Crémation - Définition

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Crémation au bord de la Bagamati au Népal.
Crémation au bord de la Bagamati au Népal.
Crématorium, Tchéquie.
Crématorium, Tchéquie.

La crémation est une technique funéraire visant à brûler et réduire en cendres le corps d'un être humain mort. Avec l'enterrement, c'est l'une des techniques les plus communément utilisées par l'homme. L'embaumement ou la thanatopraxie étant plus rarement utilisées, pouvant d'ailleurs précéder une crémation.

Crématoriums

En occident et dans les pays occidentalisés, la crémation se réalise dans un crématorium. Le corps est placé dans un cercueil et celui-ci dans un four chauffé à 800 °C. C'est la chaleur et non les flammes qui réduit en cendres le cercueil et le corps. La crémation dure environ 1h30.

L'Église catholique tolère la crémation depuis 1963.

Le terme correct est crémation pour parler d'un être humain. Incinération est plutôt utilisé pour les déchets. Crématiser existe, crématisation est à l'heure actuelle un néologisme

Cendres

Les cendres résultant de la crémation sont la partie calcaire des os. Dans la pratique, la crémation se déroule à une température de 850° dans un appareil soumis à un fort apport d'air frais permettant la combustion. Le bois du cercueil, les vêtements, les chairs, tout est transformé en gaz ou en poussières qui s'envolent dans les fumées. Ceci explique que, pour les enfants de moins d'un an dont les os sont encore peu calcifiés, il ne subsiste pratiquement aucun reste à la suite d'une crémation complète. Pour les adultes, ce que l'on retrouve dans l'appareil est constitué des restes calcinés des os qui se présentent sous forme de fragments plus ou moins importants mais reconnaissables : on peut ainsi bien distinguer les différents os. Ce sont ces derniers qui étaient disposés dans des urnes cinéraires dans la tradition grecque ou latine et même à l'époque moderne au début du XXe siècle.

Pour faciliter la dispersion, la réglementation française prévoit maintenant la pulvérisation de ces os pour en faire une poudre grossière. Elle ne se justifie pas lorsque l'on pratique l'inhumation des cendres ou le dépôt en cases de columbarium. Elle est même pénalisante pour les populations issues du Sud-est asiatique qui souhaitent pouvoir garder certains os intacts.

En France

L'usage de la crémation en France est autorisé depuis la loi du 15 novembre 1887 (paru au Journal officiel le 18 novembre) sur la liberté des funérailles.

Depuis les années 1990, la crémation est de plus en plus utilisée. C'est ainsi qu'en 1980, cette technique n'était utilisée que par 0,9% des familles, en 1994 par 10,5% et en 2004 par 23,5% selon les chiffres annoncés par les crématistes.

En 2006 selon l'Association française d'information funéraire (AFIF), la France compte 119 crématoriums.

En 2005, la crémation elle-même coûte environ 400 €, sans compter les différentes prestations supplémentaires (urne, personnel, convoi, etc.). Au total, la crémation revient à environ 2000 €, soit 30% moins cher qu'une inhumation. Ceci sans compter les frais liés à la conservation des restes de la personne disparue (concession dans le cimetière, tombe, case de columbarium, etc...)

Les cendres résultant d'une crémation sont remises à la famille. Avant avril 2007, la famille pouvait en faire presque ce que bon lui semble, comme les disperser. La dispersion des cendres a cependant quelques limites : interdiction de les mettre sur la voie publique, dans une rivière, ou dans la mer lorsque l'on est à moins de 300 mètres du rivage. Selon l'AFIF, 21% des urnes sont placés dans un columbarium ou dans un caveau familial au cimetière, 8% sont dispersés dans un Jardin du souvenir et 71% sont remis à la famille sans que l'on sache ce qu'elle en fait. Certaines de ces urnes sont retrouvées dans des endroits quelque peu insolites : " L'urne est d'abord déposée sur la cheminée du salon, puis on déménage, on divorce ou on décède sans héritier. On la retrouve alors à la braderie, dans des consignes de gare, parfois même dans le métro… " déclare Xavier Labbée, avocat et professeur d'éthique à l'Université de Lille II. Il faut cependant être critique face à des rumeurs véhiculées dans l'intention de favoriser des stratégies financières (coût moindre de la dépense pour des obsèques avec crémation) ou des principes religieux tournés vers l'inhumation du cadavre.

Cela pose le problème du statut juridique des cendres. Certains voudraient que les cendres ne soient pas remises à la famille et qu'elles soient placées dans un cimetière public et d'autres voudraient seulement effectuer une sorte de traçabilité, en obligeant la famille à déclarer chaque déplacement de l'urne à la mairie (lors d'une déménagement ou d'une séparation par exemple). Cette traçabilité a été institué depuis le décret du 12 mars 2007 [1], la famille doit déclarer à la mairie du lieu de sépulture la dispersion, la conservation, ou l'inhumation des cendres.

Aspects socio-psychologiques

Il est possible que l'Homme contemporain, beaucoup plus technicisé, mobile et à la famille plus éclatée que ses ancêtres, trouve dans la quasi élimination physique du corps mort que permet la crémation (il ne reste que des cendres inertes) une solution psychiquement plus satisfaisante, que de vivre avec la présence durable et fixée dans un cimetière du parent ou de l'ami défunt. Outre qu'il n'est plus nécessaire d'entretenir une tombe et une concession, l'urne peut être facilement transportée. Pour ceux qui le souhaitent, des cérémonies de dispersion des cendres (dans le vent, dans la mer, et peut-être bientôt dans l'espace circumterrestre, moyennant finances) éliminent toute trace physique du mort, ce qui semble une autre manière d'en faire le deuil.

Eugène Peru, délégué régional de l'Association des crématistes du Pas-de-Calais n'expliquait-il pas que " l'appartenance à l'association est une volonté généreuse et humaniste pour garder la Terre aux vivants ", " garder la terre au vivant ", est-ce la refuser aux morts, ou une autre manière de refuser la mort ?… [2]la mort que la technique médicale n'a pas pu repousser autant qu'on l'aurait souhaité… Comme s'il fallait refuser le cycle immémiorial du Vivant qui passe naturellement par la décomposition de la nécromasse, comme d'ailleurs on refuse de voir mourir le bétail, les chevaux, les volailles ou les arbres de leur mort naturelle. C'est encore un lieu et des outils techniques (abattoir, sylviculture…) qui ici devance la mort. Il semble que la société technique et commerciale veuille cacher ce qu'elle vit comme un échec face à la mort et au vieillissement. Après avoir éloigné et parfois caché les personnes âgées dans les maisons de retraite, faut-il faire disparaître les cadavres.

Les services funéraires ont une utilité sociale incontestable, mais la publicité commerciale qui cible la préparation à la mort montre que des aspects commerciaux sont également en jeux. Le traditionnel croque-mort cède la place à des entreprises commerciales opérant parfois sur plusieurs régions et pays.

Dans les cultures où la crémation est traditionnelle, elle est parfois un moyen d'envoyer le mort au ciel (littéralement et symboliquement).

Certaines tribus amérindiennes mangeaient les cendres du mort, ce qui semblait être un moyen de réintégrer l'esprit et les qualités du mort.

Des cendres au diamant

Du carbone purifié peut être extrait du carbone résiduel des cendres humaines (ou animales). Une première entreprise a proposé de transformer ce carbone en diamants synthétiques [3]. Plusieurs entreprises offrent (avril 2006) ce service. Le diamant est symbole de pureté, de dureté et de durabilité extrêmes. Il appelle aussi l'idée d'une grande valeur pécuniaire.

Comme le diamant fascine, l'idée fascine ; les nombreux articles qui ont suivi l'annonce de ce nouveau service en témoignent. Faut-il voir là un nouveau moyen (payant) de se fabriquer une éternité illusoire mais parfaitement maîtrisée ? Est-ce un nouveau refus (technicisé) de la mort naturelle (celle qui passe par une décomposition (gratuite) et spontanée (c’est-à-dire non maîtrisée) des corps) ?…

L'entreprise propose de produire à partir des cendres du mort un diamant bleu et unique, par une " machine extrêmement puissante qui exerce une pression allant de 50 000 à 60 000 kilobars et des températures montant de 1 500 à 1 700 degrés ".

Disposer des cendres

Mort d'un bébé

Lors de la crémation d'un bébé, les cendres, s'il y en a, ne sont pas les siennes, car son corps est alors composé à plus de 90% d'eau, la calcification n'est pas complète, il n'y a donc pas de résidus. Les cendres peuvent alors être celles du cercueil.

Lieu de recueillement est essentiel

Après une crémation, les cendres peuvent être conservées dans un columbarium en attendant de décider d'un endroit définitif. Il est très souvent déconseillé de disperser les cendres dans un vaste lieu (par exemple dans la mer), car un endroit précis de souvenir aide à "faire son deuil". dans certains cimetières, un endroit (jardin du souvenir) est réservé pour la dispersion des cendres.

Crémation et environnement

Les crématoriums sont souvent présentés comme des solutions écologiques en ce sens qu'ils permettent d'économiser de la place, et limiteraient les problèmes de pathogènes, ou de contamination de nappes ou d'occupation de l'espace… Ces arguments sont recevables, mais le crématisme pose encore quelques problèmes importants :

  • la crémation consomme des quantités non négligeable de carburant (gaz naturel, fuel, ou bois dans les pays où le bois est utilisé), ce qui contribue à une production de gaz carbonique et d'autres gaz ou particules dont les impacts n'ont pas été mesurés. Le gaz carbonique est un gaz à effet de serre moins puissants, mais bien plus durables que le méthane issu de la décomposition naturelle des corps.
  • certains cercueils peuvent être traités avec des produits toxiques (vernis, teintures, peintures biocides, plomb…). Qu'advient-il de ces toxiques lorsqu'ils brûlent ?.
  • les cadavres si on arrive presque à leur redonner l'apparence de la vie par les moyens de la thanatopraxie, ont été ou sont encore parfois embaumés ou " traités " avec des produits très toxiques, contenant des pesticides ou des biocides tels que formaldéhyde et paraformaldéhyde, produits très toxiques déshydratants et raffermissant des chairs, fongicides, bactéricides, virucides… Le logo " tête de mort " qui rappelle la dangerosité de ces produits figure d'ailleurs sur presque tous les bidons de produits destinés à être injectés à la place des " fluides corporels " dans les cadavres lors des opérations de thanatopraxie. Dans certains pays on a utilisé le mercurochrome rouge pour la thanatopraxie. C'est un poison qui empêche la décomposition des corps, en restant toxique dans le temps. (Le mercurochrome médical ne contient désormais plus de mercure, mais il reste toxique)

Ces produits visent à tuer les microbes, bloquer le processus naturel de décomposition et redonner au corps du défunt une apparence de sérénité et de sommeil.

Nombre de ces produits répondent à la définition de biocide ou de pesticides des directives européennes, mais ne sont pas recherchés dans les analyses environnementales classiques. Les thanathopraxistes indépendants ne sont par ailleurs pas soumis aux visites médicales, ni ne font l'objet d'un suivi épidémiologique ou de la médecine du travail. Ce qui concerne la mort et le traitement des cadavres est encore très tabou, mais quelques indices laissent penser que la fréquence de cancers et certaines allergies ou pathologies est anormalement élevée chez les opérateurs qui manipulent ces produits, et une étude de risque de 2004, basé sur une extrapolation à partir des données disponibles a montré que la thanatopraxie expose environ dans un cas sur deux l'opérateur à des taux de vapeurs toxiques jusqu'à deux fois supérieurs aux seuils acceptables.

Selon certaines études (conduites en Amérique du Nord notamment), les plombages (riches en mercure et métaux toxiques) ou des organomercuriels ou du mercurochrome ou d'autres toxiques qui ont pu être utilisé pour l'embaumement ou la thanatopraxie seraient à l'origine d'une pollution non négligeable de l'environnement.

Les sédiments des Grands Lacs en Amérique du Nord contiennent du mercure sous forme d'éthyl-mercure, particulièrement toxique et bioassimilable, dont une bonne part proviendrait de la crémation des morts et de leurs dents " plombées " en particulier.

En France, un rapport [4] présenté par le sénateur Gérard Miquel a porté sur plomb/cadmium/mercure, insistant sur le problème des plombages, mais sans évoquer le fait que via la crémation, ils pouvaient continuer à polluer longtemps après la mort. En effet le mercure est sublimé à relativement basse température, et les crématoriums ne sont pas équipés de filtres appropriés au mercure très volatil ni d'ailleurs au plomb ou à certains autres toxiques potentiellement présents dans les vapeurs (=> volatilisation dans l'atmosphère, pollution des pluies et de l'air, retombées au sol et concentration dans les sédiments et la chaîne alimentaire).

Un certain nombre de personnes ont été exposées durant leur vie au plomb (de l'essence, des usines type Metaleurop). Elles sont souvent victimes d'un saturnisme chronique discret. Autour des sites très pollués par le plomb, il est probable que la totalité de la population résidente ait des quantités significatives de plomb stocké dans les os, en particulier les hommes qui en accumulent plus que les femmes. (un rapport rédigé pour le ministère de Brice Lalonde estimait que les os d'un Français des années 80 contiennent environ 80 fois plus de plomb que ceux des hommes préhistoriques. 80 % du plomb absorbé et stocké dans le corps l'est dans les os, et le reste essentiellement dans le foie et les reins. Lorsqu'il est chauffé à 900°C, ce plomb passe directement dans l'air en vapeur de plomb. Les teneurs en plomb et autres métaux (les victimes les plus graves de Tchernobyl ont été enterrés dans des cercueils plombés et sous un béton spécial enrichi en plomb en raison du fait que les radionucléides bioaccumulés pourraient repartir dans l'air).

En cas de nécessité, les techniques d'analyse isotopique permettent de qualifier et tracer l'origine de certains polluants comme le plomb (ex pour faire la différence entre le plomb de chasse et issu des batteries ou des carburants), mais pas utilisée à ce jour et à ma connaissance pour le mercure issu des plombages. (Il y a quelques années, le Français moyen, au moment de sa mort avait plus de 7 plombages dans la bouche, il semble que ce chiffre soit en augmentation, à vérifier avec un médecin légiste).

Certains appareils de radiographie ou scanners peuvent être programmés pour mesurer la teneur en plomb des os. Ils peuvent être utilisés sur des morts car nécessitant un temps d'exposition plus long. Des analyses faites lors des autopsies permettraient de tracer un profil moyen de la population et d'estimer les risques liés au plomb dans les os à l'heure de la mort.

Solutions ?

Un nombre croissant de gens meurent l'organisme fortement chargé de médicaments, ayant des propriétés toxiques ou antibiotiques éventuellement susceptibles de poser problème pour l'environnement et la santé humaine (soit via les fumées et vapeur, soit via la décomposition des corps ou la contribution de résistances aux antibiotiques. Il conviendrait idéalement d'inciter les testamentaires et les familles à demander lors de l'embaumement ou de la préparation des corps que l'on ôte les plombages (que les dentistes doivent maintenant aussi récupérer), et/ou que les crématoriums soient équipés de filtres adaptés, performants et entretenus.

Pour la crémation, les bois de cercueils ne devraient pas être traités par des vernis ou pesticides ou produits dangereux pour l'environnement.

Remarque : étant donné les tabous liés à la mort, ces questions ne sont que rarement abordées, y compris par le législateur.

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