Cet article décrit la politique environnementale des États-Unis d'Amérique.
" Le secteur de la gestion de l'environnement fait des États-Unis le premier état dans le monde par sa puissance : près de 115 200 sociétés y sont liées ; 1,3 millions d'actifs y sont employés[1]. "
Les premiers parcs nationaux ont été instaurés, avec le parc du Yellowstone en 1872. En 1890, la frontière est officiellement fermée et le Yosemite Act reconnaît le besoin de protéger les espaces naturels, en particulier à l'ouest. Le pays compte aujourd’hui 57 parcs nationaux ; en 2003, 34,4 millions d'hectares sont classés parcs d'état ou parc national[2]. Au début du XXIe siècle, les États-Unis possèdent 380 parcs et monuments nationaux[3].
La protection des forêts américaines est une préoccupation ancienne : en 1887, le gouvernement crée le Forest Bureau au sein du département de l'agriculture[4]. En 1891, sept millions d'hectares sont déjà préservés et le président peut classer des zones en forest reserve qui deviendront plus tard les national forest.
L'espace forestier public, qui représente 1/3 des forêts du pays, est géré par le United States Forest Service. Cette agence fédérale a été créée en 1905 et emploie aujourd'hui près de 30 000 personnes[5]. Il est par la suite rattaché au département de l'Agriculture. Il joua un grand rôle pendant la Grande Dépression et la Seconde Guerre mondiale et appliqua les méthodes du productivisme scientifique. Pendant les Trente Glorieuses, la consommation de bois augmente et les forêts américaines deviennent des espaces de loisir et de récréation, dans la droite ligne de l'esprit pionnier et du Mutiple Use Sustained Yield Act de 1960. Devant la pression des protecteurs de la nature, notamment du Sierra Club, le Congrès vote le Wilderness Act (1964) qui crée des zones totalement protégées des activités humaines. Le Forest Service doit abandonner 20 % de ses forêts publiques[5]. En 1976, le National Forest Management Act essaie de concilier les intérêts industriels et la protection de la nature. Sous la présidence de Ronald Reagan, la production de bois repart à la hausse, notamment dans les États du Nord-Ouest. La loi sur la protection de la chouette tachetée permet de stopper les coupes massives : dans les années 1990, la vente de bois des forêts fédérales chute de 70 %[6]. Aujourd'hui, les forêts couvrent 226 millions d'hectares dont 75 millions sont protégés des coupes illégales[7]. Les neuf bureaux régionaux du NFS gèrent 155 forêts[8].
Les États-Unis utilisent beaucoup le bois comme matériau de construction dans l’architecture civile (green houses). Ses qualités écologiques sont nombreuses (voir l’article bois).
Les années 1960 et 1970 voient une prise de conscience des problèmes écologiques et des gaspillages aux USA: la biologiste américaine Rachel Carson (1907-1964) publie en 1962 Silent Spring ("Le printemps silencieux"), qui accuse certains pesticides d'être dangereux pour les oiseaux et pour l'homme. Rachel Carson a été auditionnée par le Congrès après la publication de son livre, qui aurait contribué à lancer le mouvement écologiste dans le monde. Celui-ci a eu une très forte influence aux États-Unis où il a poussé les élus à établir de nouvelles lois sur l'autorisation des pesticides.
En 2004 les États-Unis ont produit 6 752 MWe d'énergie éolienne, en troisième position derrière l'Allemagne et l'Espagne. Les grands parcs éoliens se trouvent en Californie.
En 2004-2005, l'énergie solaire captée sur les toits par des cellules photovoltaïques représentait 950 000 mégawatts dans tout le pays. En 2004, 14 000 mégawatts photovoltaïques ont été vendus aux États-Unis. Plusieurs entreprises américaines de recherche dans l'énergie solaire comme Nanosys et Nanosolar (Palo Alto, Californie) ou Konarka (Lowell, Massachusetts) ont reçu des aides fédérales (de la part de la Defense Advanced Research Projects Agency et du Department of Energy and the Navy).
Les États-Unis sont les deuxièmes producteurs mondiaux de bioéthanol. Leur production s'élevait à 6,21 millions de mètres cubes en 2001 et 10,2 millions de mètres cubes en 2003[10]. En 2006, 10 % de la production de maïs est transformée en biocarburants aux États-Unis[11]. En décembre 2006, on comptait 107 distilleries de biocarburant en activité contre 54 en 2000[12].
Dès le XIXe siècle, plusieurs personnalités américaines réfléchissent sur la nécessité de protéger la Nature : les essayistes et poètes Ralph Waldo Emerson et Henry David Thoreau, défendent l'idée que la Nature a une raison d'être, au-delà des gains économiques. La Nature est un temple où l'Homme peut communier et communiquer avec Dieu. Cette conception s'inscrit dans le courant littéraire et philosophique du transcendantalisme. Un autre Américain, John Muir (1838-1914) défend l'éthique préservationniste, selon laquelle la beauté de la Nature stimule les sentiments religieux et favorise les expériences spirituelles. Il voit également dans les communautés biologiques, des ensembles d'espèces évoluant ensemble et dépendant les unes des autres. Ces communautés, superorganismes, annoncent l'hypothèse Gaia développée plus tard par Lovelock (1988). John Muir convainquit le congrès américain de créer le parc national de Yosemite. En 1892, Muir et ses disciples créent le Sierra Club destiné dans un premier temps à protéger le Yosemite. Il encouragea la création d’autres réserves naturelles aux États-Unis si bien qu'il est aujourd'hui reconnu comme le " Père du système des parcs nationaux ". L'Américain Gifford Pinchot (1865-1846), au début du XXe siècle développe une éthique de la conservation des ressources qui repose sur la philosophie utilitaire. Pour lui, la Nature est un assortiment de choses définies par leur utilité ou leur caractère nuisible. Il défend la répartition des ressources entre tous les utilisateurs, actuels et futurs (une première approche du développement durable) en évitant le gaspillage. Cependant, il ne prend pas en compte les coûts des dégradations de l'environnement et de l'érosion des ressources.
En 1972, une équipe du MIT dirigée par Dennis H. Meadows remet au Club de Rome un rapport alarmant intitulé The Limits to Growth (titre en français : Halte à la croissance ? ou " rapport Meadows "). Ce rapport évoque la croissance zéro comme remède à l'épuisement des ressources naturelles[13].
Les notions de protection de l'environnement et de lutte contre l'effet de serre sont devenues des objets de discussion aux États-Unis : les médias s'en sont emparées, les publications d'universitaires et de scientifiques sont nombreuses. Des personnalités de la sphère publique militient pour la réduction des GES :
Le gouvernement américain doit compter sur les actions des associations de protection de l'environnement. La plupart ont été fondées sur la côte ouest dans les années 1970. Dès 1979, l’Académie nationale des sciences américaine avait initié la première étude sur le réchauffement de la planète[18].
Dès la présidence de Richard Nixon, le gouvernement fédéral engagea un programme d'écologie[22]. Le sénateur démocrate Gaylord Nelson (1916 – 2005) créa la journée de la terre (Earth Day) célébrée depuis 1970. Depuis 1970, l’Agence de protection de l’environnement (Environmental Protection Agency) est le principal organe de ces politiques (voir le site web, en anglais). En 1972 est adoptée la loi sur les pesticides (Federal Insecticide, Fungicide, and Rodenticide Act en anglais) qui établit des normes et un label (aujourd'hui remplacé par le Food Quality Protection Act). Le président Jimmy Carter demande à l’Académie nationale des sciences américaine d'étudier l'augmentation des gaz à effet de serre : le projet revient au comité Charney[23] qui prévoit d'importants changements climatiques à venir[24].
Le congrès a voté en 1992 la loi sur la politique de l’énergie (Energy Policy Act -EPAct- ou Public Law 102-486) qui encourage à privilégier d’autres sources d’énergie que le pétrole (éthanol, méthanol, biodiesel, gaz naturel, hydrogène et électricité).
L'administration Clinton a signé le Protocole de Kyoto en décembre 1997, mais celui-ci n'a pas été accepté par le Congrès. Les États-Unis sont le seul pays des Huit à n'avoir toujours pas ratifié ce protocole, même si la Californie s'est engagée à atteindre ses objectifs. C'est aussi en 1992 que les États-Unis se sont dotés d'un label écologique, appelé Energy Star. Il est décerné aux produits et aux bâtiments qui respectent les normes pour réduire la consommation d'électricité. Bill Clinton souhaitait aussi imposer une taxe sur l’énergie, mais une fois encore, le Congrès dominé par les démocrates a refusé de la voter.
En effet, le gouvernement de George W. Bush a ensuite décidé de se retirer des négociations tout en proposant quelques mois plus tard un autre plan moins contraignant que celui de Kyoto : il s’agit du " Clear Skies and Global Climate Change ", du 14 février 2002, qui développe une approche graduelle, à moyen ou long terme, face à l’effet de serre. Il prévoit :
L’administration Bush a également remis en cause des dispositifs plus ou moins anciens de lutte contre la pollution dans le pays : normes de pollution pour les centrales thermiques, taxe spéciale sur les firmes pétrolières et chimiques pour financer le nettoyage des rivières polluées ...
En 2003, le Département américain de l'énergie a lancé le programme de recherche FutureGen, afin de répondre aux exigences environnementales de l'utilisation du charbon[25].
En 2004, le sénateur républicain John McCain et le démocrate Joseph Lieberman déposent un projet de loi visant à limiter les rejets dans l’atmosphère ; soutenu par les grandes entreprises Alcoa, DuPont de Nemours et American Electric Power, il n’est pourtant pas adopté.
Le 6 juillet 2005, au cours du sommet du G8 à Gleneagles, le président George W. Bush a reconnu pour la première fois que la production de gaz à effet de serre de l'activité humaine est en partie responsable du réchauffement climatique tout en réaffirmant son opposition au protocole de Kyoto. Mais il continue de plaider pour la recherche et le développement de sources d'énergies non-polluantes, plutôt que par une réduction des gaz à effet de serre.
Le 28 juillet 2005[26], le gouvernement des États-Unis ont signé un accord à Vientiane avec cinq pays d'Asie-Pacifique (Australie, Inde, Japon, Chine et Corée du sud) visant à développer de nouvelles technologies pour lutter contre l'émission des gaz à effet de serre. La structure de cette accord s'appelle depuis fin 2005 Asia-Pacific Partnership for Clean Development and Climate Change (AP6), Partenariat Asie-Pacifique pour le développement propre et le changement climatique. Selon ses détracteurs, cet accord qui n'impose aucun objectif chiffré en termes de pollution, permettrait aux États-Unis de contourner, voire de torpiller l'accord de Kyoto.
Le 29 juillet 2005 a été votée la loi de réforme sur le secteur énergétique. Elle prévoit :
Il faut également signaler que les États-Unis, avec l'Union européenne, la Russie, le Canada, la Chine, le Japon et la Corée du sud, et après de rudes négociations, participent finalement au financement du projet ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor) prévu à Cadarache (France). Ce projet pourrait être la solution au remplacement du pétrole et de l'uranium dans la production d'énergie.
En octobre 2005, le président a appelé ses concitoyens à réduire leur consommation de pétrole. Sur l'année, les Américains ont acheté plus de bicyclettes que d'automobiles[29]. En mai 2006, George W. Bush s'est prononcé pour la construction de nouvelles centrales nucléaires : à Pottstown (Pennsylvanie), il a également promu les biocarburants et les sources d'énergie renouvelable[30]. Les États-Unis sont les deuxièmes producteurs mondiaux de bioéthanol. Leur production s'élevait à 6,21 millions de mètres cubes en 2001 et 10,2 millions de mètres cubes en 2003[10]. En 2005, le secteur de la production d'énergie propre a enregistré aux États-Unis une croissance de 50%[31].
Le ministère de l'Environnement a en outre créé un programme facultatif de réduction d'émissions de gaz. 86 entreprises, totalisant 8 % des émissions américaines de carbone, ont pris la décision d'adhérer au réseau de Climate Leaders[32].
Le département de l'énergie soutient divers projets de promotion des énergies propres comme celui de la société Boeing-Spectrolab qui a créé des modules photovoltaïques transformant directement le rayonnement solaire en électricité[33]. Enfin, l'administration Bush stimule la recherche sur la pile à hydrogène et la séquestration géologique du carbone[34].
En avril 2005, le vote d'une loi permet d'avancer de trois semaines le passage à l'heure d'été aux États-Unis et au Canada[35]. Les experts estiment que cette décision pourrait entraîner une économie d'énergie de 4,4 milliards de dollars d'ici à 2020.
En janvier 2007, l'administration Bush propose un plan d'économies en énergie[36]. Le 4 avril 2007, la Cour suprême confie toute légimitié à l'Agence de protection de l'environnement (EPA) pour réglementer les émissions de gaz carbonique des automobiles.
Le 31 mai 2007, avant le sommet du G8 à Heiligendamm, le Président américain annonce que : " Les États-Unis prennent cette question [du réchauffement climatique] au sérieux [...] et vont travailler avec d'autres pays pour établir un nouveau cadre pour les émissions de gaz à effet de serre quand le protocole de Kyoto expirera en 2012. [...] D'ici à la fin de l'année prochaine, l'Amérique et d'autres pays fixeront un objectif mondial à long terme pour réduire les gaz à effet de serre[37]. "
Le développement durable est de plus en plus une préoccupation des États fédérés et des municipalités américaines. Les initiatives à l'échelon local sont plus dynamiques que les politiques fédérales : ainsi, depuis 2001, les états du Texas, de la Californie, du New Hampshire, ont instauré un dispositif de contrôle des émissions de gaz pour différents secteurs industriels et énergétiques. Le dispositif adopté par la Californie, qui s’appliquera à partir de 2009, prévoit de réduire les émissions de gaz polluants de 22 % en moyenne d’ici 2012 et de 30 % d’ici 2016. En outre, le principe des marchés des permis d’émission consiste à accorder aux industriels " pollueurs " gratuitement, à prix fixe ou aux enchères, des quotas d’émissions de CO2, que ceux-ci peuvent ensuite s’échanger. Chaque émetteur de CO2 doit alors vérifier qu’il détient autant de permis d’émission que ce qu’il va émettre. Dans le cas contraire, il se trouve contraint ou bien de diminuer ses émissions, ou bien d’acheter des permis. Inversement, si ses efforts de maîtrise des émissions lui permettent de posséder un excédent de permis, il peut les vendre. De tels procédés ont été réalisés pour réduire les pluies acides aux États-Unis et ont connu des succès (programme " Acid rain "). Ce système des marchés de permis d’émission fait partie du dispositif du Protocole de Kyoto. D'autres décisions pour réduire les émissions de CO2 sont prises par les états fédérés : en 2005, 18 de ces états obligeaient les producteurs d’électricité à utiliser en partie des sources d’énergie renouvelables. 130 villes des États-Unis ont décidé de respecter les principes du protocole de Kyoto en réduisant leurs émissions de gaz à effet de serre[38].
La Californie a toujours été pionnière en matière de protection de l’environnement aux États-Unis : l’État a été le premier à imposer l’essence sans plomb et le pot catalytique[39]. Dès 2004, une décision de justice de la Californie contraint les constructeurs automobiles à réduire de 18 à 25% la pollution engendrée par leurs véhicules[40]. Alors que la population californienne représente 12 % de la population américaine, elle ne consomme que 7 % de l’électricité produite dans le pays ; ainsi, la Californie se trouve à la première place pour la rentabilité énergétique par personne. L'état s'est engagé à limiter les émissions de gaz à effet de serre : les objectifs annoncés sont une diminution de 11 % avant 2010 et 87 % avant 2050[38]. Le 30 août 2006, le gouvernement et le Parlement de Californie signent un accord pour diminuer la production de gaz à effet de serre, mettant l’État en conformité avec le protocole de Kyoto[41]. La décision AB32 (Global Warming Solutions Act) a été prise de réduire d’un quart les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020[42]. Des sanctions financières seront prises contre les industries qui ne respectent pas cet engagement. Un marché de permis d’émissions sera créé et contrôlé par l’Air Resources Board[43].
La Californie s'est aussi engagé à respecter des règles plus strictes sur la consommation et les pots d'échappement de véhicules neufs ; cette politique est imitée par deux autres états de l'ouest : Washington et Oregon[44]. Le 20 septembre 2006, Bill Lockyer le ministre de la justice de la Californie, lance des poursuites judiciaires contre trois constructeurs automobiles américains et trois japonais, et leur demande des dommages et intérêts pour la pollution qu'ils engendrent[45]. Selon lui, les véhicules automobiles représentent 30 % des émissions de dioxyde de carbone de l'État.
En 2005, le gouverneur républicain Arnold Schwarzenegger proposait que le budget de l'état de Californie finance à hauteur de 6,5 millions de dollars la construction de stations pour les véhicules roulant à l'hydrogène.
Le code d'éducation de la Californie (chapitre IV, sections 8700 à 8784) insiste pour que les élèves soient sensibilisés aux problèmes de l'environnement[46].
Grâce à son bon ensoleillement, la Californie développe l’énergie solaire : l’état abrite des collecteurs cylindro-paraboliques dont la puissance atteint 80 MW, la plus grande centrale à tour comme Solar one puis Solar 2 ne dépasse pas 10 MW. Les centrales solaires du désert des Mojaves ont une capacité totale de 354 MW[47].
Un projet de loi oblige les promoteurs immobiliers à installer un système d’énergie solaire sur 15 % des nouvelles maisons construites en Californie à partir de 2006. Le projet de loi prévoit que, d’ici à 2010, 55 % des maisons seront équipées en panneaux solaires. Le gouverneur Arnold Schwarzenegger avait fait campagne pour inciter à installer des systèmes solaires dans la moitié des maisons de l’état à partir de 2005.
Les bus de la ville de Berkeley roulent au biodiesel obtenu à partir du retraitement des huiles alimentaires (issues par exemple de la cuisson des frites de la restauration rapide)[48].
La Californie a adopté une loi qui contraint les grands groupes automobiles à vendre des véhicules respectant des normes strictes de rejets de CO2.
La Californie est l’état où l’énergie éolienne est la plus développée avec une capacité de production de plus de 2 040 MW installés en 2004, loin devant le Texas (1293 MW)[49]. La principale région de production se trouve au nord de l'état, à l'est de San Francisco
À 150 km au nord de San Francisco, 19 centrales géothermiques (350 puits) sont contrôlées par la société Calpine dans les comtés de Lake et de Sonoma. Elles produisent environ 850 megawatts, c'est-à-dire presqu'autant qu'une petite centrale nucléaire.