L'ensemble de Cantor (ou ensemble triadique de Cantor, ou poussière de Cantor) est un sous-ensemble remarquable de la droite réelle construit par le mathématicien allemand Georg Cantor.
Il s'agit d'un ensemble fermé de [0,1], d'intérieur vide. Il sert d'exemple pour montrer qu'il existe des ensembles non dénombrables mais négligeables au sens de la mesure de Lebesgue. C'est aussi le premier exemple de fractale (bien que le terme ne soit apparu qu'un siècle plus tard), et il possède une dimension fractionnaire au sens de Hausdorff.
Il admet enfin une interprétation en terme de développement des réels en base 3. Pour cette raison, il est souvent noté
On le construit de manière itérative à partir du segment
On dénote par
On note
On a :
Alors l'ensemble de Cantor
On peut aussi définir l'ensemble de Cantor via l'écriture en base 3 : tout réel
On écrit alors
Cette écriture est unique à ceci près : on peut remplacer
L'ensemble de Cantor est formé des réels de
C'est-à-dire
Note: donc 1/3 est dans cet ensemble, puisqu'il admet les deux écritures 0,1000… et 0,02222… en base 3. 2/3 également (0,2000… ou 0,12222…). Remarquez que parmi les nombres admettant un développement propre et un développement impropre, il n'en existe aucun dont les deux écritures vérifient la propriété demandée.
L'ensemble de Cantor a de nombreuses propriétés particulières.
L'ensemble de Cantor est de mesure nulle, c'est-à-dire négligeable au sens de la mesure de Lebesgue.
En effet en notant l la mesure de Lebesgue sur
où
On en déduit que pour les étapes de la construction itérative ci-dessus :
Et comme l'ensemble de Cantor est inclus dans tous les An :
L'ensemble de Cantor est donc " petit " au sens de la mesure de Lebesgue.
Cependant l'ensemble de Cantor n'est pas dénombrable ; il a la puissance du continu (voir Infini).
En effet on peut montrer que les ensembles
Pour cela on associe à tout élément
Par exemple l'élément
Il est facile de voir que cette application est surjective mais non injective (l'élément 0,1 étant l'image de 0,0222222... comme de 0,2). De l'existence d'une surjection de K3 dans [0,1] et en admettant l'axiome du choix, on déduit l'existence d'une injection de [0,1] dans K3, et comme l'application identité induit clairement une injection de K3 dans [0,1], alors d'après le théorème de Cantor-Bernstein, on en déduit que K3 et [0,1] sont équipotents. Donc l'ensemble de Cantor est aussi en bijection avec
On peut aussi utiliser l'écriture en base 3. Celle-ci montre que
Ainsi l'ensemble de Cantor est " grand " au sens de la théorie des ensembles.
Démonstration : soit P un point de K3, et soit une boule ouverte (intervalle ouvert) centrée en P. Cet ouvert contient nécessairement un réel dont le développement en base 3 contient le chiffre 1, qui n'est pas élément de K3. Donc P n'est pas intérieur à K3. Par ailleurs, dans ce même intervalle, il existe toujours un réel dont le développement en base 3 s'écrit uniquement avec des 0 ou des 2. Donc P n'est pas un point isolé.
L'image de l'ensemble de Cantor par l'homothétie h de centre 0 et de rapport 1/3 est elle-même une partie de l'ensemble de Cantor .
Plus précisément,
Ainsi,
Une autre version de l'ensemble de Cantor est l'ensemble de Cantor "quatre coins". Il est construit sur le même principe général, mais basé sur un carré : on considére un carré que l'on découpe en 16 carrés de même taille, et on supprime tous les carrés n'étant pas dans un coin du carré de départ. L'ensemble est construit de façon itérative en répétant cette action sur les nouveaux carrés.