En informatique, on dit qu'un routeur fait du Network Address Translation (NAT) (ce qu'on peut traduire de l'anglais en " traduction d'adresse réseau ") lorsqu'il fait correspondre les adresses IP internes non-uniques et souvent non routables d'un intranet à un ensemble d'adresses externes uniques et routables. Ce mécanisme permet notamment de faire correspondre une seule adresse externe publique visible sur Internet à toutes les adresses d'un réseau privé, et pallie ainsi la carence d'adresses IPv4 d'Internet.
Un campus est composé de 1 000 hôtes (ordinateurs, imprimantes, etc.), répartis dans 4 sous-réseaux. Sans utilisation du NAT, un tel campus nécessiterait l'attribution de presque 1 000 adresses IPv4 uniques et routées.
En interfaçant un tel campus avec l'Internet via un routeur qui implémente NAT, on peut changer le plan d'adressage interne et utiliser des adresses non uniques (utilisées ailleurs dans le monde) et non routables sur Internet (cf. RFC 1918). On parle aussi d'adresses publiques (uniques au monde) et privées (uniques seulement dans le réseau privé). Un des buts du NAT est de rendre les adresses privées invisibles depuis Internet.
On n'assignera que quelques centaines d'adresses à l'ensemble des adresses externes du NAT, sachant que les imprimantes (et certains autres équipements) n'ont pas besoin de communiquer avec l'extérieur de façon permanente (donc leurs adresses n'ont pas besoin d'être traduites).
Le NAT permet donc de diminuer significativement le nombre d'adresses IP uniques utilisées.
Pour faire correspondre les adresses internes avec un groupe d'adresses externes, on se sert d'une table. Celle-ci contient des paires (adresse interne, adresse externe (traduite)). Quand l'adresse interne émet une trame qui traverse le routeur NAT, cette adresse est remplacée dans l'en-tête du paquet TCP/IP par son adresse IP externe. Le remplacement inverse sera fait quand une trame vers cette adresse externe doit être traduite en IP interne.
Aussi, on peut réutiliser une entrée dans la table de correspondance du NAT si aucun trafic avec ces adresses n'a traversé le routeur pendant un certain temps (paramétrable).
IP interne | IP externe | Durée (s) | Réutilisable ? |
---|---|---|---|
10.101.10.20 | 193.48.100.174 | 1200 | non |
10.100.54.251 | 193.48.101.8 | 3601 | oui |
10.100.0.89 | 193.48.100.46 | 0 | non |
Voici par exemple une table de NAT simplifiée. On supposera qu'une entrée pourra être réclamée si la traduction n'a pas été utilisée depuis plus de 3 600 secondes.
La première ligne indique que la machine interne, possédant l'adresse IP 10.101.10.20 est traduite en 193.48.100.174 quand elle converse avec le monde extérieur. Elle n'a pas émis de paquet depuis 1 200 secondes, mais la limite étant 3 600, cette entrée dans la table lui est toujours assignée. La seconde machine est restée inactive pendant plus de 3 600 secondes, peut-être qu'elle est éteinte, une autre machine peut reprendre cette entrée (en modifiant la première colonne puisqu'elle n'aura pas la même IP interne). Enfin, la dernière machine est actuellement en conversation avec l'extérieur, le champs Durée étant 0.
Actuellement, la plupart des pare-feu et routeurs possèdent cette caractéristique. Elle est par exemple utilisée par les abonnés ADSL qui connectent plusieurs ordinateurs sur une ligne unique.
Les adresses internes peuvent être choisies parmi les adresses définies dans la RFC 1918. Ainsi plusieurs sites peuvent avoir le même adressage interne et communiquer entre eux en utilisant ce mécanisme. Étant donné que les adresses internes sont réutilisées, on économise des adresses IP, dont l'occupation, en IPv4, arrive à saturation.
On peut avoir moins d'adresses dans l'ensemble des adresses traduites que ce qu'on a comme adresses IP à l'intérieur du réseau, si l'on met en place un mécanisme permettant de récupérer des adresses inutilisées après un certain temps (on appelle ceci un bail). Plus précisément, si une entrée dans la table des traductions n'est pas utilisée pendant un certain temps (paramétrable dans le serveur DHCP du réseau), cette entrée peut-être réutilisée : une autre machine avec une adresse interne va récupérer l'adresse externe.
Le NAT masquant l'adresse IP de la machine interne, participe ainsi à la sécurité du site.
Le problème majeur se pose lorsqu'un protocole de communication transmet l'adresse IP de l'hôte source dans un paquet. Cette adresse n'étant pas valide après avoir traversé le routeur NAT, elle ne peut être utilisée par la machine destinatrice. Ces protocoles sont dit " à contenu sale " ou " passant difficilement les pare-feu ", car ils échangent au niveau applicatif (FTP) des informations du niveau IP (échange d'adresses) ou du niveau TCP (échange de ports), ce qui transgresse le principe de la séparation des couches réseaux.
Quelques protocoles " à contenu sale " : FTP en mode passif, H.323, les protocoles faisant du poste-à-poste (IRC-DCC), les protocoles de gestion de réseau (DNS, certains messages ICMP, traceroute), le protocole SIP.
Pour pallier cet inconvénient, les routeurs NAT doivent inspecter le contenu des paquets qui les traversent, et remplacer les adresses IP spécifiées par les adresses traduites. Notez que cela implique de connaître le format du protocole, de recalculer la somme de contrôle et la longueur du paquet.
Le NAT ne fait que participer à la politique de sécurité du site, et ce n'est pas son objectif principal : une fois la traduction établie, elle est bidirectionnelle.
Où un ensemble d'adresses internes est traduit dans un ensemble de même taille d'adresses externes. Ces NAT sont dites statiques car l'association entre une adresse interne et son homologue externe est statique (première adresse interne avec première externe…). La table d'association est assez simple, de type un pour un et ne contient que des adresses. Ces NAT servent à donner accès à des serveurs en interne à partir de l'extérieur.
Il existe trois types de NAT statiques :
Où un ensemble d'adresses internes est traduit dans un plus petit ensemble d'adresses externes. Ces NAT sont dites dynamiques car l'association entre une adresse interne et sa contre-partie externe est créée dynamiquement au moment de l'initiation de la connexion. Ce sont les numéros de ports qui vont permettre d'identifier la traduction en place : le numéro du port source (celui de la machine interne) va être modifié par le routeur. Il va servir pour identifier la machine interne.
Il existe plusieurs types de NAT dynamiques :
Quelques subtilités :