Recrutement réussi de fourmis moissonneuses

Publié par Isabelle le 10/04/2014 à 12:00
Source: CNRS-INEE
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Faire appel à des fourmis pour restaurer la végétation dégradée de la steppe de Crau. L'idée est originale et semblerait faire ses preuves. En effet, trois ans après avoir introduit des reines fondatrices dans les zones à réhabiliter, des chercheurs de l'Institut méditerranéen de biodiversité et d'écologie marine et continentale - IMBE (CNRS/Aix-Marseille Université/Université d'Avignon/IRD) observent les premières ouvrières se mettre au travail !


Après trois années de transplantation des reines fondatrices, les premières ouvrières ont commencé à constituer des greniers et dépotoirs contenant des graines dont les effets sur la distribution des espèces végétales sont maintenant attendus dans les toutes prochaines années © Adeline Bulot (UMR CNRS-IRD IMBE)

Les fourmis moissonneuses (Messor barbarus) sont considérées comme des ingénieurs de l'écosystème car elles jouent un rôle essentiel dans la fertilité du sol et l'organisation de la végétation. Et pour cause, lorsqu'elles vont chercher des graines pour se nourrir, il n'est pas rare qu'elles perdent en route leur précieuse pitance et contribuent ainsi à la dissémination des espèces végétales. "Ces fourmis peuvent aller chercher des graines jusqu'à 30 m de distance, et ce, plusieurs fois par jour, précise Thierry Dutoit, directeur de recherches en écologie àl' l'Institut méditerranéen de biodiversité et d'écologie marine et continentale (IMBE). Nous avons donc décidé de faire appel à ces fourmis pour aider à restaurer la steppe méditerranéenne sur deux sites de la Plaine de Crau". Deux sites qui ont respectivement été dégradés par une période d'arboriculture intensive et une fuite d'hydrocarbures.

Lorsque les chercheurs commencent leurs expérimentations, la terre polluée a notamment été remplacée par de la terre saine sur laquelle ne repousse qu'une végétation éparse. Ils comptent alors sur les fourmis moissonneuses pour redessiner la steppe et lui redonner son aspect d'origine. Des centaines de reines fécondées, prélevées dans leur milieu naturel après l'accouplement, sont déposées dans de petites cavités dont l'entrée est recouverte d'un galet pour protéger les fourmis des prédateurs et réguler la température du nid. Et trois ans plus tard, les premiers résultats sont là: plus de 40 % des reines fondatrices ont survécu à la réintroduction et donné naissance aux premières ouvrières. "D'ici un ou deux ans, les nids seront matures et compteront entre 8 000 et 20 000 individus, estime Thierry Dutoit. On devrait alors commencer à voir un impact significatif sur la végétation".

Sans l'action des fourmis et des moutons - également recrutés pour la réhabilitation des sites altérés - la steppe aurait besoin de centaines, voire de milliers d'années, pour reprendre ses droits et accueillir à nouveau criquets de Crau, lézard ocellé et outarde canepetière qui en font sa richesse.
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