Le corporatisme est un terme faisant référence à deux concepts. Premièrement, le corporatisme est une doctrine économique et sociale basée sur le regroupement de différents corps de métier au sein d'institutions qui défendent leurs intérêts. Par extension, ce terme qualifie maintenant l'utilisation de pouvoirs économiques, sociaux et politiques par certains groupes puissants qui ne chercheraient qu'à défendre leurs intérêts (ou l'intérêt de leurs membres) au détriment de l'intérêt commun. On peut alors le considérer comme un système économique.
Le corporatisme est la défense d'une organisation économique, sociale, voire politique, reposant sur des corporations professionnelles. Cette idéologie est apparue à la fin du XIXe siècle en recherche d'une troisième voie économique et sociale entre le capitalisme libéral et les idéologies révolutionnaires (marxisme, anarchisme). Elle semble d'abord avoir été promue par les mouvements chrétiens sociaux, en référence à un Moyen Âge idéalisé.
L'idéologie corporatiste a connu une grande vogue dans les années 1930, permettant de faire la synthèse de plusieurs mouvements apparemment contraire :
Parmi les mouvements corporatistes et non-conformistes, beaucoup se sont rapprochés, temporairement ou non, de certaines formes de fascisme.
Ces mouvements, dans l'économie française dévastée post-Seconde Guerre mondiale, ont cependant contribué à l'émergence de la France moderne (grâce à la planification ou les négociations collectives).
À la fin des trente glorieuses, les mouvements corporatiques ont perduré, malgré leur inadaptation à une économie mûre.
Un grand nombre d'organisations sont incriminées de corporatisme en France, que ce soit dans le secteur public ou privé.
Les syndicats de salariés sont régulièrement accusés de contrôler les décisions du gouvernement en place, en faisant pression grâce à leur pouvoir sur l'économie du pays et le nombre de voix dont bénéficient leurs adhérents. Les syndicats modifient également le bon fonctionnement de l'économie en défendant les travailleurs en place sans rechercher le bien des chômeurs et des consommateurs (voir Théorie des insiders-outsiders).
Les grands corps de l'État disposent d'un grand pouvoir économique, social et politique. Ils sont accusés de corporatisme parce qu'ils ne recrutent que dans certaines grandes écoles (qui elles-mêmes sont très sélectives).
Certaines organisations professionnelles sont accusées de corporatisme parce qu'elles contrôlent elles-mêmes l'accès à la profession, et ont parfois une justice interne (qui ne prétend être que complémentaire à la justice officielle, le régime dont bénéficiaient les corporations de l'ancien régime n'existant plus). Beaucoup de ces organisations professionnelles ont été créées à l'initiative de l'État.
Les professions concernées sont nombreuses : médecins, avocats, pharmaciens, notaires, huissiers de justice, administrateurs judiciaires, avoués, journalistes.
La grande majorité des dirigeants des grandes entreprises étant issus d'un petit nombre de familles ou des grandes écoles, et pour la plupart de parents déjà cadres dans ce type d'entreprises, certains y voient une forme de corporatisme puisque l'accès par les non-initiés n'y est pas favorisé. De plus, les actions de communication et notamment de lobbying des grands groupes peuvent être interprétées comme une forme d'action corporatiste puisqu'elles ne visent pas l'intérêt général mais bien celui d'un groupe restreint de personne.
Les organisations patronales françaises défendent les chefs d'entreprises et les cadres.
Ce type spécifique d'associations étudiantes est accusé de corporatisme pour deux raisons : elles se font nommer "corporations" et rechignent à se renommer, et sont filiéristes, à savoir, représentent les étudiants de par leur filière d'études. Ces associations répondent à ces reproches en mettant en avant leur organisation en fédérations nationales et les liens entre les corpos.