Le Sud-Express est le nom d'un train de luxe international qui reliait Paris à la péninsule Ibérique.
Le Sud-Express a été lancé par la "Compagnie Internationale des Wagons-Lits" CIWL et inauguré en octobre 1887 comme train de nuit. Le trajet complet durait deux nuits. Il a d'abord été quotidien de Paris à Madrid et bi-quotidien de Paris (Austerlitz) à Lisbonne. À Hendaye ou Irun, suivant le sens, il y avait des correspondances de/ou pour Lisbonne, Porto ou Madrid.
Avant guerre, il semble que le train soit allé par l'actuelle "Linha de Cascais" jusqu'à Sao Joao do Estoril. (L'Estoril est connu de nos jours pour son golf, son casino et le Grand Prix de F1.)
Le train était important pour rejoindre Lisbonne à l'époque ou la seule vraie alternative était le bateau car les routes espagnoles vers le Portugal étaient encore en grande partie en terre battue. Le train transportait également tout le courrier du nord de l'Europe vers le Portugal.
Après la Seconde Guerre mondiale, en plus des voitures Pullman utilisées, la seconde classe fut ajoutée. Les premières voitures DEV Inox furent utilisées sur ces rames.
La voie empruntée sur les hauts plateaux espagnols était à voie unique. D'où parfois de longs arrêts sous les étoiles dans l'attente du train venant à contre-sens.
La gare de la frontière entre l'Espagne et le Portugal s'appelle Vilar Formoso dans le comté de Almeida.
La bifurcation entre Lisbonne et Porto se fait à Pampilhosa.
Peu après la guerre civile espagnole, la locomotive à vapeur a même été alimentée par de la paille par manque de charbon. Il en résultait des arrêts fréquents en rase campagne...
Une particularité des six voitures "couchettes" de ce train était la possibilité de changement de bogies à la frontière compte-tenu des différences d'écartement des voies française et espagnole : à Hendaye, les voitures groupées par trois, étaient montées avec leurs passagers sur des crics dans un hangar dédié. Leurs six bogies étaient remplacés par six autres bogies d'un écartement différent. Un locotracteur spécial poussait les bogies à remplacer tout en tractant les nouveaux bogies. Cette longue opération avait donc lieu deux fois pour chaque train mais cette installation n'est plus utilisée pour les trains commerciaux depuis 1996.
Les passagers des voitures "non-couchette" transitaient à pied avec leurs bagages par le poste de douane d'Hendaye.
(N.B. Le Talgo lui était un train de 1ère classe qui faisait Paris-Madrid et dont les essieux étaient télescopiques pour franchir la frontière entre la France et l'Espagne.)
Seules les voitures couchettes faisaient donc le trajet Paris-Portugal.
Trois de ces voitures allaient à Lisbonne, les trois autres à Porto (Campanha).
Les voitures couchettes avaient des compartiments à six places.
Les voitures restaurant et wagon-lit, du même type que celle du fameux Orient-Express, avec les mêmes marquetteries et chandeliers en cuivre, elles, n'ayant que des bogies pour la péninsule Ibérique (écartement plus large), ne faisaient que le trajet Hendaye-Lisbonne.
Des voitures Corail étaient ajoutées derrière le train pour son parcours français.
Aujourd'hui le train se compose de voitures de 2e Classe à 11 compartments et Restaurant du type Sorefame (série 21-40 et 88-40) des CP, wagons-lit du type U-Hansa (ex-CIWL) modernisées par les CP et des couchettes à 10 compartments de la Renfe (série Bc10x 9600/50-70 600)
Le train a transporté beaucoup d'émigrants portugais en France, au Luxembourg, en Belgique et en Allemagne. Ils utilisaient peu la voiture-restaurant fort chère, ils avaient souvent beaucoup de bagages, ils avaient des dames-jeannes, recouvertes d'osier, de vin rouge et d'eau de Luso. Ils mangeaient leur copieux "pique-nique" à base de poulet froid à bord. Ils racontaient leur vie d'émigrés et parlaient franchement de leurs projets au pays.
Mais ce train, transportait aussi quelques hommes d'affaire, des militaires (échanges entre pays), des étudiants, des touristes et des émigrés belges et français au Portugal.
La partie française du Sud-Express a été supprimée dans les années 1990. Il subsiste toujours le Sud-Express, train de nuit sur le trajet Lisbonne-Irun. Une correspondance est possible avec le TGV Irun-Paris. Le changement de train à Irun étant plus rapide que le changement de bogies, le trajet Paris-Lisbonne dure actuellement 20 heures.