Protéger la Terre de dangereux astéroïdes

Publié par Adrien le 04/06/2019 à 08:00
Source: ESO
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Les potentialités uniques dont il est doté ont permis à l'instrument SPHERE qui équipe le Very Large Telescope de l'ESO d'acquérir les images les plus nettes à ce jour d'un double astéroïde ayant croisé la Terre le 25 mai dernier. Ce double astéroïde ne présentait aucune menace réelle. Les scientifiques ont toutefois saisi l'opportunité de son passage pour tester le système d'alerte destiné aux Objets Géocroiseurs (NEO), et prouver l'efficacité de la technologie développée par l'ESO pour assurer la première ligne de défense de notre planète.


Observations de l'astéroïde 1999 KW4 effectuées au moyen de SPHERE

Le Réseau International d'Alerte aux Astéroïdes (IAWN) a coordonné une campagne d'observations inter-organisationnelle de l'astéroïde 1999 KW4 lors de son passage, le 25 mai dernier, à quelque 5,2 millions de kilomètres de la Terre (1). 1999 KW4 est caractérisé par un diamètre voisin de 1,3 km et ne présente aucun danger pour notre planète. Son orbite étant bien définie, les scientifiques ont été en mesure de prévoir ce survol et de préparer la campagne d'observations.

L'ESO s'est joint à la campagne au moyen de son installation phare, le Very Large Telescope (VLT). Le VLT est muni de SPHERE - l'un des rares instruments au monde capable d'acquérir des images suffisamment résolues pour permettre de distinguer des deux composants de l'astéroïde, distants de quelques 2,6 km.

SPHERE fut conçu dans le but d'observer les exoplanètes. Il est équipé d'un système d'optique adaptative (AO) à la pointe de la technologie corrigeant des effets de la turbulence atmosphérique et délivrant des images aussi nettes que si le télescope opérait depuis l'espace. En outre, il est muni de coronographes destinés à atténuer l'éblouissement généré par les étoiles brillantes et donc à révéler l'éventuelle présence d'exoplanètes.

Délaissant sa quête nocturne d'exoplanètes, SPHERE a acquis des données permettant aux astronomes de caractériser le double astéroïde. Il est notamment désormais possible de différencier les compositions de l'un et l'autre corps.

“Ces données, combinées à celles acquises par les autres télescopes concourrant à la campagne lancée par l'IAWN, se révèleront essentielles pour évaluer l'efficacité des stratégies de déflection mises en place pour éviter toute collision d'un astéroïde avec la Terre”, précise Olivier Hainaut, astronome à l'ESO. “Dans le pire des cas, les connaissances acquises nous permettront d'anticiper le type d'interaction d'un astéroïde avec l'atmosphère ou la surface terrestre, et donc d'atténuer les dommages causés par la collision”.

“Le double astéroïde a survolé la Terre à plus de 70 000 km/h. L'observer au moyen du VLT a donc constitué un véritable défi” ajoute Diego Parraguez, qui était aux commandes du télescope. Sa grande expertise a toutefois permis de verrouiller le VLT sur l'astéroïde puis de le capturer au moyen de SPHERE.

Bin Yang, astronome au VLT, de préciser: “Lorsque nous avons aperçu le satellite sur les images corrigées au moyen de l'optique adaptative, nous nous sommes réjouis. A ce moment précis, nous avons compris que l'ensemble des efforts consentis en valait la peine”. Mathias Jones, un autre astronome du VLT impliqué dans ces observations, explique les difficultés rencontrées: “Lors de la campagne d'observations, les conditions atmosphériques étaient légèrement instables. En outre, l'astéroîde était faiblement lumineux et se déplaçait à grande vitesse sur le fond du ciel. Les conditions d'observation furent donc particulièrement difficiles et le système d'optique adaptative a crashé à plusieurs reprises. Ce fut génial d'assister au succès de notre dur labeur face aux difficultés !”

Bien que 1999 KW4 ne présente aucune menace réelle, il arbore de grandes similitudes avec un autre système d'astéroïdes binaire baptisé Didymos, susceptible de constituer un danger pour la Terre dans un avenir lointain.

Didymos et son compagnon “Didymoon” constituent les cibles d'une prochaine expérience pionnière de défense planétaire. La sonde DART de la NASA percutera Didymoon dans le but de modifier son orbite autour de son jumeau de plus grandes dimensions. Cette expérience vise à tester la faisabilité de l'hypothèse de déflection des astéroïdes. Après l'impact, la mission Hera de l'ESA survolera les astéroïdes Didymos. Dès 2026, elle collectera des données relatives à la masse de Didymoon, à ses propriétés de surface ainsi qu'à la forme du cratère d'impact de DART.

Le succès de telles missions dépend de la qualité de la collaboration entre organisations. Le suivi des objets géocroiseurs (NEO) constitue l'un des principaux axes de collaboration entre l'ESO et l'ESA. Cet effort de coopération se poursuit depuis la première expérience de suivi réussie d'un objet potentiellement dangereux menée en 2014.

“Nous sommes ravis de jouer un rôle dans la protection de la Terre contre les astéroïdes” déclare Xavier Barcons, Directeur Général de l'ESO. “Nous n'utilisons pas seulement les potentialités étendues du VLT, nous travaillons également avec l'ESA à la création de prototypes d'un plus vaste réseau de détection, de suivi et de caractérisation d'astéroïdes.”

Ce survol rapproché de 1999 KW4 précède d'un mois seulement la Journée des Astéroïdes, une journée officielle des Nations Unies dédiée à l'éducation et à la sensibilisation aux astéroïdes, qui sera célébrée le 30 juin. Cette journée s'accompagnera d'événements organisés sur les cinq continents par des institutions astronomiques majeures telle l'ESO. Le Planétarium et le Centre d'accueil des visiteurs de l'ESO Supernova proposeront une grande diversité d'activités sur la thématique des astéroïdes, et le public est invité à se joindre aux célébrations.

Notes

(1) Cette distance équivaut à quelque 14 fois la distance Terre-Lune. Cet éloignement est suffisant pour permettre une étude poussée, et trop important pour constituer une réelle menace. De nombreux astéroïdes de petite taille s'approchent de la Terre à des distances bien inférieures à celle de 1999 KW4, parfois même inférieures à celle de la Lune. La rencontre la plus récente de la Terre avec un astéroïde se produisit le 15 février 2013: un astéroïde de 18 mètres de diamètre explosa lors de sa rentrée atmosphérique au-dessus de la ville russe de Chelyabinsk. S'ensuivit une onde de choc et des dommages qui occasionnèrent quelque 1500 blessés.
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