Les traînées blanches laissées par les avions pourraient bien être plus problématiques qu'il n'y paraît.
Bien que la réduction de la consommation de carburant soit une priorité, un autre aspect méconnu de l'aviation contribue lui aussi au réchauffement climatique: les traînées de condensation, aussi appelées “contrails”.
Ces fines lignes nuageuses, formées derrière les avions, ne sont pas de simples décorations dans le ciel. Sous certaines conditions atmosphériques, elles peuvent s'étendre en vastes nuages de haute altitude qui piègent la chaleur terrestre. Selon une récente étude, cet effet de réchauffement représenterait plus de la moitié de l'impact climatique de l'aviation, CO2 compris.
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Le chercheur Fangqun Yu, de l'Université d'Albany, s'est penché sur ce phénomène complexe. Il a récemment publié ses conclusions dans Environmental Science & Technology, explorant le rôle des particules de suie émises par les moteurs d'avion, ainsi que d'autres particules volatiles présentes dans les gaz d'échappement. Ce sont ces particules qui provoquent la condensation de la vapeur d'eau dans l'air et forment les cristaux de glace visibles sous forme de contrails.
Fangqun Yu et son équipe ont découvert que les particules volatiles, autrefois considérées comme secondaires, pourraient jouer un rôle plus important que prévu. Jusqu'à présent, on pensait qu'elles n'étaient vraiment impliquées que lorsque les émissions de suie étaient extrêmement faibles. Cependant, la nouvelle étude révèle que ces particules volatiles contribuent aussi à la formation de contrails, même à des niveaux d'émission de suie moyens et sous des températures standards.
En collaboration avec des chercheurs de la NASA et du Centre aérospatial allemand, Fangqun Yu a modélisé les conditions atmosphériques en utilisant des données récentes de campagnes de tests. Les résultats montrent que ces particules volatiles peuvent influencer la quantité de cristaux de glace créés, rendant les contrails plus épais et plus durables dans le ciel, ce qui augmente leur effet de réchauffement.
Pour réduire cet impact, l'aviation cherche désormais à utiliser des carburants plus propres et des moteurs innovants. Fangqun Yu travaille d'ailleurs avec des ingénieurs de General Electric pour mieux comprendre l'impact de ces technologies sur les contrails. Leurs essais dans une chambre de simulation de la NASA montrent des résultats prometteurs.
En contrôlant mieux les particules présentes dans les gaz d'échappement, l'aviation pourrait ainsi limiter la formation de contrails et leur effet sur le climat. Cette recherche est essentielle pour comprendre comment l'aviation influence l'atmosphère et pour guider les innovations vers un transport aérien plus respectueux de l'environnement.