La géométrie projective est le domaine des mathématiques qui modélise les notions intuitives de perspective et d'horizon. Elle étudie les propriétés des figures inchangées par projection.
La géométrie projective trouve ses origines dans le travail de Pappus (IIIe avant Jésus-Christ) qui introduit le rapport anharmonique et fait référence à un travail d'Apollonius de Perga.
Elle a ensuite été étudiée au XVIIe siècle par des mathématiciens comme Pascal ou Desargues, avant de tomber dans l'oubli. C'est Poncelet dans son traité des propriétés géométriques des figures qui lui donne son véritable essor dans les débuts du XIX° siècle, en partant de considérations de géométrie pure. En effet la géométrie affine n'aurait pas permis cette découverte puisqu'elle interdisait l'intersection des droites parallèles, notion essentielle en géométrie projective.
Par suite la géométrie pure va fortement prédominer pendant tout le XIX° siècle jusqu'à ce que des méthodes analytiques soient enfin découvertes par August Ferdinand Möbius et Julius Plücker. Mais c'est Felix Klein qui, à la fin du XIXe siècle, clarifie le lien entre géométrie projective et géométrie euclidienne.
C'est aussi à la même époque qu'eût lieu une évolution conceptuelle majeure ; auparavant la géométrie était la science des figures, les géomètres du tournant du siècle se concentrèrent sur les transformations desdites figures, les lois de composition internes des diverses transformations, la structure de certains groupes de transformations (questions de la commutativité, de l'associativité, de la transformation inverse, etc.), les invariants de telle ou telle famille de transformations, les axiomes minimaux permettant ces propriétés de transformations. Elle est aujourd'hui largement utilisée par les systèmes de vision par ordinateur et de rendu graphique (OpenGL).
Pour ceux qui ne désirent qu'un aperçu élémentaire de ce qu'est la Géométrie Projective par rapport à la Géométrie Euclidienne ordinaire on peut dire que la Géométrie Projective est la science des figures qui ne se tracent qu'avec la règle seule alors que la géométrie euclidienne est en quelque sorte la science des figures qui se tracent à la règle et au compas.
La Géométrie Projective ignore les droites parallèles, les droites perpendiculaires, les isométries, les cercles, les triangles rectangles, isocèles , équilatéraux, etc. Dans sa définition elle comporte moins d'axiomes que la géométrie euclidienne et par suite elle est plus générale.
Enfin elle est remarquable par le fait qu'il est possible de poser certaines conventions de langage ( par exemple appeler parallèles deux droites qui se coupent sur une droite choisie du plan) qui permettent par la géométrie projective de retrouver les résultats de la Géométrie Euclidienne. ( Voir ci dessous le lien géométrie projective > géométrie euclidienne)
Un espace projectif est défini en mathématiques comme l'ensemble des droites vectorielles d'un espace vectoriel ; on peut imaginer l'œil d'un observateur placé sur l'origine d'un espace vectoriel, et chaque élément de l'espace projectif correspond à une direction de son regard.
Un espace projectif se démarque d'un espace vectoriel par son homogénéité : on ne peut distinguer en son sein aucun point particulier comme l'origine d'un espace vectoriel. En cela il se rapproche d'un espace affine.
Soit
Alors on appelle espace projectif sur
Pour chaque élément
L'application
Plus simplement l'espace projectif
Si
Si l'espace
Cette définition très formelle d'un espace projectif ne doit pas faire oublier que cette notion est née de la projection centrale et est, avant tout, une notion géométrique. Pour prendre l'exemple de l'espace projectif de
L'espace projectif de
Cette notion permet, par exemple, de parler, dans un plan, d'intersection entre deux droites quelconques : les droites seront sécantes en un point propre de (P') ou bien en un point impropre dans le cas où les droites sont parallèles.
Cette notion se généralise à tout espace projectif
En particulier, si (P) = K, la droite projective associée est l'ensemble
Cette double relation, d'une part avec un espace vectoriel quotienté, d'autre part avec un espace affine complété fait la richesse de l'étude de la géométrie projective. De même, ce double aspect sera important à conserver quand il s'agira de donner des coordonnées aux points de l'espace projectif.
Dans un espace projectif de dimension n, donc associé à un espace vectoriel de dimension n + 1, chaque point m de P(E) est associé à une famille de vecteurs de E tous colinéaires. Si E est muni d'une base canonique, on appelle coordonnées homogènes du point m, les coordonnées d'un vecteur quelconque x tels que
Parmi toutes ces coordonnées, il arrive souvent que l'on en privilégie une pour retrouver un espace affine de dimension n. Parmi tous les représentants de m, on privilégie celui dont la dernière coordonnée, par exemple, vaut 1. Cela revient à dire que l'on a projeté l'espace dans l'hyperplan d'équation
Les points impropres sont représentés par des systèmes de coordonnées homogènes dont la dernière coordonnée est nulle.
On remarque alors bien là la correspondance entre
Choisir arbitrairement de mettre une coordonnée à 1 dans les coordonnées homogènes permet de définir des cartes différentes.
Un espace vectoriel de dimension n se repère par une base de n vecteurs indépendants. Un espace affine de dimension n se repère à l'aide de n + 1 points non liés. Un espace projectif de dimension n se repère à l'aide de n+2 points. On pourrait penser que n+1 points seraient suffisants en prenant par exemple
Il faut donc empêcher cette ambiguïté et limiter le choix d'autres représentants des vecteurs de base à des vecteurs colinéaires aux précédents mais de même coefficient de colinéarité. Il suffit pour cela de définir un n+2 ième point correspondant à
Comme il existe des sous-espaces vectoriels d'espace vectoriel ainsi que des sous-espaces affine d'espace affine, il existe de même des sous-espaces projectifs d'espace projectif. Ils sont constitués des projetés des sous-espaces vectoriels de l'espace vectoriel associé. On parlera donc de droite projective dans un plan projectif, de plan projectif dans un espace projectif. La règle des dimensions et l'existence de points à l'infini permettent de simplifier les règles d'incidence.
Si a, b, c et d sont 4 points (a,b et c distincts) d'une droite projective D, il existe un unique isomorphisme de D sur
On appelle birapport de a, b, c, d, noté [a:b:c:d] la valeur de fa,b,c(d).
Si a, b, c et d sont 4 points propres distincts de D, on retrouve la définition ancienne du birapport ou rapport anharmonique :
Les transformations projectives ou homographies sont des transformations étudiées en géométrie projective. Elles s'obtiennent comme composée d'un nombre fini de projections centrales. Elles décrivent ce qui arrive aux positions observées de différents objets quand l'œil de l'observateur change de place. Les transformations projectives ne conservent par toujours les distances ni les angles mais conserve les propriétés d'incidence et le birapport - deux propriétés importantes en géométrie projective. On trouve des transformations projectives sur des droites, dans des plans et dans l'espace.
Propriété fondamentale : En dimension finie, une transformation projective est entièrement déterminée par l'image d'un repère de l'espace projectif.
Soient 2 espaces projectifs
On peut alors effectuer un " passage au quotient " des applications linéaires injectives de
On peut aussi parler plus généralement d'application projective, en n'exigeant pas l'injectivité de l'application linéaire
Il existe une infinité d'applications linéaires associées à une homographie mais ces applications linéaires forment une droite vectorielle de
En dimensions finies p,n, si on dispose d'un système de coordonnées homogènes, une homographie pourra être définie par une classe de matrices non nulles de format (n+1)*(p+1) toutes multiples de l'une d'elles. A étant une de ces matrices et X une matrice-colonnes de coordonnées homogènes de
Si E est un espace vectoriel sur
Cette topologie permet de définir sur l'espace quotient
On montre que
On munira donc l'espace projectif P(E) de cette topologie. Elle permet de parler d'homéomorphisme et de remarquer, par exemple, que la droite projective réelle est homéomorphe à un cercle, la droite projective complexe étant homéomorphe à une sphère (voir l'article sphère de Riemann pour un homéomorphisme explicite).
Si E est un K-espace vectoriel de dimension finie n, son dual E* est aussi un K-espace vectoriel de dimension n. On peut donc associer à l'espace projectif P(E), son dual P(E*). Une droite de P(E*) correspondra à un faisceau d'hyperplans dans P(E). Le passage au dual permet d'inverser un grand nombre de propriétés géométriques.
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