Komsomolets - Définition

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Le Komsomolets était un sous-marin nucléaire soviétique imatriculé K-278, tristement célèbre pour la catastrophe du 7 avril 1989. Ce jour-là, un incendie se déclara à l'intérieur du sous-marin, provoquant la mort de 4 sous-mariniers, puis 38 sous-mariniers lors de l'échouage du sous marin par 1600 mètres de fond, au large des côtes de Norvège. L'évènement provoqua une vague de consternation dans la marine soviétique, et une grande inquiétude dans les milieux écologistes, pour le caractère nucléaire de l'épave. Celle-ci contient en effet deux réacteurs nucléaires et deux torpilles nucléaires contenant du plutonium. Depuis la catastrophe, les autorités russes ont accepté la coopération internationale en cas de naufrage. L'utilisation massive des sous-marins océanographiques fut une première.

Description du bâtiment

Son nom signifie jeune adhérent du Komsomol. Il est lancé en mai 1983 à Severodvinsk, une cité ultra-secrète soviétique située sur les bords de la mer de Barents. Il fait 400 pieds de long, 37 pieds de hauteur un tirant d'eau de 27 pieds avec un déplacement d'eau de 8 000 tonnes. Le Komsomolets est équipé de deux réacteurs nucléaires pour sa propulsion révolutionnaire pour leur système de refroidissement. Sa coque en titane fait alors de lui le sous-marin pouvant plonger le plus profondément au monde, avec une profondeur opérationnelle de 3000 pieds[réf. nécessaire]. Son équipage comprend 70 hommes, et peut transporter des torpilles et des missiles de croisières, conventionnels ou bien nucléaires. Il fait partie de la classe Mike, censé devenir le premier d'une large classe de sous-marins nucléaires d'attaque. Il devient opérationnnel fin 1984, mais les exemplaires construits sur le même plan ne verront jamais le jour. Après avoir passé le stade de prototype, il prend part aux patrouilles de surveillance sous-marines. En mai 1989, il est décrit comme un sous-marin de lutte contre la guerre sous-marine.

La catastrophe du 7 avril 1989

Ce jour-là, le Komsomolets navigue à 1250 pieds de profondeur près des côtes norvégiennes, à 180 km au sud-ouest de l'île de Medvezhy, pour une patrouille commencée il y a 39 jours.

Peu après 11h00 du matin, un incendie se déclare dans le compartiment 7, sans doute du à une petite quantité d'huile se déversant sur une surface brûlante, dans cet endroit où passent des flux d'air compressé connectés aux ballasts pour contrôler la profondeur. Le centre de commandement ordonne alors d'éteindre le feu par l'utilisation de fréon, un gaz inerte susceptible d'étouffer le feu, provoquant l'asphyxie du sous-marinier Bukhnikashvili se trouvant dans le compartiment. Mais le commandement ignore le flux d'air qui se déverse dans le compartiment, le transformant en véritable fourneau. Le feu se répand alors dans tout le bâtiment. Craignant une catastrophe nucléaire, les réacteurs sont stoppés. Le sous-marin se retrouve sans source d'énergie.

Le commandement ordonne alors la remontée du bâtiment, par la vidange des ballasts. Arrivé en surface, le commandant envoie un SOS crypté à l'armée soviétique. Pourtant, l'équipage est loin d'être tiré d'affaire. L'incendie, qui se propage par les câbles, dégage une chaleur intense, et l'anhydride carbonique, toxique, menace sa survie. Les hommes deviennent inconscients, le CO2 est détecté trop tard. A 11h41, le SOS est reçu et l'armée de l'air est en état d'alerte. L'hécatombe est déjà largement commencée, et les tentatives de ventilations, de remises en route du moteur diesel seront vaines.

À 12h19, le commandant Vanin abandonne le protocole de sécurité, et envoie un SOS non crypté en indiquant son nom, sa position et les circonstances de la catastrophe. L'Amiral Chernavin ordonne le secours immédiat du sous-marin, incluant l'aide possible et souhaitée de la flotte norvégienne. Mais celle-ci ne fut pas alertée. Les secours sont totalement désorganisés, et trop tardifs.

À 14h40, le bâtiment est repéré par les secours aériens. L'eau est très froide, la visibilité n'est pas très bonne, et la majorité de l'équipage est sortie, repoussé par la fumée. Seul le commandement et quelques techniciens sont encore à bord pour tenter de sauver le bâtiment. Les secours sont prévus pour 18h00. Malgré des conditions météo défavorables, un protocole de sécurité défectueux, des tentatives de sauvetage du sous-marin durent pendant 4 heures. Mais à 16 heures 42, l'ordre d'abandonner le navire est prononcé.

Les hommes prennent alors place dans les canots de sauvetage, et un radeau de sauvetage est lancé par un avion. Le Komsomolets commence à sombrer vers 17h00. 6 hommes sont alors à l'intérieur, dont le commandant. 5 hommes réussissent à s'échapper du sous-marin par une capsule de secours, mais un seul réussit à rejoindre la surface. Les radeaux de sauvetage, pas assez nombreux, laissent une cinquantaine d'hommes à la mer. Le bateau de sauvetage arrive peu avant 18h00, laissant derrière lui 38 noyés, et 4 disparus.

Les réactions après la catastrophe

La catastrophe est alors connue par toute la presse mondiale. Le décompte des morts et l'enchaînement des événements sont divulgués par les journaux Komsomolskaya Pravda et Sovetskaya Rossia. On décore l'équipage du Komsomolets, et l'on envoie des missions océanographiques sur le site de l'épave. La catastrophe provoque alors une réaction des autorités soviétiques, qui commande une enquête de 2 semaines, sans aucun résultat. Pourtant elle profite des moyens océanographiques importants de l'URSS. Le navire océanographique Akademik Mstislav Keldysh est chargé d'enquéter, les autorités russes craignant un nouveau Tchernobyl. Une enquête interne sur l’accident se déroule alors pendant 7 ans, effectuant 9 expertises et identifiant les parties responsables. Des missions sur l'épave sont conduites en 1991, 1992, 1993, à chaque fois de plus en plus dirigées vers les effets de la pollution radioactive. Des sédiments sont prélevés, analysés par différents pays. Mais l'enquête fut brusquement arrêtée par le procureur avant qu’elle ne puisse conduire à un procès et les résultats ont été gardés secrets.

L'émoi suscité par la catastrophe déclencha la construction de l'ékranoplane Spasatel. Les ogives nucléaires que contenait le sous-marin alimente la polémique sur l'état des sous marins nucléaires russes et la pollution innérente en Norvège, et plus généralement le problème des déchets nucléaires abandonnés en mer. Pourtant, selon les enquêtes, notamment celle de 1993, le césium 137 issu des réacteurs n'a provoqué qu'une pollution minime. En septembre 1993, Tengiz Borisov, à la tête du Comité spécial russe pour la conduite des travaux océanographiques, annonce qu'il décide de retirer les ogives nucléaires contenues dans le sous-marin, car la contamination fait craindre une impossibilité de pécher pour les 600 prochaines années dans la mer norvégienne.

Seuls restes de l'épave du sous-marin, l'horloge du Komsomolets est conservée au musée naval de Leningrad. Elle est arrétée à 17h43.

Sources

Des informations sur la propulsion, les torpilles, et la phase de prototype en général ont été divulgués par un entretien avec l'auteur du Jane's Fighting Ships 1989-90 le 21 octobre 1993 et Igor Spasskiy, un des concepteurs du Komsomolets.

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