Destroyer - Définition

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Dans la terminologie militaire moderne, un destroyer ("destructeur" en anglais) est un navire de guerre capable de défendre un groupe de bâtiments (militaire ou civil) contre toute menace, comme d'attaquer un groupe de navires moyennement défendus. Il possède une bonne protection antiaérienne, anti sous-marine et une protection correcte anti-navire. À l'origine, le terme désignait un bâtiment qui devait attaquer au moyen de torpilles, tout en défendant à l'aide d'une batterie de canons à tir rapide, le gros de la flotte contre des attaques similaires.

Certaines classes sont excellentes dans la lutte anti-sous-marine. Les sous-mariniers les appellent "les tueurs".

Profil d'un destroyer actuel de la classe Arley Burke de l'US Navy
Profil d'un destroyer actuel de la classe Arley Burke de l'US Navy

Histoire

Origines

Torpilleur japonais Kotaka, 1887
Torpilleur japonais Kotaka, 1887
destroyer américain Macdonough en 1908
destroyer américain Macdonough en 1908

Le destroyer, comme la langue d'origine du mot l'indique, apparut au Royaume-Uni, peu de temps après la guerre civile chilienne et la guerre sino-japonaise, deux conflits où les petits torpilleurs inventés par John Ericsson avaient fait preuve de leur efficacité.

Ces petites embarcations extrêmement rapides pour l'époque arrivaient, malgré leur petite taille, à s'approcher à la distance nécessaire à l'utilisation de leurs torpilles, contre les lents mastodontes qu'étaient les cuirassés de cette période. Ils pouvaient donc créer des dégâts considérables, pour un prix dérisoire, même s'ils étaient détruits. Ils étaient particulièrement dangereux quand ils étaient employés de façon combinée avec des cuirassés amis, les navires ennemis ayant le choix entre s'en protéger ou attaquer leurs congénères, l'attaquant au vu du prix de ces embarcations, ayant alors quoiqu'il arrive gagné un avantage.
Le besoin d'un navire spécialement étudié pour les contrer, en faisant écran devant les grosses unités, se faisant sentir ; ainsi naquit le torpedo boat destroyer (bateau destructeur de torpilleur ), bientôt abrégé en destroyer et qui prit le nom dans la marine française de contre-torpilleur. L'idée était de construire des navires aussi rapides, mais avec un armement à base de canons à tir rapide et non exclusivement de torpilles, et qui opérant devant la flotte de ligne empêcherait les torpilleurs d'atteindre une position d'attaque sur les gros bâtiments. Cependant, le concept évolua très rapidement, car ces nouveaux petits navires risquaient eux aussi de se retrouver confrontés aux cuirassés adverses et il fut donc décidé de les doter eux aussi de torpilles. Par ailleurs, les destroyers devaient pouvoir opérer avec la flotte et donc être capables de la suivre, contrairement au torpilleur qui agissait près de ses bases, et au final le destroyer fut un navire bien plus important que celui qu'il devait combattre.
La première réussite du concept eut lieu au Royaume-Uni, avec le lancement des deux navires de la classe Havoc. Le destroyer finit, du fait de ses torpilles embarquées, par reprendre les missions des navires qu'il était chargé de détruire, c'est-à-dire l'attaque rapide avec des torpilles. Un premier exemple en fut donné par les Japonais à Port-Arthur dès 1904. Le torpilleur finit par désigner dans la marine française un petit destroyer à court rayon d'action, le rôle du pur torpilleur, l'attaque à proximité des côtes, étant assurée par les vedettes lance-torpille et autres motor-boats.

Évolution

destroyer américain USS Burrows pendant les années 1920
destroyer américain USS Burrows pendant les années 1920
Destroyers Yi (DDG 975) et Euljimundok (DDG 972) sud-coréens en 2004
Destroyers Yi (DDG 975) et Euljimundok (DDG 972) sud-coréens en 2004

Pendant le Première Guerre mondiale, la généralisation du danger des sous-marins amena les destroyers à assurer une autre mission: la protection des grosses unités contre ces nouveaux ennemis au sein des escadres. Les convois, eux, lorsqu'ils commencèrent à se structurer firent plus appel à des escorteurs anti-sous-marin spécialisés, les avisos, puis bientôt, au début de la Seconde Guerre mondiale, les corvettes et frégates, qui, du fait des navires qu'ils étaient censés protéger, étaient bien moins rapides mais par contre bien plus endurants du fait des distances à parcourir.
L'armement et les tactiques des destroyers, durent évoluer pour cette mission et ainsi apparurent les grenades sous-marines qui finirent par être lancé par mortier, l'asdic et le sonar. Par contre, le destroyer grâce à sa grande vitesse, était souvent capable d'éperonner les sous-marins, avant qu'ils ne puissent plonger profondément, ce qui était plus difficile pour les escorteurs lents. Les capacités offensives des destroyers contre les cibles de surface en souffrirent, parfois des canons et tubes lance-torpilles furent démontés pour laisser la place à l'équipement anti-submersibles, mais plus généralement on assista à une inflation du déplacement pour pouvoir remplir efficacement toutes les missions et à l'apparition de destroyer spécialisé dans la protection, les destroyer d'escorte, qui furent au départ réalisés par une reconversion de classe démodées . Ce fut encore plus vrai, lorsque la Seconde Guerre mondiale, rajouta à la menace sous-marine, le danger aérien, les destroyers durent embarquer de nouvelles armes pour combattre celui-ci. On installa donc des canons mitrailleurs en grand nombre, puis des radars de veille, de poursuite et enfin des missiles surface-air. Bientôt l'augmentation de taille ne fut plus possible et on commença à spécialiser les navires pour certains rôles. La mission offensive connut une éclipse après guerre du fait de l'efficacité déclinante des canons et des torpilles dans le combat moderne, il n'eut pendant cette période que deux rôles défensifs, contre le sous-marin et contre l'aviation. Au cours des années 1970, la possibilité de monter des missiles surface-surface, qui étaient devenus moins encombrants et plus fiables, fit réapparaître ce rôle, sous une forme nouvelle.

De nos jours, le nom de destroyer est plus une appellation traditionnelle, qui varie selon les pays, les termes destroyer, frégate , corvette et escorteur d'escadre, sont bien souvent utilisés pour des navires tout à fait semblables, souvent leur déplacement permettrait de les classifier comme croiseurs. Par contre la polyvalence est leur maître mot, car même s'ils sont plus aptes généralement dans une mission particulière (antiérien, antisubmersibles ou lutte de surface), ils ont quand même des capacités dans les autres domaines. Une autre caractéristique a émergé à partir du début des années cinquante, la présence d'hélicoptères embarqués, et s'est par la suite généralisée. Ces voilures tournantes peuvent remplir plusieurs missions, lutte anti-sous-marine, guidage de missiles à mi-course, assaut héliporté, reconnaissance et sauvetage en mer; ce qui participe grandement dans l'accroissement des tâches qui peuvent être confiées à ces bateaux, leur autorisant d'opérer loin de leurs bases de façon isolée.

En France

La France, n'utilisa pas la désignation de destroyer, les navires destinés à lutter contre les torpilleurs, furent appelés contre-torpilleur, terme qui apparaît la première fois dans le décret ministériel du 17 mars 1886, qui ordonne la transformation des torpilleurs numérotés de 65 à 74, par le montage de quatre canons revolver de 37 mm; au final seul le n° 68 sera converti. En février 1888, la canonnière Gabriel-Charmes est aussi transformée en contre torpilleur n°151. En 1890, ils sont tous reclassés en torpilleurs.

La désignation réapparaît en 1896, lorsque que les aviso-torpilleurs Cassini, D’Iberville et Casabianca sont reclassés contre-torpilleurs d’escadre. Les deux Dunois et Lahire reçoivent eux aussi cette désignation dès leur mise en service. La classe Condor, d'abord classée en croiseur-torpilleur, l'adopte aussi, de même que le croiseur de 3e classe, Milan en 1897.

En 1901, les contre-torpilleurs d’escadre deviennent officiellement des contre-torpilleurs et sont construits : 32 de "300 tonnes", 13 de "450 tonnes" et 21 de "800 tonnes". La désignation est de nouveau modifiée en 1914, en torpilleur d’escadre.

En 1922, le terme de contre-torpilleur réapparaît à l'occasion du programme naval, qui en prévoit douze de 2.200 tonnes, les six premiers seront ceux de la classe Jaguar, 26 autres suivront; quatre de la classe Fantasque seront reclassifiés en croiseurs légers après la guerre.

Après guerre la désignation cède la place à celle d'escorteur d'escadre qui reflète mieux leurs missions, qui apparaît avec le lancement des dix huit du modèle 1947, ils sont destinés à la protection des escadre de bâtiments lourds. Pour protéger les convois et la navigation de commerce, la classification d'escorteur rapide est crée, les quatre premiers seront ceux du modèle 1950, suivi des douze du modèle 1952, puis des trois du modèle 1952A.

Le terme de frégate réapparaît dans la marine française en 1962, avec les deux bâtiments de la classe Suffren qui sont classés comme frégate lance-engins. Pour succéder aux escorteurs rapides, sont lancé à la même époque les neuf aviso-escorteurs de la classe Victor Schoelcher.

En 1965, la désignation de corvette est adoptée pour le lancement de Aconit, puis des trois Tourville qui elles seront reclassifiées en frégates, dés leur mise en service. En 1988 l'Aconit et les sept corvettes de la classe Georges Leygues sont elles aussi reclassifiées en frégates, le terme corvette disparait dans la marine française.

Le 1er juin 1992, le dernier escorteur d'escadre, le Duperré, est désarmé, la désignation disparaît aussi. En 1996, c'est le dernier aviso-escorteur qui subit le même sort. De nos jours seul la désignation de frégate semble s'imposer dans la marine nationale. Les derniers aviso de la classe d'Estienne d'Orves étant prêt du désarmement et le terme devrait disparaître lui aussi. Elles sont par contre, dorénavant, réparties en deux rangs et leur fonction est précisée, les listes navales française comprenant des :

  • frégates anti-aérienne et lance-missiles
  • frégates anti-sous-marines
  • frégates de surveillance

Formations et tactiques

destroyer américain Aaron Ward (DD-483) pendant la Seconde Guerre mondiale
destroyer américain Aaron Ward (DD-483) pendant la Seconde Guerre mondiale

Durant la période où les destroyers remplissait leur rôle traditionnel d'attaque et de protection dans les actions utilisant la torpille, ils furent employés de façon groupée et coordonnée. La formation de base employant des destroyer à l'époque était la flottille, la taille de celle-ci variait selon les nations et comprenait en général, de quatre à une dizaine de destroyers. Le bâtiment commandant l'unité était nommé lui conducteur de flottille, selon les pays ; là encore, c'était soit un croiseur léger, soit un destroyer lui-même, mais souvent de plus grande taille avec des aménagements supplémentaires pour remplir des fonctions administratives. La flottille était par ailleurs appuyée par des tenders, qui la ravitaillaient et lui permettaient d'agir loin d'une base terrestre. La petite taille du destroyer, en effet, rendait impossible, tout du moins dans le premiers temps, le rechargement des tubes lance-torpille embarqués, nécessitant l'intervention d'un navire plus lourd équipé de matériel de levage adapté. De plus ces navires rapides consommaient rapidement leurs réserves de combustible. Des destroyers isolés n'auraient eu qu'une endurance limitée, mais associés aux tenders, ils se retrouvaient en mesure de suivre la flotte partout où elle allait. La seule limite tactique des destroyers devenait alors leur endurance par gros temps auquel ils étaient plus sensibles qu'un navire de grande taille.
L'ensemble de ces tactiques fut perfectionné lors du premier conflit et atteignit son apogée lors du second, en particulier dans la marine japonaise. Lors des combats de nuit, ils étaient parfois employés pour éclairer la flotte ennemie avec leur projecteurs, ou après l'apparition du radar, dans une nouvelle mission celle de piquet radar, assurant ainsi une bonne partie de l'éclairage de la flotte principale.

destroyer américain d'escorte USS Vammen lancé en 1944
destroyer américain d'escorte USS Vammen lancé en 1944

La lutte contre les sous-marins vit l'émergence d'unités spécialisées, beaucoup plus hétérogènes que les flottilles, souvent appelées groupe de chasse, regroupant aussi bien des porte-avions d'escorte, que des sloops, corvettes ou frégate. Dans ces formations, le destroyer servait alors souvent de force d'attaque rapide qui chargeait le sous-marin attaquant le convoi, allant jusqu'à l'éperonner si le besoin était pour l'obliger à passer dans une posture défensive en plongeant profondément. Leur vitesse élevée et leur grande agilité les mettaient quasiment à l'abri des torpilles des submersibles, à moins d'être surpris, quant à leur armement de canons, il rendait suicidaire l'attaque en surface pourtant la plus efficace à cette époque. Cependant, le destroyer souffrait de plusieurs défauts qui le rendaient dépendant des autres navires composants le groupe :

  • il était impossible d'utiliser un sonar et encore moins un hydrophone, lorsque le navire était lancé à près de trente nœuds
  • sa faible endurance, l'obligeant à se ravitailler auprès de ses tenders, ne lui permettait pas d'assurer une protection continue autour des navires de commerce.
  • enfin son prix était prohibitif par rapport à une simple corvette, l'apparition des destroyers d'escorte atténua juste un peu ce défaut.

Il constituait donc un élément important des forces d'escorte, mais dépendant des autres composantes.

Liste des destroyers par pays

Canada États-Unis France Japon Royaume-Uni
Algonquin Takatsuki Type 45
Athabaskan Kikuzuki
Iroquois Murasame
Samidare
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