Un croiseur de bataille est un navire de guerre du XXe siècle.
Les navires cuirassés réapparaissent au cours du XIXe siècle, en réaction à l'apparition de l'obus explosif, fatal au navire en bois. Le déplacement important dû à la cuirasse, lié à la faiblesse des moteurs disponibles, conduit à la réalisation de navires à faible vitesse, mais puissamment armés et aptes au combat d'escadre.
Les progrès de la motorisation, liés à l'évolution de la pensée navale, vont conduire à imaginer des navires alliant la puissance du cuirassé à la vitesse du croiseur.
Traditionnellement, le croiseur a deux fonctions :
A ces deux fonctions va désormais en être ajoutée une troisième :
C'est ainsi que va naître le croiseur de bataille.
Les premiers à les réaliser seront les britanniques. Sous la houlette de l'amiral John Arbuthnot Fisher, seront mis en chantier les navires de la classe Invincible. Moins blindés que les cuirassés, ils portent cependant des canons de puissance équivalente. Leur protection doit résider dans leur vitesse[1]. Mais cet avantage va s'amenuiser avec les progrès des motorisations qui vont permettre l'apparition des "cuirassés rapides".
Les allemands suivront. Bien que n'ayant jamais utilisé cette appellation, leurs "GrosseKreuzer" (Grands Croiseurs), par leurs caractéristiques, seront construits pour s'opposer à leurs homologues britanniques.
Les japonais, avec leur classe KONGO, adopteront aussi le concept.
En revanche, les autres marines, comme la française, ne se lanceront pas dans cette voie[2].
Les croiseurs de bataille sont rattachés à la Flotte de Combat, en escadres particulières. Ils doivent tenir le rôle d'aile marchante pour encercler, ou du moins tourner, la flotte ennemie.
Ils ne doivent pas combattre les cuirassés, bien que leur armement, théoriquement, le leur permette, mais plutôt faire la chasse aux forces plus légères, comme les croiseurs, voire les destroyers, et priver ainsi l'adversaire de ses forces d'éclairage.
La réalité sera cependant différente. Au Jutland, les croiseurs de bataille anglais seront opposés à des croiseurs de bataille allemands et verront plusieurs des leurs envoyés par le fond.
A cause des limitations imposées par le Traité de Washington, le croiseur de bataille se voit préféré au cuirassé. Chaque marine va développer son type.
Le croiseur de bataille disparaîtra avec le règne du porte-avions.
La Science-Fiction, dans ses space-opera, met fréquemment en œuvre des flottes de combat "galactiques" directement décalquées des grandes flottes du début de notre XXe siècle. La notion de croiseur de bataille va y trouver un nouvel éclairage.
Léon Haffner, Cent ans de marine de guerre, Editions du gerfaut, 2002 (ISBN 2-914622-07-4)