Le théorème de Wantzel précise les conditions nécessaires et suffisantes pour qu'un nombre soit constructible. Il peut s'énoncer de la manière suivante
Le réel a est constructible si et seulement s'il existe une suite finie de corps Li tels que
Pierre-Laurent Wantzel donne alors une condition nécessaire pour qu'un nombre a soit constructible :
Cette condition nécessaire permet (par sa contraposée) de démontrer que la duplication du cube et la trisection de l'angle ne sont pas réalisables à la règle et au compas.
Toutefois, cette condition nécessaire n'est pas suffisante. Par exemple, le polynôme x4 + 2x - 2 est bien irréductible de degré 4 mais ses racines ne sont pas constructibles (voir la démonstration).
Article détaillé: Nombre constructible
Les Grecs ne pouvaient imaginer que des nombres positifs constructibles. Il faut pour suivre la démonstration élargir le champ des nombres constructibles en ajoutant la condition : si a est constructible alors - a est constructible.
D'où une nouvelle définition des nombres constructibles : est constructible toute coordonnée d'un point constructible.
La démarche est alors la suivante : si K est un corps de nombres constructibles, on considère, dans le plan, tous les points dont les coordonnées appartiennent à K, l'ensemble EK. Quels sont les points que l'on peut construire à la règle et au compas à partir des points de EK ?
Deux droites (AB) et (CD) dont les points A, B, C, D sont dans EK ont pour équation
Trouver les coordonnées (x , y) du point d'intersection I de ces deux droites revient à résoudre un système d'équations linéaires dans K. Les réels x et y sont éléments de K. Le point I appartient à EK.
La droite (AB) a pour équation ax + by + c = 0 et le cercle de centre C passant par D a pour équation x² + ux + y² + vy + t = 0.
Trouver les coordonnées des points d'intersection du cercle et de la droite revient, par substitution, à résoudre une équation du second degré sur K :P2(x) = 0 ou P2(y) = 0. Si le point d'intersection existe, ou bien cette équation possède des solutions dans K, ou bien cette équation est irréductible sur K mais possède des solutions dans l'extension quadratique L = K(X)/P2. Alors tous les réels de L sont aussi constructibles car ils s'écrivent a + bx où a et b sont dans K et x est solution de P2(x) = 0
Trouver l'intersection de deux cercles revient à trouver l'intersection d'un cercle avec une droite car le système
équivaut au système
Les coordonnées des points d'intersections appartiennent alors, soit à K soit à une extension quadratique de K constituée de nombres constructibles.
Un nombre est constructible si et seulement si on peut le construire en n étapes comme intersection de deux cercles, de deux droites ou d'un cercle et d'une droite, en partant de points dont les coordonnées sont rationnelles.
À chaque étape, ou bien les coordonnées reste dans le corps K de nombres constructibles d'origine ou bien " saute " dans une extension quadratique de celui-ci. Il existe bien une suite d'extensions quadratiques vérifiant les conditions requises.
Article détaillé: Tour d'extension quadratique
La force du théorème de Wantzel est de dire que, puisque a appartient au dernier maillon d'un chaîne d'extensions quadratiques, il est solution d'une équation de degré 2n sur
En conséquence, comme le polynôme caractéristique de
Enfin, réaliser la trisection de l'angle revient à construire, à partir du point de coordonnées (a , b)
le point de coordonnées
En utilisant la formule trigonométrique
on s'aperçoit que cos(q) doit être solution de l'équation:
qui est de degré 1 ou de degré 3 sur
Dans la même publication, Pierre-Laurent Wantzel, complète les travaux de Gauss sur les polygones constructibles dans ce qu'on appelle désormais le théorème de Gauss-Wantzel.