Tremblement essentiel: épicentre corporel

Publié par Isabelle le 02/12/2011 à 00:00
Source: Jean Hamann - Université Laval
Restez toujours informé: suivez-nous sur Google Actualités (icone ☆)


"Les premières percées sur le parkinson et l'alzheimer sont issues de l'examen de cerveaux provenant de malades décédés. Nous avons pensé faire la même chose pour le tremblement essentiel", explique Frédéric Calon, chercheur à la Faculté de pharmacie.
Des chercheurs localisent la région du cerveau impliquée dans la plus fréquente maladie neurologique provoquant des tremblements et déterminent sa cause probable.

Une équipe du Centre de recherche du CHUQ annonce, dans un article publié le 26 novembre par la revue scientifique Brain, avoir localisé la région du cerveau impliquée dans le tremblement essentiel, la plus fréquente maladie neurologique causant des tremblements. Les chercheurs ont aussi découvert que, chez les personnes atteintes, les neurones de cette région du cerveau présentent des particularités neurochimiques qui pourraient expliquer l'origine de la maladie.

Le tremblement essentiel est une maladie neurologique qui provoque des tremblements dans différentes parties du corps, le plus souvent les bras, la tête et la voix. Elle se manifeste surtout après 50 ans, mais il arrive que des cas soient signalés chez les enfants. Sa prévalence, qui serait de 4 % dans le groupe des plus de 40 ans, augmente avec l'âge. On estime qu'environ 10 millions d'Américains souffrent de cette maladie dont la cause était inconnue. "Comme il ne s'agit pas d'une maladie dégénérative grave comme le parkinson, le tremblement essentiel a été peu étudié, souligne Frédéric Calon, qui a supervisé l'étude parue dans Brain. Il s'agit tout de même d'un problème très embêtant pour les personnes qui en souffrent. Les gestes simples de la vie quotidienne peuvent devenir très difficiles à exécuter."

Le professeur de la Faculté de pharmacie et ses collaborateurs ont eu l'idée de recourir à une banque de cerveaux mise sur pied, il y a plus de 40 ans, par le professeur Ali Rajput de l'Université de la Saskatchewan pour lever une partie du voile entourant la cause de cette maladie. "Les premières percées sur le parkinson et l'alzheimer sont issues de l'examen de cerveaux provenant de malades décédés. Nous avons pensé faire la même chose pour le tremblement essentiel", explique-t-il.

Les chercheurs ont effectué des analyses sur les cerveaux de 10 personnes qui ont souffert de tremblement essentiel et sur ceux de 10 parkinsoniens et de 16 personnes exemptes de ces deux maladies. Ils ont découvert des différences neurochimiques entre le premier groupe et les deux autres concernant les neurones d'une région profonde du cervelet appelée le noyau dentelé. Les personnes atteintes de tremblement essentiel ont 30 % moins de récepteurs du neurotransmetteur GABA dans les neurones du noyau dentelé que les sujets des deux autres groupes. Plus le malade a souffert longtemps de tremblement essentiel, plus la concentration de récepteurs GABA est faible, "ce qui suggère un lien avec la progression de la maladie", soutient le professeur Calon.

En situation normale, les neurones du noyau dentelé envoient des signaux à intervalles réguliers au reste du cerveau. En raison de leur effet inhibiteur sur la transmission de l'influx nerveux, GABA et les récepteurs GABA jouent un rôle dans la fréquence d'émission de ces signaux. Les chercheurs croient que la disparition d'une partie des récepteurs GABA perturberait le fonctionnement de ce pacemaker et, en bout de course, causerait le tremblement.

Les médicaments prescrits aux personnes atteintes de tremblement essentiel ont été mis au point il y a une quarantaine d'années et leur efficacité est limitée. Les récepteurs GABA pourraient donc constituer une cible intéressante pour de nouveaux traitements. "Le problème est qu'on en trouve dans plusieurs régions du cerveau et qu'ils sont notamment impliqués dans le sommeil. Il faudrait que les récepteurs GABA des neurones du noyau dentelé aient des particularités exclusives pour qu'on puisse envisager d'en faire des cibles thérapeutiques", précise le professeur Calon.

L'article paru dans Brain est signé par Sarah Paris-Robidas, Élodie Brochu, Marion Sintes, Vincent Émond, Mélanie Bousquet, Milène Vandal, Mireille Pilote, Cyntia Tremblay, Thérèse Di Paolo, Frédéric Calon et leurs collaborateurs de l'Université de la Saskatchewan, Ali Rajput et Alex Rajput.
Page générée en 0.462 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales | Partenaire: HD-Numérique
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise