, r3, ... }, car il n'est égal à aucun des nombres de la suite : il ne peut pas être égal à r1 car le premier chiffre après le point décimal de x est différent du premier chiffre après la décimal de r1, de même pour r2, etc. donc x n'est pas élément de la suite ri.
Conclusion : l'intervalle [0, 1] n'est pas dénombrable et a fortiori
Cantor a utilisé une forme généralisée de l'argument de la diagonale pour démontrer le théorème de Cantor : pour tout ensemble S, l'ensemble des parties de S, noté généralement P(S), est " strictement plus grand " que S lui-même. En d'autre termes, il ne peut pas exister de surjection de S vers P(S). En effet, s’il existe une telle surjection f de S sur P(S), on peut considérer l'ensemble A des éléments x de S tels que x n'appartienne pas à f(x). Comme A appartient à P(S), il existe, du fait de la surjectivité de f, un élément a de S tel que f(a)=A. On aboutit à une contradiction aussi bien dans le cas où a appartient à A que dans le cas contraire.
Voici une version plus " accessible " de cet argument :
" Soit un cahier comportant autant de pages que l'on veut. On numérote chaque page, et, sur chacune d'entre elles, on écrit un ensemble d'entiers (tous différents), de telle sorte à ne jamais écrire deux fois le même ensemble.
On dit qu'un nombre N est ordinaire si l'ensemble écrit à la page N ne contient pas N ; dans le cas contraire, on dit que N est extraordinaire. Supposons que l'on ait écrit sur ce cahier tous les ensembles possibles. La question est : à quelle catégorie appartient l'entier sur la page duquel on a écrit l'ensemble des nombres ordinaires ? "
Des raisonnements analogues ont été utilisés pour prouver l'existence ou la non-existence de certains objets en mathématiques. Par exemple, la preuve du problème de l'arrêt utilise essentiellement l'argument de la diagonale.
Cette démonstration montre que l'ensemble des nombres réels est " strictement plus grand " que l'ensemble des nombres entiers. On peut se poser la question de savoir s'il existe un ensemble dont la cardinalité est strictement plus grande que celle de
De même la question de savoir s'il existe un ensemble de cardinalité comprise strictement entre card(S) et card(P(S)) conduit à l'hypothèse du continu généralisée.