Remplir son panier d'aliments riches en antioxydants

Publié par Isabelle le 10/09/2011 à 12:00
Source: Robin Renaud - Université de Sherbrooke
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Abledouahed Khalil
Photo: Michel Caron
Depuis quelques années, des aliments riches en antioxydants suscitent un certain engouement. Or, une étude de l'UdeS menée auprès de personnes âgées conclut qu'il n'est pas nécessaire de se gaver de petits fruits, de thé vert ou de suppléments: une alimentation variée et comptant plusieurs fruits et légumes communs permet aux aînés de trouver les antioxydants potentiellement bénéfiques à leur santé. L'étude révèle aussi que les habitudes alimentaires passées sont souvent conservées avec l'âge.

La particularité de cette étude a été de s'attarder à un régime alimentaire qui correspond à un panier de provision standard, comprenant 26 aliments de consommation courante comme du jus de pommes, divers choux, des tomates, des carottes ou des agrumes.

"Plusieurs études se sont intéressées aux vertus des antioxydants, mais souvent, elles ciblaient un aliment spécifique comme les bleuets ou les oranges. Notre étude vise plutôt à voir l'effet d'une consommation combinée de plusieurs aliments fonctionnels que l'on trouve en tout temps sur les marchés canadiens ou québécois", dit le professeur Abdelouahed Khalil, qui a dirigé les travaux au Centre de recherche sur le vieillissement de Sherbrooke.

Ce professeur de la Faculté de médecine et des sciences de la santé a mené deux recherches sur la question, dans le cadre de l'étude longitudinale NuAge, qui s'intéresse à diverses questions liées à la nutrition chez les personnes âgées.

Question d'équilibre

La première des deux études a paru dans la revue Experimental Gerontology. 94 participants ont accepté de répondre à un questionnaire sur les aliments qu'ils consommaient. Une analyse sanguine devait ensuite mesurer leur statut antioxydant total (SAT). Les chercheurs voulaient donc vérifier comment un régime comprenant la consommation d'aliments riches en antioxydants améliorait le SAT dans le sang.

Chez une personne en santé, le SAT sanguin doit présenter un équilibre entre la présence d'antioxydants et de radicaux libres. Les antioxydants constituent un système de protection contre certaines maladies (comme le diabète et les maladies cardiovasculaires, par exemple). En revanche, les radicaux libres sont des éléments qui, s'ils sont trop présents, peuvent être délétères ou agresser des cellules. "Quand on constate un déséquilibre entre radicaux libres et antioxydants, on se trouve devant une situation dite de "stress oxydatif". Les radicaux libres sont produits naturellement, entre autres en respirant, et leur production augmente en vieillissant. D'où l'intérêt d'augmenter son apport en antioxydants par l'alimentation", explique le chercheur.

Système de défense

C'est justement pour activer son système de défense secondaire qu'un régime varié est essentiel. "On peut trouver des antioxydants dans des aliments comprenant de la vitamine E, de la vitamine C ou des lycopènes. Nos recherches visent à valider comment on peut maintenir ce système protecteur par un SAT en bon équilibre. On veut aussi voir s'il serait bénéfique d'aller vers un stress positif, soit avec un surplus d'antioxydants."

Cela dit, le professeur Khalil précise que les radicaux libres ne doivent pas être éliminés pour autant. En effet, ils jouent un rôle utile dans la biosignalisation - permettant aux cellules de communiquer entre elles. Ils sont aussi actifs contre certains éléments pathogènes. "Malgré le côté bénéfique des radicaux libres, ils deviennent néfastes lorsqu'ils sont en surproduction. Et ce que l'on sait, c'est que plus on vieillit, plus l'équilibre du SAT est altéré, mais plusieurs hypothèses sont avancées pour savoir exactement pourquoi."

Seconde étude plus étendue

Pour comprendre davantage le phénomène, une seconde étude visant à mieux connaître le rôle de l'alimentation sur le stress oxydatif a été menée, cette fois avec la participation de 300 sujets. Parmi les enjeux, les chercheurs essaient de voir si les défaillances du système oxydatif sont purement biologiques, ou si les causes sont liées à un régime alimentaire déficient, un cas fréquent chez les aînés.

"En vieillissant, plusieurs personnes se nourrissent mal ou mangent moins. Certaines ont des problèmes de goût ou de dentition tandis que la perte d'autonomie peut les empêcher de faire leurs provisions. Aussi, certaines personnes peuvent présenter des symptômes de malabsorption intestinale. De plus, la polymédication peut aussi jouer un rôle", illustre Abdelouahed Khalil.

La seconde étude veut mesurer encore plus précisément la corrélation entre certains des aliments consommés et la concentration d'antioxydants qu'ils peuvent fournir aux sujets. "En même temps, on veut vérifier les marqueurs du SAT et la capacité de l'organisme de se protéger contre les radicaux libres. Nos premières constatations semblent indiquer des effets bénéfiques sur le SAT à partir d'une consommation de cinq fruits et légumes par jour", poursuit-il.

De bonnes habitudes tout au long de la vie

"Notre message, ce n'est pas de manger un ou deux aliments spécifiques, puisqu'il y aura un déficit quelque part. Mais avec un régime varié, on peut essayer de combler tous nos besoins et chercher une synergie entre les différents antioxydants, dans le but de prévenir certaines maladies liées au stress oxydatif, comme l'artériosclérose, le diabète, l'hypertension ou les maladies cardiovasculaires." Les résultats de la seconde étude, maintenant complétée, devrait être publiés dans les prochains mois.

Dans le questionnaire administré pour mesurer la consommation de fruits et de légumes, les auteurs de l'étude ont également cru bon de vérifier la consommation passée des mêmes produits, et ce, sur plusieurs décennies. "On souhaitait voir si les habitudes prises dans l'enfance ou la vie active avaient un lien avec la consommation actuelle de fruits et de légumes. Et c'est le cas: il semble qu'on garde ses bonnes habitudes en vieillissant!"

Cela donne à penser qu'il serait souhaitable d'encourager non seulement une meilleure alimentation chez les personnes âgées, mais tout au long de la vie.

Information complémentaire

Lire l'article scientifique paru dans Experimental Gerontology
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