Dans la terminologie militaire moderne, un destroyer ("destructeur" en anglais) est un navire de guerre capable de défendre un groupe de bâtiments (militaire ou civil) contre toute menace, comme d'attaquer un groupe de navires moyennement défendus. Il possède une bonne protection antiaérienne, anti sous-marine et une protection correcte anti-navire. À l'origine, le terme désignait un bâtiment qui devait attaquer au moyen de torpilles, tout en défendant à l'aide d'une batterie de canons à tir rapide, le gros de la flotte contre des attaques similaires.
Certaines classes sont excellentes dans la lutte anti-sous-marine. Les sous-mariniers les appellent "les tueurs".
Le destroyer, comme la langue d'origine du mot l'indique, apparut au Royaume-Uni, peu de temps après la guerre civile chilienne et la guerre sino-japonaise, deux conflits où les petits torpilleurs inventés par John Ericsson avaient fait preuve de leur efficacité.
Pendant le Première Guerre mondiale, la généralisation du danger des sous-marins amena les destroyers à assurer une autre mission: la protection des grosses unités contre ces nouveaux ennemis au sein des escadres. Les convois, eux, lorsqu'ils commencèrent à se structurer firent plus appel à des escorteurs anti-sous-marin spécialisés, les avisos, puis bientôt, au début de la Seconde Guerre mondiale, les corvettes et frégates, qui, du fait des navires qu'ils étaient censés protéger, étaient bien moins rapides mais par contre bien plus endurants du fait des distances à parcourir.
L'armement et les tactiques des destroyers, durent évoluer pour cette mission et ainsi apparurent les grenades sous-marines qui finirent par être lancé par mortier, l'asdic et le sonar. Par contre, le destroyer grâce à sa grande vitesse, était souvent capable d'éperonner les sous-marins, avant qu'ils ne puissent plonger profondément, ce qui était plus difficile pour les escorteurs lents. Les capacités offensives des destroyers contre les cibles de surface en souffrirent, parfois des canons et tubes lance-torpilles furent démontés pour laisser la place à l'équipement anti-submersibles, mais plus généralement on assista à une inflation du déplacement pour pouvoir remplir efficacement toutes les missions et à l'apparition de destroyer spécialisé dans la protection, les destroyer d'escorte, qui furent au départ réalisés par une reconversion de classe démodées . Ce fut encore plus vrai, lorsque la Seconde Guerre mondiale, rajouta à la menace sous-marine, le danger aérien, les destroyers durent embarquer de nouvelles armes pour combattre celui-ci. On installa donc des canons mitrailleurs en grand nombre, puis des radars de veille, de poursuite et enfin des missiles surface-air. Bientôt l'augmentation de taille ne fut plus possible et on commença à spécialiser les navires pour certains rôles. La mission offensive connut une éclipse après guerre du fait de l'efficacité déclinante des canons et des torpilles dans le combat moderne, il n'eut pendant cette période que deux rôles défensifs, contre le sous-marin et contre l'aviation. Au cours des années 1970, la possibilité de monter des missiles surface-surface, qui étaient devenus moins encombrants et plus fiables, fit réapparaître ce rôle, sous une forme nouvelle.
La France, n'utilisa pas la désignation de destroyer, les navires destinés à lutter contre les torpilleurs, furent appelés contre-torpilleur, terme qui apparaît la première fois dans le décret ministériel du 17 mars 1886, qui ordonne la transformation des torpilleurs numérotés de 65 à 74, par le montage de quatre canons revolver de 37 mm; au final seul le n° 68 sera converti. En février 1888, la canonnière Gabriel-Charmes est aussi transformée en contre torpilleur n°151. En 1890, ils sont tous reclassés en torpilleurs.
La désignation réapparaît en 1896, lorsque que les aviso-torpilleurs Cassini, D’Iberville et Casabianca sont reclassés contre-torpilleurs d’escadre. Les deux Dunois et Lahire reçoivent eux aussi cette désignation dès leur mise en service. La classe Condor, d'abord classée en croiseur-torpilleur, l'adopte aussi, de même que le croiseur de 3e classe, Milan en 1897.
En 1901, les contre-torpilleurs d’escadre deviennent officiellement des contre-torpilleurs et sont construits : 32 de "300 tonnes", 13 de "450 tonnes" et 21 de "800 tonnes". La désignation est de nouveau modifiée en 1914, en torpilleur d’escadre.
En 1922, le terme de contre-torpilleur réapparaît à l'occasion du programme naval, qui en prévoit douze de 2.200 tonnes, les six premiers seront ceux de la classe Jaguar, 26 autres suivront; quatre de la classe Fantasque seront reclassifiés en croiseurs légers après la guerre.
Après guerre la désignation cède la place à celle d'escorteur d'escadre qui reflète mieux leurs missions, qui apparaît avec le lancement des dix huit du modèle 1947, ils sont destinés à la protection des escadre de bâtiments lourds. Pour protéger les convois et la navigation de commerce, la classification d'escorteur rapide est crée, les quatre premiers seront ceux du modèle 1950, suivi des douze du modèle 1952, puis des trois du modèle 1952A.
Le terme de frégate réapparaît dans la marine française en 1962, avec les deux bâtiments de la classe Suffren qui sont classés comme frégate lance-engins. Pour succéder aux escorteurs rapides, sont lancé à la même époque les neuf aviso-escorteurs de la classe Victor Schoelcher.
En 1965, la désignation de corvette est adoptée pour le lancement de Aconit, puis des trois Tourville qui elles seront reclassifiées en frégates, dés leur mise en service. En 1988 l'Aconit et les sept corvettes de la classe Georges Leygues sont elles aussi reclassifiées en frégates, le terme corvette disparait dans la marine française.
Le 1er juin 1992, le dernier escorteur d'escadre, le Duperré, est désarmé, la désignation disparaît aussi. En 1996, c'est le dernier aviso-escorteur qui subit le même sort. De nos jours seul la désignation de frégate semble s'imposer dans la marine nationale. Les derniers aviso de la classe d'Estienne d'Orves étant prêt du désarmement et le terme devrait disparaître lui aussi. Elles sont par contre, dorénavant, réparties en deux rangs et leur fonction est précisée, les listes navales française comprenant des :
Durant la période où les destroyers remplissait leur rôle traditionnel d'attaque et de protection dans les actions utilisant la torpille, ils furent employés de façon groupée et coordonnée. La formation de base employant des destroyer à l'époque était la flottille, la taille de celle-ci variait selon les nations et comprenait en général, de quatre à une dizaine de destroyers. Le bâtiment commandant l'unité était nommé lui conducteur de flottille, selon les pays ; là encore, c'était soit un croiseur léger, soit un destroyer lui-même, mais souvent de plus grande taille avec des aménagements supplémentaires pour remplir des fonctions administratives. La flottille était par ailleurs appuyée par des tenders, qui la ravitaillaient et lui permettaient d'agir loin d'une base terrestre. La petite taille du destroyer, en effet, rendait impossible, tout du moins dans le premiers temps, le rechargement des tubes lance-torpille embarqués, nécessitant l'intervention d'un navire plus lourd équipé de matériel de levage adapté. De plus ces navires rapides consommaient rapidement leurs réserves de combustible. Des destroyers isolés n'auraient eu qu'une endurance limitée, mais associés aux tenders, ils se retrouvaient en mesure de suivre la flotte partout où elle allait. La seule limite tactique des destroyers devenait alors leur endurance par gros temps auquel ils étaient plus sensibles qu'un navire de grande taille.
L'ensemble de ces tactiques fut perfectionné lors du premier conflit et atteignit son apogée lors du second, en particulier dans la marine japonaise. Lors des combats de nuit, ils étaient parfois employés pour éclairer la flotte ennemie avec leur projecteurs, ou après l'apparition du radar, dans une nouvelle mission celle de piquet radar, assurant ainsi une bonne partie de l'éclairage de la flotte principale.
La lutte contre les sous-marins vit l'émergence d'unités spécialisées, beaucoup plus hétérogènes que les flottilles, souvent appelées groupe de chasse, regroupant aussi bien des porte-avions d'escorte, que des sloops, corvettes ou frégate. Dans ces formations, le destroyer servait alors souvent de force d'attaque rapide qui chargeait le sous-marin attaquant le convoi, allant jusqu'à l'éperonner si le besoin était pour l'obliger à passer dans une posture défensive en plongeant profondément. Leur vitesse élevée et leur grande agilité les mettaient quasiment à l'abri des torpilles des submersibles, à moins d'être surpris, quant à leur armement de canons, il rendait suicidaire l'attaque en surface pourtant la plus efficace à cette époque. Cependant, le destroyer souffrait de plusieurs défauts qui le rendaient dépendant des autres navires composants le groupe :
Il constituait donc un élément important des forces d'escorte, mais dépendant des autres composantes.
Canada | États-Unis | France | Japon | Royaume-Uni |
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Algonquin | Takatsuki | Type 45 | ||
Athabaskan | Kikuzuki | |||
Iroquois | Murasame | |||
Samidare | ||||