Un HVDC est un équipement d'électronique de puissance utilisé pour la transmission de l'électricité en courant continu haute tension.
Le nom est le sigle anglais pour High Voltage Direct Current, c'est-à-dire Courant continu haute tension (on voit parfois – rarement – CCHT en français).
Les HVDC représentent certainement le summum de l'électronique de puissance : les puissances unitaires se comptent couramment en gigawatts.
Une liaison HVDC est, la plupart du temps, insérée dans un système de transmission en courant alternatif. Elle est donc constituée de trois éléments : un redresseur, une ligne de transmission, un onduleur. Généralement, le redresseur et l'onduleur sont symétriques et réversibles (c'est-à-dire qu'ils peuvent échanger leur rôle).
Historiquement, le redresseur et l'onduleur ont d'abord été réalisés avec des ampoules à mercure. De nos jours, ils sont majoritairement réalisés avec des thyristors, quelques fois avec des IGBT.
Ces systèmes de transmission de l'énergie électrique sont utilisés pour trois principales raisons.
Pour transporter sur de longues distances des puissances très importantes, souvent supérieures à 1000 MW, il est préférable pour des raisons technico-économiques d'adopter une liaison à courant continu au détriment d'une liaison alternative classique (HVAC). Si le coût de l'électronique de puissance est élevé, elle apporte néanmoins deux avantages décisifs :
En Chine, l'utilisation de ces liaisons se généralise pour transporter l'électricité produite à l'intérieur du pays (Barrage des Trois Gorges par exemple), vers les régions côtières, principales zones de consommation du pays.
La plus longue liaison HVDC du monde, Cahora Bassa (1420 km), se trouve en Afrique, entre le Mozambique et l'Afrique du Sud.
La réalisation de liaisons sous-marines par câble sur de longues distances (typiquement plus de 50 km) en courant alternatif impose de compenser l'effet capacitif des câbles, faute de quoi la tension de ce câble est mal controlée. À cet effet, on installe dans les liaisons classiques des réactances de compensation à des points intermédiaires (postes électriques) de la liaison. Dans une liaison sous-marine, on ne peut pas envisager un poste électrique à un point intermédiaire (sous la mer). En courant continu, cet effet capacitif n'existe pas, et justifie l'utilisation des HVDC pour ce type de liaison.
Interconnecter des réseaux électriques non synchrones ou présentant des fréquences différentes (50 Hz ou 60 Hz dans la presque totalité des cas) nécessite un dispositif spécifique, et un HVDC est la réponse la plus courante. Par exemple, l'Arabie saoudite et le Japon utilisent les deux fréquences.
Le projet d'interconnexion des pays du Golfe Persique, majoritairement en 50 Hz, prévoit une liaison HVDC de 1800 MW avec ce pays. C'est aussi le cas de la France et du Royaume-Uni, qui bien que tous deux à 50 Hz, ne sont pas considérés comme synchrones.
Le troisième intérêt des HVDC est le contrôle du transit de puissance entre deux parties d'un réseau électrique. Les équipements HVDC destinés à cette application ne comportent généralement pas de ligne de transmission, et les deux extrémités sont sur le même site : on parle de HVDC dos à dos (en anglais : back to back). Dans certains cas ces équipements peuvent être en parallèle avec une liaison alternative.
En fait une grande partie des HVDC en service dans le monde sont des back to back. Des grands pays, comme la Chine, l'Inde, les États-Unis par exemple, présentent plusieurs " régions électriques " difficilement interconnectables entre elles, bien que synchrones.
Nom | Puissance (MW) | Tension (kV) | Distance (km) | Commentaire |
---|---|---|---|---|
Italie-Corse-Sardaigne | 300 | 200 | 118+304 | câble sous-marin et ligne aérienne |
IFA 2000 (interconnection France-Angleterre) | 2000 | ±270 | 78 | câble sous-marin |
Itaipu (Brésil) | 6300 | ±600 | 785//805 | ligne aerienne, changeur de fréquence le plus puissant du monde |
Cahora Bassa (Mozambique-Afrique du Sud) | 1920 | 533 | 1420 | ligne aérienne |
Chandrapur (Inde) | 1000 | 205 | back to back | transit de puissance |
Radisson (Baie James) - Nicolet - Des Cantons (Québec)[1] | 2000 | ±450 | 1480 | câble sous-marin et ligne aérienne |