Quand la nature chaotique des océans masque les tendances régionales du niveau de la mer

Publié par Adrien le 02/03/2019 à 08:00
Source: CNRS-INSU
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La hausse récente du niveau de la mer présente une forte variabilité régionale (à l'échelle des bassins océaniques) mise en évidence par l'altimétrie spatiale. Cependant, des chercheurs issus de plusieurs laboratoires français viennent de montrer que ces tendances régionales, en partie forcées par l'atmosphère, peuvent être masquées par la variabilité chaotique des océans, notamment dans les régions de forte activité tourbillonnaire.


Tendances du niveau de la mer (mm/an) entre 1993 et 2015 calculées avec le modèle forcé NEMO ¼° (moyenne d'un ensemble de 50 simulations numériques). Les zones grises représentent les tendances non dissociables du "bruit" chaotique océanique. (Crédit: Llovel et coll., 2018, Figure 2c.).

Les satellites altimétriques (Topex/Poseidon, lancé en 1992 ; ceux de la famille Jason ; ERS 1 et 2 ; ENVISAT) qui mesurent en continu la hauteur d'eau des océans ont révélé une augmentation du niveau moyen global de la mer de 3.3 mm/an depuis 25 ans. Cependant, ces enregistrements altimétriques ont également révélé une forte variabilité régionale de cette hausse puisque certaines zones comme l'océan Pacifique ouest affichent des augmentations trois fois supérieures à cette hausse moyenne globale. Une partie de ces variations peut s'expliquer par une réponse directe de l'océan à l'évolution des forçages atmosphériques à l'interface air-mer (flux de chaleur, flux d'eau douce et de quantité de mouvement) et donc par une réponse au changement climatique.

Néanmoins, ces tendances forcées par l'atmosphère peuvent être cachées par la nature turbulente ou chaotique des océans. C'est ce que révèle une nouvelle étude pilotée par des chercheurs du LEGOS, en collaboration avec le CECI et l'IGE.

Cette étude est basée sur l'analyse d'un ensemble de 50 simulations numériques réalisées avec le modèle global océanique NEMO (d'une résolution spatiale égale à ¼°, soit ~ 27 km à l'équateur) utilisé en mode "forcé" entre 1993 et 2015. Elle montre qu'une fraction non négligeable de la surface totale océanique (38 %, voire 47 % si l'on se concentre sur les 11 dernières années) présente des tendances non dissociables du "bruit" océanique, généré par la nature chaotique des océans.

Ces résultats suggèrent qu'une grande partie des tendances régionales observées entre 1993 et 2015 ne peut être attribuée de manière systématique aux forçages atmosphériques et donc au changement climatique actuel.

Cette étude indique aussi que les enregistrements altimétriques doivent absolument perdurer afin que les tendances imputables aux forçages atmosphériques (et donc au changement climatique) émergent de ce bruit chaotique océanique, notamment dans les régions hautement énergétiques (notamment les courants de bord ouest, comme le Gulf Stream et le Kuroshio, et le courant circumpolaire antarctique).
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