Quand avez-vous attrapé votre première grippe ?

Publié par Adrien le 31/01/2020 à 08:00
Source: Université de Montréal
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Êtes-vous né dans une année de grippe H1N1 ou H3N2 ? Le premier type de virus de la grippe auquel nous sommes exposés dans la petite enfance détermine notre capacité à combattre la grippe pour le reste de notre vie, selon une étude de chercheurs canadiens en démographie et immunologie.


Selon une nouvelle étude, le premier type de virus de la grippe auquel nous sommes exposés dans la petite enfance détermine notre capacité à combattre la grippe pour le reste de notre vie. Crédit: Getty

Publiées cette semaine dans la revue Clinical Infectious Diseases, les conclusions des scientifiques de l'Université de Montréal et de l'Université McMaster fournissent de nouvelles preuves convaincantes pour soutenir ce que l'on appelle "l'empreinte antigénique".

Selon cette hypothèse, une exposition précoce à l'une des deux souches de grippe qui circulent chaque année influence notre immunité et modifie de manière disproportionnée la réponse de l'organisme à la grippe tout au long de la vie.

Cela pourrait avoir des implications importantes pour la planification des pandémies et des épidémies en permettant aux responsables de la santé publique d'évaluer qui pourrait être le plus à risque une certaine année, en fonction de son âge et des virus qui dominaient au moment de sa naissance.

"Nous savions déjà, grâce à nos études précédentes, que la sensibilité à des sous-types spécifiques de grippe pouvait être associée à l'année de naissance, a déclaré l'auteur principal, Alain Gagnon, professeur de démographie à l'UdeM. Cette nouvelle étude va beaucoup plus loin en faveur de l'hypothèse de l'empreinte antigénique."

Une "expérience naturelle" unique

En collaboration avec son étudiant diplômé Enrique Acosta, M. Gagnon a fait plus que confirmer que des profils d'âges spécifiques sont associés à un sous-type ou à l'autre au cours d'une même saison de grippe: "Nous avons tiré profit d'une expérience naturelle- avec des données d'observation - pour montrer comment le changement de dominance d'un sous-type au cours d'une saison semble conduire, pratiquement en temps réel, à un changement de la susceptibilité par âge", a déclaré M. Gagnon.

Les chercheurs ont analysé les données hebdomadaires de l'Institut national de recherche en santé publique du Québec pour la saison de la grippe 2018-19, ce qui était très inhabituel, car les deux souches de grippe A ont dominé à des périodes différentes. En général, une seule souche domine chaque saison de grippe et représente la quasi-totalité des cas.

Les scientifiques ont constaté que les personnes nées lorsque le virus H1N1 était dominant ont une sensibilité à la grippe beaucoup plus faible pendant les saisons dominées par ce virus que pendant les saisons dominées par le virus H3N2. En revanche, les personnes nées dans une année où le virus H3N2 était dominant sont moins vulnérables à la grippe A pendant les saisons dominées par le virus H3N2.

Par exemple, les adultes plus âgés qui ont été exposés à un plus jeune âge au virus H1N1, apparu lors de la pandémie de grippe espagnole en 1918, possèdent de nombreux anticorps pour combattre le virus et se portent donc assez bien lorsqu'ils sont exposés aujourd'hui au virus H1N1 2009, un proche cousin. Mais dans une saison dominée par le virus H3N2, ils s'en tirent moins bien, avec des taux de mortalité nettement plus élevés.

Au contraire, les personnes nées pendant ou peu après la pandémie de 1968 provoquée par le H3N2 sont mieux équipées pour faire face à la grippe pendant les saisons où le H3N2 est dominant. En 2017-18, par exemple, l'incidence de la grippe a légèrement diminué chez les personnes nées entre 1968 et 1977.

12 200 hospitalisations et 3500 décès

Santé Canada estime que la grippe provoque environ 12 200 hospitalisations et 3 500 décès chaque année dans le pays.

"L'immunité préalable des gens à des virus comme la grippe peut avoir une incidence énorme sur leur risque de tomber malade lors d'épidémies et de pandémies ultérieures", a ajouté un co-auteur de l'étude, l'immunologue Matthew Miller, professeur associé à l'Université McMaster. Comprendre comment leur immunité antérieure les protège ou les rend vulnérables est vraiment important pour nous aider à identifier les populations les plus à risque lors des épidémies saisonnières ou lors de nouvelles flambées."

Les chercheurs espèrent explorer davantage la dynamique de la transmission en analysant la façon dont les virus se propagent dans les foyers, où l'exposition est élevée et prolongée. Dans cet environnement, ils peuvent évaluer comment l'empreinte peut ou non affecter la transmission de chaque souche.
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