La dérivée d'une fonction est le moyen de déterminer combien cette fonction varie quand la quantité dont elle dépend, son argument, change. Plus précisément, une dérivée est une expression (numérique ou algébrique) donnant le rapport entre les variations infinitésimales de la fonction et les variations infinitésimales de son argument. Par exemple, la vitesse est la dérivée du déplacement par rapport au temps, et l'accélération est la dérivée, par rapport au temps, de la vitesse.
La notion de dérivée a vu le jour au XVIIe siècle dans les écrits de Leibniz et de Newton qui la nomme fluxion et qui la définit comme
" le quotient ultime de deux accroissements évanescents. "
La dérivée de la fonction
La notion de dérivée est une notion fondamentale en analyse fonctionnelle. Elle permet d'étudier les variations d'une fonction, de construire des tangentes à une courbe et de résoudre des problèmes d'optimisation.
Pour approcher cette notion de manière intuitive, commençons par nous donner une courbe représentative d'une fonction dans un repère cartésien, continue, c'est-à-dire tracée d'un seul trait de crayon, et bien " lisse ", on dira là que la fonction associée est dérivable.
Quel que soit le point que l'on choisit sur la courbe, on pourra alors tracer ce qu'on appelle une tangente, c'est-à-dire une droite qui épouse localement la direction de cette courbe. Concrètement, si l'on trace la courbe et sa tangente et que l'on s'approche en zoomant suffisamment, on aura de plus en plus de mal à distinguer la courbe de sa tangente. On comprend aisément que si la courbe " monte " (ie si la fonction associée est croissante), la tangente sera également montante ; inversement, si la fonction est décroissante, la tangente sera descendante. Si on se donne une abscisse x0 pour laquelle la fonction f est dérivable, on appelle nombre dérivé de f en x0 le coefficient directeur de la tangente à la courbe au point d'abscisse x0. Ce réel donne de précieuses informations sur le comportement local d'une fonction : c'est la mesure algébrique de la vitesse à laquelle cette fonction change lorsque sa variable change. Pour une fonction à plusieurs variables, on parle de la dérivée partielle par rapport à l'une de ses variables.
Ainsi, si le nombre dérivé d'une fonction est positif sur un intervalle, cette fonction sera croissante sur ce même intervalle. Inversement, s'il est négatif, elle sera décroissante. Lorsque le nombre dérivé est nul en un point, la courbe admet une tangente horizontale en ce point.
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Dans l'exemple ci-contre :
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Dès la seconde moitié du XVIIe siècle, le domaine mathématique de l'analyse numérique connut une avancée prodigieuse grâce aux travaux de Newton et de Leibniz en matière de calcul différentiel et intégral, traitant notamment de la notion d'infiniment petit et de son rapport avec les sommes dites intégrales.
C'est cependant Blaise Pascal qui, dans la première moitié du XVIIe siècle, a le premier mené des études sur la notion de tangente à une courbe - lui-même les appelait " touchantes "; le marquis de l'Hospital participera aussi à la fin du XVIIe à étoffer cette nouvelle théorie, notamment en utilisant la dérivée pour calculer une limite dans le cas de formes indéterminées particulières (cf. Règle de L'Hôpital). Wallis, mathématicien anglais (surtout connu pour la suite d'intégrales qui porte son nom) contribua également à l'essor de l'analyse différentielle.
Néanmoins cette théorie tout juste éclose n'est pas encore pourvue de toute la rigueur mathématique qu'elle aurait exigée, et notamment la notion d'infiniment petit introduite par Newton, qui tient plus de l'intuitif, et qui pourrait engendrer des erreurs dès lors que l'on ne s'entend pas bien sur ce qui est ou non négligeable. C'est au XVIIIe siècle que d'Alembert introduit la définition plus rigoureuse du nombre dérivé en tant que limite du taux d'accroissement - sous une forme semblable à celle qui est utilisée et enseignée de nos jours. Cependant, à l'époque de d'Alembert, c'est la notion de limite qui cette fois-ci pose problème :
C'est au passage à Lagrange (fin du XVIIIe siècle) que l'on doit la notation
Soit f une fonction réelle à valeurs réelles définie sur une réunion quelconque d'intervalles non triviaux, et x0 appartenant à l'intérieur de l'ensemble de définition
Pour tout
Il s'agit du coefficient directeur de la droite reliant les points de coordonnées (x0,f(x0)) et (x0 + h,f(x0 + h)). Si
Ou, de manière équivalente :
Une fonction pour laquelle le taux d'accroissement en un point admet une limite (qui est le nombre dérivé) est dite dérivable en ce point.
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Ce calcul de limite revient graphiquement à rechercher la tangente à la courbe en ce point. Ainsi, le nombre dérivé d'une fonction en un point, s'il existe, est égal à la pente de la tangente à la courbe représentative de la fonction en ce point. |
La dérivation peut aussi être définie pour des fonctions d'une variable réelle à valeurs dans d'autres ensembles que
Par exemple, une fonction f d'une variable réelle, à valeurs dans
La dérivabilité est a priori une notion locale (dérivabilité en un point), mais si une fonction est dérivable en tout point d'un intervalle, on peut définir sa fonction dérivée sur l'intervalle en question. La fonction dérivée de f, notée
C'est la fonction qui prend en tout point de
Ainsi, lorsque la fonction dérivable f est croissante, la fonction dérivée
Les fonctions dérivées sont utilisées notamment dans l'étude des fonctions réelles et dans les équations différentielles. Une fonction qui est égale à sa dérivée est dite exponentielle (celle-ci est solution de y' = y, cf. article détaillé).
Il existe différentes notations pour exprimer la dérivée d'une fonction. On distingue :
Fonctions![]() |
Dérivées![]() |
Conditions |
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Nom | Règle | Conditions |
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Linéarité |
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Quelles que soient les fonctions dérivables
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Produit |
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Quelles que soient les fonctions dérivables
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Quotient |
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Quelles que soient la fonction dérivable
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Composée |
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Quelles que soient les fonctions dérivables (et composables)
![]() ![]() |
Réciproque |
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Quelle que soit la fonction
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En particulier, voici les règles courantes se déduisant de la dérivée de composées :
Nom | Règle | Conditions |
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Puissance |
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Quel que soit
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Racine |
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Quelle que soit la fonction dérivable
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Exponentielle |
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Quelle que soit
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Logarithme |
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Quelle que soit la fonction dérivable
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Précisons que dans ce dernier tableau, la composée des fonctions g et f n'a pas été notée
Cette propriété est utilisée en cinématique pour déterminer une approximation du vecteur vitesse à partir d'un relevé de point.
Soit
Démonstration:
Montrons que
La fonction
Comme
Cette limite étant non nulle, d'après le théorème sur l'inverse d'une limite, on a :
Ou encore :
On utilise le résultat précédent pour établir :
On définit la dérivée d'ordre n pour une fonction n fois dérivable par récurrence :
Si f,g sont des fonctions n fois dérivables, alors :
En particulier pour n = 2,
On notera l'analogie avec la formule du binôme de Newton.
En trouvant les valeurs de x où la dérivée vaut 0 ou n'existe pas, on trouve les nombres critiques de la fonction. Les nombres critiques de f permettent de trouver implicitement ses maximums et ses minimums. À effectuer le test de la dérivée première, on construit un tableau de variation ; si le signe de la fonction dérivée passe du plus au moins devant un nombre critique, on a un maximum et si le signe de la fonction dérivée passe du moins au plus devant le nombre critique, on a un minimum. De plus, lorsque le signe de la dérivée première est positif, la fonction monte ; s'il est négatif, elle descend. On ne conclut rien, si au point critique la fonction ne change pas de signe. En dérivant la dérivée première, on a la dérivée seconde. À effectuer le test de la dérivée seconde, on trouve les nombres critiques de la dérivée première pour les placer dans le même tableau ; lorsqu'on observe un changement de signe de la dérivée seconde devant ce ou ces nombres critiques, on dit qu'on a un (ou des) point(s) d'inflexion. Les points d'inflexion marquent un changement de la concavité de la fonction. Un signe positif de la dérivée seconde signifie que la fonction est concave vers le haut et un signe négatif de la dérivée seconde signifie que la fonction est concave vers le bas. Connaissant les changements de concavité et les extrema de la fonction, on peut alors tracer une esquisse du graphique.
Méthode pour optimiser un rendement à l'aide du calcul différentiel:
Une fois que l'on a déterminé les asymptotes de la fonction, on peut les noter dans le tableau de variation pour tracer adéquatement l'esquisse du graphique.