Rétro 1926: Les merveilles de l'air: au service de la science (1/2)

Publié par Michel le 23/03/2008 à 00:00
Source et illustrations: Almanach Hachette 1926
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Encore un peu "d'air frais" du début du siècle dernier dans la news rétro de ce dimanche.

Avertissement: Cette news rétro retranscrit des connaissances scientifiques, techniques ou autres de 1926, et contient donc volontairement les arguments, incertitudes ou erreurs d'époque.

L'air est un serviteur précieux mais inconstant. Aussi l'homme a-t-il appelé la science à son aide pour le dompter, le capter ou le diriger. Bien plus, il lui a fait subir des transformations multiples pour en tirer des profits qu'il lui refusait à l'état naturel: compression, raréfaction, liquéfaction.

L'air domestiqué

Soufflets et souffleries. - Quand le feu ne "veut pas prendre", la ménagère saisit un soufflet et lui envoie des jets d'air frais. La quantité d'oxygène ainsi administrée aux charbons récalcitrants les ranime. Le soufflet du forgeron agit de même sur le foyer de la forge qui devient bientôt un brasier. Dans l'industrie, on souffle également de l'air dans les foyers des hauts fourneaux pour activer la combustion. Dans les locomotives, un jet de vapeur aspire l'air extérieur à travers le foyer. Ce sont encore des soufflets qui envoient de l'air dans les tuyaux des orgues et des ventilateurs puissants chassent également de l'air dans les galeries de mines pour assurer une provision d'air pur aux mineurs.


Ventilation. - Dans les appartements un courant d'air balaie l'atmosphère vicié en quelques minutes. Dans les ateliers, les fenêtres sont souvent pourvues de vitres mobiles que l'on ouvre ou ferme à volonté, comme les vasistas, de persiennes en verre, ou même de vitres perforées ; ou mieux: on emploie des ventilateurs électriques à ailettes fixés à l'entrée d'un trou pratiqué dans le mur ou à la place d'une vitre. Leur action est énergique, mais on ne doit les utiliser que dans les pièces hautes de plafond.

Au théâtre des Champs-Elysées, la ventilation est assurée par des prises d'air sur la terrasse. De puissants ventilateurs aspirent l'air pur et le refoulent dans la salle après son réchauffage.

Air chaud en médecine. - On soigne certaines affections par l'air chaud: rhumatismes, névralgies, maladies de la peau, des fractures, etc. Les appareils sont généralement constitués par un ventilateur électrique accompagné de résistances chauffantes, connue ceux qu'emploient les coiffeurs pour le séchage des cheveux. La chirurgie en utilise également qui donnent de l'air chaud à 150° et même à 700° ; l'air passe alors sur une bougie réfractaire portée au rouge par un courant électrique.

L'aérothérapie se pratique d'ailleurs sous des formes extrêmement variées. Tantôt le malade est enfermé jusqu'au cou dans une sorte de boîte où l'air est amené à une température qui varie avec les effets à produire ; tantôt il est plongé dans des atmosphères de plus en plus élevées par le passage successif dans diverses salles; dans d'autres circonstances le membre malade est enfermé dans un appareil où l'on fait pénétrer un courant d'air chaud qui peut atteindre 115°, etc.

Séchage artificiel des récoltes. - Quand le temps est pluvieux, on construit sur le pré des meules fraîchement coupées en les soutenant avec des madriers qui permettent de ménager des vides à l'intérieur. L'air chaud produit par un foyer qu'alimente un brûleur à huile est soufflé dans la meule par un ventilateur. En huit heures, une meule de 20 tonnes est sèche.

L'air comprimé et l'air raréfié

Compresseurs d'air. - Le compresseur d'air le plus simple est la pompe à bicyclette. Dans l'industrie on emploie des compresseurs parfois très importants actionnés par des machines à vapeurs, des moteurs à explosion ou électriques, qui comportent un piston circulant dans un cylindre. L'air aspiré au dehors est refoulé par le piston dans un réservoir d'où partent les canalisations qui permettent d'envoyer l'air sous pression dans toutes les parties d'un atelier, voire dans tous les quartiers d'une ville. Paris possède un important réseau d'air comprimé.

Horloges pneumatiques. - L'air comprimé assure la marche des horloges pneumatiques de Paris. On en envoie, chaque minute et pendant vingt et une secondes, dans tout le réseau. Lorsque la pression atteint l'horloge, elle fait avancer l'aiguille d'une minute; le réseau est ensuite ramené à la pression atmosphérique pendant le restant de la minute.

Télégraphie pneumatique. - Tous les bureaux de poste parisiens sont reliés avec le Central télégraphique de la rue de Grenelle ou avec celui de la Bourse par un réseau de plus de 100 kilomètres d'étendue. Ce réseau utilise à la fois la pression et le vide fournis par plusieurs ateliers installés en divers points de la capitale. Les dépêches sont enfermées dans des pistons en acier pourvus d'une collerette en cuir et engagés dans des tubes. On les chasse alors de la station de départ en envoyant de l'air comprimé derrière eux ou bien on les aspire en faisant le vide devant eux depuis la station destinataire.

Caissons à air comprimé. - Lorsque l'on doit creuser profondément un sol humide, dans les cours d'eau, par exemple, pour construire les piles et les culées des ponts, on se sert de caissons métalliques qui sont d'énormes cuves renversées à l'abri desquelles les terrassiers enlèvent les déblais et les maçons élèvent les fondations. Pour éviter l'envahissement du chantier par l'eau, on y envoie de l'air comprimé à 2 ou 3 atmosphères. Cette pression s'exerçant sur le sol du chantier empêche l'eau de pénétrer.

Frein Westinghouse. - Les compagnies de chemins de fer utilisent toutes le frein à air comprimé Westinghouse qui permet de freiner toutes les voitures en même temps. La compression est assurée par un petit moteur à vapeur installé sur la machine qui envoie l'air comprimé dans un réservoir principal de 300 à 400 litres, lequel alimente une canalisation générale placée sous les wagons. Cette canalisation distribue ensuite son contenu dans autant de réservoirs plus petits qu'il y a de wagons. Près de chaque réservoir de wagon se trouve le cylindre à freins dont les deux pistons commandent deux sabots, un sur chaque roue.

Dans les mines et carrières- Dans l'exploitation des mines, pour creuser les galeries et pour détacher les minerais, dans la construction des tunnels, et même dans l'exploitation des carrières, on utilise des perforatrices à air comprimé montées sur rails qui attaquent directement le rocher pour creuser des trous de mines, et des marteaux à air comprimé qui agissent comme des pics pour abattre les roches, le charbon, les minerais. Ce sont des outils très puissants. En une heure, une perforatrice peut creuser un trou de mine de 3 mètres de profondeur, et un marteau pneumatique donne un rendement dix fois supérieur à un pic manoeuvré à la main.

Autres applications de l'air comprimé.-Dans la métallurgie on utilise largement l'air comprimé pour actionner les marteaux-pilons ; les trous des charpentes métalliques sont percés avec des perceuses à air comprimé et les marteaux pneumatiques permettent de poser des rivets quatre fois plus vite qu'à la main.

Après la construction d'un souterrain, comme dans le Métropolitain de Paris, par exemple, on injecte derrière la maçonnerie, par des trous ménagés pendant la construction, une bouillie de ciment que l'air comprimé plaque avec force dans les fissures du terrain avoisinant pour l'amener à faire masse avec la maçonnerie.

Sur les chaussées parisiennes, des équipes d'ouvriers accompagnées d'un matériel producteur d'air comprimé, armées de pics pneumatiques démolissent avec une très grande rapidité le béton usagé.

Dans les ateliers, l'air comprimé actionne les burins, les perceuses, les moteurs, les scies, les meules, etc.

Dans la verrerie scientifique, on réalise un chalumeau en souillant le gaz par l'air comprimé. On projette également des vernis à l'aide d'un pistolet à air. On décore les papiers, les tissus, le verre etc., de la même manière.

On assainit les ateliers en y pulvérisant de l'eau. Des canalisations conduisent l'air comprimé et le liquide jusqu'au plafond: la pulvérisation de l'eau projette dans l'atmosphère un brouillard léger et bienfaisant.

La semaine prochaine: L'air supprimé – L'air liquide.

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