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Un super Frelon de la Marine nationale française. |
Le SA.321 Super Frelon est un hélicoptère lourd conçu par la société française Sud Aviation, en collaboration avec Sikorsky (rotors) et Fiat (transmission).
Début 1960, il devint évident au sein du bureau d'études de Sud-Aviation à La Courneuve que le SE.3200 Frelon ne répondait pas aux exigences du marché d’État pour lequel deux prototypes avaient été construits. Partant des leçons de cet échec, trois nouvelles configurations furent développées, SA.3210, SA.3220 et SA.3230. C’est finalement la première, qui ne conservait du Frelon que la formule trimoteur, qui fut retenue et deux prototypes furent mis en chantier, toujours à la Courneuve, en septembre 1961. Amphibie, le futur appareil disposait d’un nouveau rotor à 6 pales mis au point par Sikorsky et d’une chaîne de transmission fournie par Fiat.
Le SA 3210-01 {F-ZWWE] fut achevé en version " Armée de l’air ", donc avec une coque hydravion permettant un amerrissage en toute sécurité, mais sans flotteurs. Équipé de turbines Turbomeca Turmo III C-2 de 1 300 ch et d’un train fixe, il effectua son premier vol à Marignane le 7 décembre 1962 avec un équipage bien connu, qui avait couvert la totalité du programme Frelon : Jean Boulet, Roland Coffignot, Joseph Truchini et JM Besse.
Remis au standard après avoir battu une série de records de vitesse, le 01 participa aux essais du missile air-mer Exocet en 1973 avant de rejoindre le Musée de l'air et de l'espace du Bourget le 14 mars 1974.
Le SA 3210-02 [F-ZWWF] représentait la version " Marine " et disposait donc de flotteurs latéraux dans lesquels s’escamotaient le train principal. Cet appareil effectua son premier vol le 28 mai 1963 et fut présenté avec le 01 au Bourget à l’occasion du 25e salon aéronautique. Utilisé pour des essais marins sur le lac du Bourget puis l’étang de Berre, il participa aussi aux premiers appontages sur le porte-hélicoptères Jeanne d'Arc. Il termina sa carrière au CEV (cabine transformée en simulateur et fuselage utilisé pour des essais incendie).
Dès mai 1963, les résultats obtenus durant les essais en vol incitèrent à modifier le 01 pour s’attaquer aux records de vitesse pour hélicoptère. Avec l’aide de Marcel Riffard, dessinateur des fameux avions de course Caudron, on s’attacha donc à affiner l’appareil : les têtes de rivets furent recouvertes d’adhésif, les poignées des portes démontées, les hublots bombés remplacés par des hublots plats, le décrochement arrière effacé sous un carénage, le train d’atterrissage remplacé par des patins non amortis et le moyeu du rotor principal équipé d’un carénage hémisphérique. Bien entendu le prototype fut allégé au maximum, mais des instruments de télémesure furent ajoutés pour surveiller depuis le sol la tenue des rotors.
L’appareil fut confié à Jean Boulet et Roland Coffignot, assisté de Joseph Turchini et la première tentative eut lieu au dessus de la plaine de la Crau, au nord de la Camargue, le 18 juillet 1963. Le 19 juillet 1963, le record sur base de 3 km était porté à 341,23 km/h au dessus de la base d’Istres. Le 23 juillet 1963 le record sur base 15/25 km détenu par le Sikorsky SH-34 depuis février 1962 passa de 320,39 à 350,47 km/h et le même jour le record sur 100 km en circuit fermé fut littéralement pulvérisé : 334,28 km/h.
Les prototypes furent suivis de 4 appareils de présérie [F-ZWWH/K], un seul étant en configuration Armée de l’Air, le 04 (premier vol le 4 mai 1964). Il servit à des essais radio, puis fut finalement équipé de flotteurs et livré à la Marine nationale en 1969. Le 03 (premier vol le 31 janvier 1964) servit aux essais d’endurance et à la mise au point des turbines avant d’être confié à l’Aéronautique navale. En mai 1965, il fut victime d’une rupture de l’arbre de transmission du rotor anti-couple et s’écrasa dans le Golfe de Saint-Tropez (1 tué, 4 blessés). Le 05 (premier vol le 28 juillet 1964) fut utilisé pour les essais de pliage des pales et de la poutre de queue, puis des essais de moteur au CEV, avant d’être livré à son tour à la Marine en mai 1984, et le 06 (premier vol le 9 janvier 1965) était équipé d’un sonar pour les essais de lutte ASM. Il se distinguait par un radar à l’avant du nez qui lui valut le surnom de Pinocchio au CEV. Livré à la Marine le 9 octobre 1969, il fut perdu sur accident le 19 octobre 1989.
La production de série fut lancée en septembre 1964, impliquant plusieurs usines : Les fuselages étaient construits à Marignane, où s’effectuait également l’assemblage et les essais en vol. À Toulouse, Sud-Aviation produisait les portes arrières, Latécoère la pointe avant et Messier l'atterrisseur. Les capots-moteur et flotteurs sortaient de l’usine de Saint-Nazaire et les transmissions mécaniques de l’usine Fiat de Turin. Une répartition qui fut modifiée à plusieurs reprises en fonction des contraintes industrielles et des commandes. Le premier Super Frelon de série prit l’air le 30 novembre 1965. Au total 99 Super Frelon ont été construits, 27 pour la France et 72 pour des clients à l’exportation.
Pour tester en ligne l’appareil le prototype fut mis à la disposition de la compagnie Olympic Airways qui l'exploita durant les saisons d'été 1968 et 1969 sur le réseau insulaire grec. Mais cette exploitation étant largement déficitaire elle ne fut pas renouvelée. Devenu [F-BTRP], puis stocké de nombreuses années, cet appareil a été partiellement restauré en septembre 1991 par l’école des apprentis de l’Aérospatiale et cédé Musée de l’Hélicoptère à Weston-super-Mare. Acheminé en Grande-Bretagne par la route, il y est exposé, repeint aux couleurs d’Olympic Airways.
Dès 1965 le prototype 02 et les 4 appareils de présérie furent affectés au CEPA de Saint-Raphaël, mais le 03 fut perdu sur accident le 30 mai. Il fut remplacé par un nouveau 03 [F-WMCU], en fait le 07 appartenant à l’École des mécaniciens de Sud-Aviation. Chargée de former les équipages, l’escadrille 20S, toujours à Saint-Raphaël, reçut 4 Super Frelon entre le 22 août et novembre 1966, mais un exemplaire (c/n 102) fut perdu en cours de livraison (rupture de pale au dessus de Pourières, 8 morts). Ces appareils permirent de former le 1er décembre 1967 l’escadrille 27S, qui devait remplacer la Section liaison Pacifique (SLPAC) équipée de Catalina. La 27S embarqua le 8 mars 1968 sur le Clemenceau avec 4 appareils. Basés à Hao, ils assurèrent les missions les plus diverses : transport de matériel et de passagers, évacuations sanitaires, ... Un cinquième Super Frelon fut livré en 1970 dans le Pacifique, mais un appareil fut renvoyé en France en 1971 et deux autres en 1974. En juillet 1978 les deux derniers Super Frelon du Pacifique embarquèrent sur le TCD Ouragan pour rejoindre Toulon.
Le premier Super Frelon ASM fut livré à la 20S en décembre 1967, et après une campagne d’endurance de 1 000 heures entre octobre 1968 et juillet 1969, les premiers équipages de la flottille 32F furent formés entre septembre 1969 et janvier 1970. Destinés à remplacer les Sikorsky HSS-1, les 4 premiers Super Frelon arrivèrent à Lanvéoc-Poulmic le 21 janvier 1970. Équipés de 4 torpilles Mk 44 et de 4 grenades sous-marines, ils étaient chargés de la protection de la base sous-marine de l’île Longue, mais participaient aussi aux missions SAR ou aux opérations anti-pollution sur les épaves de pétroliers naufragés avec le système anti-pollution SOKAF. En 1980 les Lynx ont remplacé les SA.321G dans les missions ASM et la 32F a été reconvertie en flottille de transport et de sauvetage. À partir de septembre 1993, elle n’effectua plus que les missions de soutien spécifiques à la Bretagne.
C’est en juin 1979 qu’arrivèrent à Saint-Mandrier les premiers Super Frelon devant remplacer les Sikorsky HSS-1 de la flottille 33F, unité de transport d'assaut, associée au Groupement des fusiliers marins commandos et intégrée à l’aviation embarquée. À partir de juin 1982, la flottille fut engagée au Liban dans les missions Olifant (avec renfort d’appareils de la 32F en septembre 1982 et septembre 1983). Les hélicoptères de la flottille 33F participèrent également, entre autres, à l’opération Daguet en 1990/91, et à l’opération Balbuzard en soutien du contingent français engagé dans l’ex-Yougoslavie de janvier 1993 à juillet 1995. Baptisées Salamandre, les missions de soutien des forces de l’IFOR voient encore les Super Frelon embarquer sur le porte-avions Clemenceau en mer Adriatique de décembre 1995 à décembre 1996.
Le 1er octobre 1999 la flottille 33F a été dissoute, fusionnant avec l’escadrille 23S pour constituer à Hyères une nouvelle flottille, la 35F. Celle-ci disposait initialement de 5 SA 321G, 3 AS.365F Dauphin et 6 Alouette III, mais le 1er juin 2001 l’état-major de la marine décida de regrouper les hélicoptères de même type dans les mêmes flottilles, et les Super Frelon de la 35F furent transférés à la 32F.
Le 1er janvier 2008 il restait 7 Super Frelon en service à la 32F, dont 1 détaché à Hyères, arborant un camouflage deux-tons de gris et utilisés pour les missions SAR ou C-SAR avec dépose de commandos. Ils devaient être remplacés en 2005 par des NH-90NFH pour les missions SAR et des EC-725 AP pour les missions Resco mais ces derniers ne seront opérationnelles qu'en 2011 au plus tôt. Pour entretenir une machine en 2008, il faut trente hommes par heure de maintenance pour une heure de vol.
Un hélicoptère Super Frelon sur le pont d'envol du Clemenceau (1985) |