La statue équestre tient un rôle à part dans le domaine de la sculpture. C'est la statue d'un personnage monté sur un cheval.
Elle est réservée aux monarques, aux héros ou aux guerriers conquérants et présente toujours un exercice de virtuosité de l'artiste. De par sa nature, elle ne peut être que très difficilement réalisée en pierre, le bronze est donc nécessaire, mais même dans ce métal, sa réalisation tient de la prouesse.
De manière anecdotique, il existerait une règle tacite tentant sans doute plus de la légende urbaine (réf. en anglais : (lien) et (lien)) et, dans les faits, peu suivie, qui permettrait de déterminer les conditions de la mort du cavalier : lorsque le cheval a les deux jambes avant levées, son cavalier est mort au combat, tandis que lorsque seule une jambe avant est levée, le cavalier est mort à la suite de ses blessures au combat. Si les quatre pattes touchent terre, le héros est mort naturellement.
La statue équestre de Marc-Aurèle est sans doute la statue équestre la plus célèbre, et aussi la plus ancienne, la seule de la Rome antique qui soit parvenue jusqu'à nous. Reposant sur trois pieds, le cheval et son cavalier de bronze, démontrent la maîtrise des fondeurs antiques. La statue était à l'origine entièrement dorée. Celle que l'on admire de nos jours est en fait une parfaite réplique, l'original étant conservé à l'abri de la corrosion dans les salles du Musée du Capitole.
Une représentation de la statue a été choisie par le gouvernement italien pour figurer sur la pièce de 50 centimes d’euro.
Pour la petite histoire cette statue a survécut à la fonte car les Chrétiens, qui démantelèrent tous les bronzes de Rome, croyaient qu'il s'agissait de la statue de Constantin Ier, premier Empereur Chrétien.
Donatello (1386-1466) réalise cette statue très inspirée de celle de Marc-Aurèle. C'est la première statue équestre depuis l'antiquité. Le condottière Gattamelata est vêtu à l'antique et monte un lourd cheval, cependant les parfaites proportions de l'ensemble constitueront pour longtemps un modèle pour les statues équestres à venir. La statue est sur la Piazza del Santo à Padoue.
Œuvre du sculpteur florentin Andrea Del Verrocchio (1435-1488), la statue est une commande de la République de Venise. Le Condottiere (chef des compagnies de mercenaires), laissa à sa mort, toute sa fortune à Venise, à condition qu'une statue à sa gloire soit érigée sur la place Saint Marc. Finalement la statue fut déposée devant la scuola Saint-Marc. Elle a été réalisée entre 1479 et 1488, c'est la dernière œuvre de Verrocchio. L'expression volontaire et farouche du Condottiere et le mouvement fougueux du cheval rendent l'ensemble majestueux. Cette statue est considérée comme l'un des plus grands chefs d'œuvre de la statuaire mondiale.
statue en bronze de Jean Bologne, place de la Signoria [(lien)]
La statue équestre de Philippe III est une œuvre de jeunesse créée par Pietro Tacca (1577-1640) en collaboration avec son maître Jean de Bologne (1529-1608). Le roi reste assez hiératique dans une composition qui rappelle encore la Renaissance et est très inspiré de la statue de Marc-Aurèle, même attitude du cavalier et du cheval. Elle se trouve sur la Plaza Mayor de Madrid.
Œuvre maîtresse du même Pietro Tacca, cette statue gigantesque, quatre fois plus que nature, est un chef-d'œuvre de virtuosité. C'est une des première statue équestre présentant un cheval cabré, la fluidité de la statue est surprenante : elle semble s'exonérer des lois de la gravité. Pietro Tacca a recours à une astuce pour garantir l'équilibre de son œuvre en faisant reposer la masse de bronze sur trois appuis : les pattes arrière du cheval, mais aussi la queue de l'animal, qui touche le socle. La statue est érigée sur la Plaza de Oriente près du Palais royal à Madrid.
La photo ci contre représente la statue en bronze du Roi-Soleil de la cour d'honneur, qui a été érigée en 1837 dans le cadre des travaux de réfection prescrits par Louis-Philippe 1er. Sur place on peut d'ailleurs constater que les statues du cheval et du roi ont des proportions légèrement différentes.
Il existe par ailleurs à Versailles une autre statue équestre, commandée par Louis XIV en 1671 au célèbre sculpteur et architecte Gianlorenzo Bernini dit le Bernin (1598 -1680). Celui-ci la réalise en marbre et la livre en 1677 pour occuper le centre de la cour d'honneur de Versailles, mais elle déplaît au roi qui préfère le style classique et la trouve trop baroque. Elle sera par la suite transformée en Marcus Curtius et placée près de la pièce d'eau des Suisses dans les jardins de Versailles. En 1988, une réplique en plomb sera exécutée par les fonderies Coubertin et est placée dans la cour Napoléon du Louvre. En 2005, cette statue équestre remarquable a été transférée par la société Bovis ((lien)) vers son nouveau lieu d'exposition, à l'orangerie du château.
Une première statue en pieds de Louis XIV, due à Martin Desjardins et érigée à cet emplacement sera enlevée et fondue pour produire des canons en 1792. Pour réparer cette perte, Louis XVIII commande une nouvelle statue au sculpteur François Joseph Bosio (1768 -1845). La statue est inaugurée le 25 août 1828. Bosio, qui s'est inspiré de la statue de Philippe III, représente le Roi Soleil en empereur romain sur un cheval cabré dans un pur style baroque. Sur le socle de la statue, des bas-reliefs en bronze illustrent le passage du Rhin par les troupes françaises et l'institution de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis par Louis XIV en 1693. La statue est visible de nos jours au centre de la place.
La statue qui trône au centre de la célèbre place est une œuvre du sculpteur lyonnais François-Frédéric Lemot qui la réalisa en 1825 pour remplacer celle détruite pendant la révolution. Cette statue fut coulée à Paris et transportée à Lyon, en douze jours, sur un attelage trainé par vingt-quatre chevaux. Elle fut payée 373 750 francs. L'entrée de la statue dans la ville fut une occasion de fêtes qui attirèrent un grand concours de spectateurs. On discuta, on écrivit beaucoup au sujet des inscriptions à placer sur le piédestal. L'Académie de Lyon s'en mêla. L'inauguration eut lieu le 3 novembre 1826, veille de la fête de Charles X. Une tribune en forme de cirque, très élégamment décorée, avait été construite pour recevoir les autorités et les principaux habitants de Lyon. Des médailles commémoratives de la cérémonie furent distribuées en grand nombre. Une particularité de cette statue est le chevauchement à la romaine (sans étriers) du cavalier.
En 1848, elle faillit connaître le même sort que la statue précédente mais les nouveaux révolutionnaires se contenteront finalement d'effacer la dédicace en latin. Une nouvelle fois, en 1871 il fut question de l'enlever de la place. Elle y resta, anonyme, les Lyonnais la nomment " le cheval de bronze ".
C'est avec le bronze récupéré de la statue du général Desaix déboulonnée de la place des Victoires qu'est réalisée une copie de la statue de Henri IV détruite à la Révolution. Louis XVIII commande la statue à Frédéric-François Lemot qui la recrée d'après des gravures, elle est inaugurée en 1818. Le fondeur était, dit-on, bonapartiste, et aurait caché dans la statue une statuette de Napoléon. Effectivement, la restauration réalisée récemment permit de découvrir 4 boîtes en plomb qui contenaient les documents officiels et des médailles de l'inauguration et 3 petites boîtes inattendues contenant des documents dont la teneur n'a pas été révélée.
Cette statue en marbre blanc, œuvre de Jean-Pierre Cortot et Louis Dupaty, a été installée en 1825 en remplacement de celle détruite à la Révolution.
Due au sculpteur français Falconet, cette statue, connue sous le nom de " Le Cavalier de bronze ", fut érigée sur un socle monolithique de 1250 tonnes (voir article mégalithe). Elle fut inaugurée par Catherine II en 1782.
La Révolution française a ordonné la destruction de la quasi-totalité des grandes statues de bronze royales à travers la France pour récupérer le bronze précieux afin de fondre des canons et aussi pour abattre les symboles de la monarchie.
Cette statue, commandée par Marie de Médicis vers 1605, devait être exécutée à Florence par Jean de Boulogne, mais celui-ci décède et c'est son élève, François Franqueville qui la termine enfin en 1613. Elle est envoyée en France par mer, mais le bateau fait naufrage au large de la Sardaigne. Il fallut attendre encore un an pour repêcher la statue qui est enfin érigée le 23 août 1614. La statue est détruite et refondue à la Révolution. C'était la première statue équestre en bronze d'un monarque français.
Cette statue, sera érigée en 1699 sur la place Louis Le Grand, aujourd'hui place Vendôme. C'était une statue monumentale de 6,5 mètres de hauteur, le chef-d'œuvre du sculpteur. Elle a été détruite durant la Révolution française. Une fonte en miniature est visible au musée du Louvre.
La place Bellecour subit à la fin du règne de Louis XIV un renouveau urbanistique et est baptisée place Louis le Grand. Une statue équestre, œuvre de Martin Desjardins, y est installée en 1713. Sur son socle des bas-reliefs représentent le Rhône et la Saône, ils ont été sauvés de la destruction et conservés à l'hôtel de ville pendant de longues années avant d'être réinstallés de part et d'autre du piédestal de la nouvelle statue de 1952. Mais de la statue il ne reste rien et la place entière sera détruite pour punir Lyon de sa résistance anti-révolutionnaire.
C'est Richelieu qui commanda en 1639 cette statue de bronze pour occuper le centre de la place Royale (rebaptisée en 1800 place des Vosges) afin d'y empêcher les duels fréquents qui s'y déroulaient. Lors de la révolution, elle sera détruite pour récupérer le bronze afin de fondre des canons.
Cette statue avait été dessinée par Jules Hardouin-Mansart et était une magnifique œuvre en bronze de 450 quintaux. Elle fut érigée au Peyrou le 27 février 1718 et placée sur un piédestal en marbre de Carrare de 6 mètres de haut sur lequel a été gravée une inscription en latin : "Les États du Languedoc ont voté ce monument à Louis Le Grand de son vivant et l'ont érigé après sa mort en 1718". La statue fut abattue le 2 octobre 1792 et les débris envoyés à Lyon pour être échangés contre huit canons destinés à armer la milice provinciale.
En 1482, Ludovic Sforza duc de Milan, proposa à Léonard de Vinci de construire la plus grande statue équestre du monde : un monument à la gloire de son père François Ier Sforza. Après presque 16 années d'études, Léonard termina la construction du modèle, mais n'eut jamais l'occasion de la réaliser en bronze.
En 1999, en s'inspirant de ce projet, deux reproductions du cheval uniquement furent créés. Un exemplaire du Cheval de Léonard se trouve à Milan et l'autre à Grand Rapids au Michigan.