La Haute qualité environnementale ou HQE a d'abord été un socle théorique consensuel avant de devenir une marque déposée en France. La " Haute Qualité Environnementale " vise l'intégration dans le bâti des principes du développement durable tels que définis au Sommet de la terre en juin 1992. En France, il s'est progressivement établi, du début des années 1990 à 1997, entre divers acteurs du bâtiment, de l'environnement et des maîtres d'ouvrages (PUCA, ADEME, CSTB et Association HQE). C'est une démarche qualité récente et encore perfectible (notamment en y intégrant la biodiversité), qui intègre toutes les activitées liées à la conception, la construction, le fonctionnement et la déconstruction d'un bâtiment (logement, bâtiment public, tertiaire ou industriel).
La Haute Qualité Environnementale s’intéresse spécifiquement à l’environnement, mais en reconnaissant que celui-ci ne peut être durablement conservé dans une société qui va mal, aussi la démarche qualité intègre-t-elle également des aspects sociaux. Ceux-ci peuvent faire l’objet d’un travail plus large et complet par exemple au travers des agenda 21 locaux ou des PLU (Plans locaux d'urbanisme), PADD, écoquartiers, etc.
Si aujourd'hui la démarche Haute Qualité Environnementale est essentiellement appliquée à des bâtiments isolés, il est souhaitable de l'adapter à des ensembles cohérents, tels que zones d’activité, quartiers construits ou rénovés (écoquartiers, ville renouvelée sur elle-même). Des réflexions sont en cours quant à une déclinaison pour les infrastructures de transport d’énergie, de matières, d’information...
La Haute Qualité Environnementale est choisie, non pas par obligation légale, mais pour des raisons éthiques et/ou économiques, éventuellement d'image, en sachant qu’en terme de " coût global ", des coûts de fonctionnement et parfois de construction seront évités, avec de nombreux bénéfices environnementaux et sociaux. Les coûts évités sont notamment : moindre pollution, moindre consommation de ressources pas ou peu renouvelables, recyclabilité accrue, souplesse de conversion à d’autres usages, coûts d’exploitation réduits, faibles impacts sanitaires (maladies, troubles divers) ou sociaux, etc. C’est aussi une réponse à une demande sociale qui évolue. Les citoyens souhaitent plus de qualité de vie, de commerce éthique et donc équitable, de soutenabilité du développement, d'éco-citoyenneté, de nouvelle gouvernance, etc.). Habiter ne devrait plus contribuer à la dégradation de l'environnement.
Deux principes sous-tendent l'approche HQE :
La construction, l'entretien et l'usage de tout bâtiment induisent un impact sur l'environnement, et donc un coût global, que la HQE tentera de réduire ou compenser, au-delà de ce que demande la loi (pour au moins 7 cibles sur 14) et en visant la performance maximale (pour au moins 3 cibles dites "prioritaires"). L'économie d'un projet de construction HQE est donc appréhendée sous l'angle du coût global ; elle tient compte à la fois de l'investissement et du fonctionnement.
Le principe des cibles : Il est lié à la démarche qualité ; la cible est atteinte si dans le domaine concerné, le niveau relatif de performance est égal à celui du meilleur projet connu au même moment. Après de longs débats, l'association HQE a admis que toutes les cibles pouvaient ne pas être traitées en visant le maximum de performance, ce qui aurait, pour des raisons de coût initial, mis la HQE hors de portée des petits budgets.
La démarche peut et doit être adaptée à chaque projet – dès la conception, en étudiant si possible soigneusement le choix du lieu. Il est nécessaire de travailler avec un écologue et pourquoi pas avec un sociopsychologue - car la HQE s’intéresse aux besoins et fonctions du Vivant, s’appuie sur la biodiversité, et doit intégrer les atouts et contraintes liés au contexte (dont le contexte humain, social..) ; autant d’éléments qui varient toujours selon le lieu, l’époque et les caractéristiques du projet.
Certains effets de seuils et d'échelle sont plus facilement atteints à l'échelle de quartiers qui peuvent être urbanisés en suivant ces principes, avec des modalités variant selon l'échelle d'action considérée (voir la notion d'écoquartier, écovillage, on évoque aussi une écoville en Chine...).
Pourquoi construire HQE ?
pour réduire notre empreinte écologique ;
parce que nous passons 80 % de notre temps à l’intérieur de bâtiments ;
pour notre bien-être, parce que la qualité de l’air intérieur influe sur notre santé ;
parce que la construction et l’usage de ces bâtiments consomment beaucoup d'énergie et de ressources non renouvelables (40 % de la consommation d’énergie en France) alors même que des techniques actives et passives d'efficience énergétique permettent de fortement diminuer les consommations d'énergie et donc la pollution et le risque associés, pour un confort amélioré.
Qui fait quoi ?
En France, la démarche HQE a donné naissance à une marque déposée par l’Association HQE. 3 organismes contribuent à en structurer la démarche et à en faire la promotion :
Ces organismes ont mis en place un système de certification visant à la délivrance du certificat du droit d'usage de la marque "NF Bâtiments Tertiaires - Démarche HQE". Cette certification s’appuie sur un référentiel technique en 2 volets :
1. Relation du bâtiment avec son environnement immédiat
sous-cibles :
utilisation des opportunités offertes par le voisinage et le site ;
gestion des avantages et inconvénients de la parcelle ;
organisation de la parcelle pour créer un cadre de vie agréable ;
réduction des risques de nuisances entre le bâtiment, son voisinage et le site ;
exigences minimales :
traiter l'insertion du bâtiment dans son environnement en réalisant une étude préalable au projet une étude d'organisation de la parcelle, une étude de traitement des espaces extérieurs et intermédiaires. En cas de friches industrielles, analyser le niveau de pollution et dépolluer si nécessaire ;
repérer les sources de bruit extérieur et créer un isolement acoustique satisfaisant.
2. Choix intégré des produits, systèmes et procédés de construction
sous-cibles :
adaptabilité et durabilité des bâtiments ;
choix des procédés de construction ;
choix des produits de construction ;
exigences minimales :
utiliser des procédés et des produits économes en matière et en énergie ;
étudier les possibilités de recyclage des déchets d'adaptation et de démolition de bâtiment, notamment en choisissant des produits sans risque pour l'environnement.
dispositions facilitant le nettoyage et l'évacuation des déchets d'activité ;
dispositions facilitant les soins de santé ;
dispositions en faveur des personnes à capacités physiques réduites ;
exigences minimales :
choisir judicieusement l'emplacement et la forme des pièces techniques et les équiper correctement ;
faciliter l'entretien et le nettoyage ;
13. Qualité sanitaire de l'air
sous-cibles :
gestion des risques de pollution par les produits de construction ;
gestion des risques de pollution par les équipements ;
gestion des risques de pollution par l'entretien ou la maintenance ;
gestion des risques de pollution par le radon ;
gestion des risques de pollution par l'air neuf ;
ventilation pour garantir la qualité de l'air (Renouvellement de l'air intérieur);
exigences minimales :
choix des générateurs à combustion dotés d'un système de sécurité normalisé ;
éviter les produits polluants utilisés dans la construction : formaldéhyde, solvants, pesticides, etc.
analyser le risque d'émission de radon dans les régions sensibles et adapter la conception des bâtiments en conséquence ;
dimensionner correctement le renouvellement d'air et utiliser des systèmes de ventilation performants ;
vérifier l'absence d'amiante et de CFC dans certains isolants plastiques alvéolaires, ainsi que dans les équipements produisant du froid, les aérosols et les solvants.
Des modules de formation commencent à être proposés, en formation initiale et/ou continue par des écoles d'Architecture, par l'Académie du Développement Durable et Humain.
L'Ademe a mis en place (3 sessions en 2006) une formation "Sensibilisation à la démarche HQE, qualité environnementale du cadre de vie bâti".
Une formation est en préparation avec la CAPEB pour les artisans.
Il existe une Charte des formations continues à la démarche HQE® (lien)
Des cours de HQE sont donnés dans plusieurs formations d'ingénieurs (Mastère spécialisé énergies renouvelables de l'ENSAM...)
Lycée Léonard-de-Vinci à Calais (France, Région Nord Pas-de-Calais)
Lycée Jacquard à Caudry (France, Région Nord Pas-de-Calais)
Centre d’éducation Nature du Houtland à (Wormhout (France, Région Nord Pas-de-Calais)
Lycée de Saint-André (Ile de la Réunion)
Bilan d'étape pour la région Nord Pas-de-Calais (en 2005)
Dans cette région pionnière, où l'approche HQE a été développée en 1993, environ 150 réalisations ont été faites en 10 ans, en région Nord/Pas-de-Calais, essentiellement en milieu urbain et périurbain : logements sociaux, établissements scolaires, équipements publics, bureaux…
- On constate des économies d’énergie et d’eau de 20 à 30 % et une réduction de 50 % des émissions polluantes.
- Le coût supplémentaire initial de 0 à 15 % est rapidement remboursé par les économies de fonctionnement. On peut maintenant envisager des maisons à énergie positive (produisant plus d'énergie qu'elles n'en consomment).
- Une sensation de confort et de bien-être est largement exprimée par les usagers.
- De nombreux projets ont traité une ou plusieurs cibles de manière prioritaire, en fonction du contexte.
- La demande augmente de la part des commanditaires, nécessitant des dispositifs de formation des artisans (en cours).
- Un projet de quartier HQE à Lille.
- Des outils d'accompagnement ont été créés avec le Conseil Régional, l'ADEME, la DIREN, les CAUE, l'école d'architecture et de paysage de Villeneuve d'Ascq, dont un Atlas régional des paysages, le premier à intégrer un volet écologie du paysage, un atlas éolien régional, des aides à l'installation de panneaux solaires, un prêt (Isolto) pour encourager l'isolation des toitures, des aides à l'établissement d'un profil environnemental local destinés à aider les territoires à identifier et maîtriser leurs ressources naturelles pas, peu, difficilement ou coûteusement renouvelables, de manière à en tenir compte dans leurs projets d'aménagement, une Mission Gestion différentiée, une pépinière capable de fournir des plans génétiquement variés d'espèces locales (Pépinière de Haendries), des atlas et document d'accompagnement d'une trame verte et bleue (TVB), des plaquettes de sensibilisation, modules de formation, etc.
Des premiers bilans, on peut déduire que si d’ici 2010, 100 % des lycées, 70 % des collèges, 30 % des établissements publics et des logements sociaux et 5 % des bureaux et des logements privés étaient ainsi construits ou réhabilités suivant une démarche HQE, on pourrait espérer :
- au moins 30 % d’économie d’énergie dans le résidentiel et le tertiaire
- au moins 16 % d’économie en eau potable
- un potentiel d’emplois de 10 à 15 000 emplois directs et indirects
- la constitution par la qualification des maîtres d’œuvre et entreprises du bâtiment, d’un pôle de compétences régional
Évolutions, perspectives
En France, avec l'assistance du CSTB et d'autres acteurs, le conseil général du Nord a mis en place en 2005-2006 un groupe de travail sur le thème "Routes HQE".
Un début de réflexion est en route depuis 2004 avec notamment la direction Environnement du Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais sur le thème d'une quinzième cible HQE visant une meilleure intégration de la biodiversité. Cette cible intégrerait aussi et plus largement l'idée de remboursement de la dette écologique (du bâti et de ses habitants ou usagers).
L'ADEME a mis en place fin 2005 une formation sur la maîtrise de la demande en électricité, concernant l'éclairage et intégrant les aspects "pollution lumineuse", alors que l'AFE (Association Française des Éclairagistes) publiait son premier guide sur les "nuisances lumineuse" ; autant d'éléments qui pourront aider à une meilleure prise en compte de ces facteurs, en particulier pour l'éclairage extérieur qui prend une importance croissante.
Le 1er mai 2006, l’activité de certification des acteurs et des ouvrages de construction initiée au sein du CSTB est transférée à une nouvelle société dénommée Certivea qui conçoit, développe, et réalise des prestations de certification d’acteurs et d’ouvrage de construction (http://www.certivea.fr).
Pistes d'amélioration et de réflexion :
- Choix du lieu d'implantation
Il échappe généralement à l'architecte, voire au prescripteur. On peut regretter qu'un site à vocation HQE soit éloigné des réseaux de transport en commun, construit dans une zone inondable ou qu'il contribue à fragmenter les écosystèmes. Comment encourager le maître d'ouvrage à localiser de manière écologiquement cohérente le bâti et les infrastructures le desservant, en tenant compte du contexte écologique, paysager, urbain, socioéconomique, et de manière à minimiser les flux, les distances de déplacement (et la consommation d’énergie et les sources de pollutions et nuisances y afférant)… Encourager l'intégration très en amont de la HQE à l'échelle des Pays, des Agglomérations, par ex dans le cadre d’un Agenda 21, d’un SCOT (Schéma de COhérence Territoriale en France)
- L’intégration du Vivant (faune et flore)
Il est approché pour des raisons esthétiques, mais il est nécessaire pour des raisons éthiques et fonctionnelles (voir quinzième cible HQE). Il est trop souvent limité au végétal. Les équilibres écologiques nécessitent la présence d'une faune minimale. Les pollinisateurs, les insectivores méritent une attention particulière. l'éclairage nocturne ne doit pas les perturber, etc. Ils devraient trouver place :
dans le bâti extérieur (enveloppe, cours intérieurs, fondations, surplombs, etc, dans un esprit proche du concept de maison-nichoir),
dans certains espaces tampons, pour certaines espèces (type véranda, jardin d’hiver, dans la mesure du possible planté dans le sol naturel),
dans certains espaces intérieurs (ex : système d’épuration de l’air, des eaux usées utilisant les plantes comme Phyt'air, les algues, mais aussi les bactéries et d’autres organismes aquatiques), avec les précautions et le suivi qui s'imposent.
en prévoyant des niches écologiques pour les espèces potentiellement présentes après que l’environnement se sera amélioré et non pour les seules espèces présentes au moment de la réalisation de l’état initial ou du profil environnemental.
Les principes de l'intégration de la biodiversité dans l'environnement humain (structure bâtie et non bâtie) sont résumés dans l'article biodiversité dans le bâti et le jardin.
- Le développement de fonctions compensatoires et restauratoires.
Ces deux fonctions sont nécessaires à un objectif de " remboursement de la dette écologique ".
Ceci implique d'inscrire le bâti dans un réseau écologique fonctionnel (maillage de corridors biologiques à créer, restaurer, préserver, puis gérer (gestion écologique et restauratoire, et donc différentiée).
Le bâtiment et ses occupants ne devraient-ils pas produire plus d’oxygène qu’ils n’en consomment, et rejeter de l’eau et de l’air aussi ou plus propres que ce qu’ils auront prélevé dans le milieu ? Leurs déchets organiques et ceux des espaces verts ne devraient-ils pas systématiquement contribuer à restaurer les écosystèmes (quand cela ne pose pas de problème sanitaires) ?
Des niches écologiques compensatoires pourraient tendre à effacer l’empreinte écologique des aménagements et de leur fonctionnement.
La mesure de l’empreinte écologique, qui est nécessaire à l'évaluation de la dette écologique.