Rétro 1933: La vision en relief par la photographie

La news rétro de ce dimanche nous propose un aperçu d'une technique de photographie en relief dans les années 1930.

Avertissement: Cette news rétro retranscrit des connaissances scientifiques ou techniques de 1933, et contient donc volontairement les incertitudes et erreurs d'époque.

La vision en relief, ou photographie stéréoscopique, a fait depuis quelques années tant d'adeptes qu'il est bon de connaître les procédés grâce auxquels on obtient ces vues si vivantes, si suggestives de la réalité.

A quelles conditions la vision du relief peut être obtenue par la photographie

La photographie ordinaire est impuissante à rendre les images avec la sensation de relief que nous sommes habitués à trouver dans la nature. Pourquoi ? Parce que cette photographie ne rend pas fidèlement ce que voient nos yeux en réalité.

Le relief est fourni par la combinaison de deux images, dont l'une et l'autre sont vues séparément par chacun de nos deux yeux et associées sur la rétine ; la photographie, par contre, procède comme si nous ne percevions qu'une image unique vue par l'un ou l'autre de nos yeux.

Supposons un appareil photographique à deux compartiments enregistrant dans l'un d'eux ce que voit notre œil droit et dans l'autre ce que voit notre œil gauche, nous obtiendrons un double cliché correspondant à la vue séparée de nos deux yeux et conforme par conséquent à ce que nous voyons dans la réalité. Ces deux clichés différents nous donneront, comme nos deux yeux, la sensation du relief. C'est là tout le principe de la stéréoscopie, ou plus simplement, de la vision du relief.

La vision binoculaire

Nous sommes tellement habitués à voir de nos deux yeux à la fois que nous nous rendons mal compte du fonctionnement séparé de chacun d'eux. Plaçons un livre relié debout sur une table, le dos tourné vers nous à 40 centimètres environ ; avec les deux yeux nous voyons le dos et les deux plans fuyants de la couverture ; mais quelle est la part de vision de chacun de nos deux yeux ?


Mettons la main sur l'œil gauche et regardons de l'œil droit ; nous verrons seulement le dos du livre et la partie droite de la couverture ; regardons ensuite de l'œil gauche, c'est la partie gauche de la couverture et le dos qui seront vus seulement. Chaque œil donne donc du même livre une image différente et c'est la combinaison de ces deux images frappant à la fois notre rétine, quand nous regardons des deux yeux, qui nous fournit le relief.

Pour prendre des vues stéréoscopiques

En théorie, pour produire une image donnant la sensation du relief, on pourrait user d'un appareil ordinaire photographiant successivement la vision de l'œil droit et la vison de l'œil gauche ; mieux encore, user simultanément de deux appareils ordinaires en écartant leurs axes optiques de la distance qui sépare nos yeux (65 millimètres environ) et en les faisant converger de manière que le même objet à photographier se joigne au centre des verres dépolis. Les deux épreuves obtenues représenteraient ce qu'aurait vu chacun de nos deux yeux et, placées côte à côte dans un appareil d'observation, elles nous donneraient, comme la nature, la sensation du relief.

Nécessité d'un appareil spécial

Mais on conçoit sans peine ce que cette méthode présente d'insuffisant: la nécessité de prendre deux vues dans des conditions absolument identiques d'éclairage et de durée de pose suffit à écarter l'emploi de deux appareils et à plus forte raison celui d'un appareil unique qu'on déplace.


Aussi a-t-on recours à un appareil qui comporte deux objectifs écartés l'un de l'autre de la même distance que les axes de nos yeux: chaque objectif a son obturateur, mais les deux obturateurs fonctionnent en même temps ; la plaque photographique a une longueur qui permet d'enregistrer les deux vues ensemble ; les deux vues subissent en même temps les mêmes traitements photographiques et les deux négatifs obtenus sont ainsi en parfaits rapports.

Une seule difficulté subsiste, mais insignifiante: pour examiner la double photographie dans l'appareil d'observation, il faut en tirer une épreuve positive sur verre ou sur papier. Or, la vue prise par l'objectif de droite doit correspondre à l'image qui sera regardée par l'œil droit. De même pour l'image et l'œil gauches. Pour tirer ces positifs, il faudra donc inverser les images, c'est-à-dire faire passer l'image négative droite à gauche et inversement: il suffira de faire le tirage par reproduction des images gélatine contre gélatine.

Comment on examine les stéréoscopies

A l'appareil de prise de vues stéréoscopiques correspond l'appareil dans lequel on examine les stéréoscopies. Il se compose essentiellement d'une boîte plate ayant environ 20 centimètres de profondeur, munie à une de ses extrémités de deux "oculaires" et à l'autre d'un verre dépoli. A l'intérieur un écran la coupe en deux compartiments correspondants à chaque oculaire, et ainsi chaque œil ne peut voir que la partie qui lui est réservée.


A la partie antérieure, près des oculaires, deux prismes à angles très aigus et opposés l'un à l'autre donnent une déviation des rayons lumineux telle que les images d'un point correspondant dans chacune des deux photos semblent provenir d'un point unique et que les deux images superposées n'en font qu'une sur la rétine. Il en est de même pour tous les points correspondants ; et comme tous ces points accouplés sont des représentations de points uniques vus de deux endroits différents, on a la sensation d'une image en relief.

Au lieu de prismes on emploie fréquemment des demi lentilles ; à cet effet on coupe en deux une lentille biconvexe et on place la moitié droite, bord épais en dehors, devant l'œil gauche et la moitié gauche devant l'œil droit. Elles donnent le même résultat que les prismes et un certain grossissement qui n'est pas inutile avec des photos presque toujours petites.