La piste du cuivre révèle la présence de soufre dans le noyau terrestre

Publié par Redbran le 19/06/2015 à 12:00
Source: CNRS-INSU
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Des chercheurs de l'Institut de physique du globe de Paris (CNRS/IPGP/Université Paris Diderot) ont apporté, pour la première fois, la preuve chimique de la présence de soufre dans le noyau de la Terre. Ils ont déterminé la composition du noyau terrestre, inaccessible aux scientifiques, en analysant les isotopes du cuivre de différentes roches de la croûte et du manteau terrestre et en les comparants avec la composition chimique de météorites, témoins de la formation de la Terre. Leur méthodologie, présentée dans Geochemical Perspective Letters le 17 juin 2015 sera, de plus, adaptable à tous types d'environnements et même à d'autres planètes.


Évolution de la concentration et de la composition isotopique du cuivre dans le manteau terrestre. Dans un premier temps, la formation du noyau sequestre ~60% du cuivre et enrichit le manteau en isotopes légers du cuivre. Dans un second temps, la ségrégation d'un liquide sulfuré, riche en isotopes légers du cuivre, enrichit le manteau actuel en isotopes lourds du cuivre. Ce liquide sulfuré s'est ensuite mélangé avec le noyau. Le soufre contenu dans le liquide correspond à 0.5% de la masse du noyau. © Moynier et al. 2015
De nombreuses mesures sismiques posent depuis longtemps une énigme aux scientifiques: le noyau terrestre semble trop léger pour être seulement composé de fer pur et de nickel. Des hypothèses postulent qu'un certain nombre d'éléments plus légers, tels que le carbone, l'oxygène, le silicium ou le soufre existent dans le noyau. Celui-ci étant situé à 2900 kilomètres sous la surface de la Terre, il est impossible d'avoir accès à des échantillons physiques. Alors comment déterminer sa composition ? En suivant, par exemple, les traces laissées par différents composés dans la chimie du manteau de la Terre lorsqu'ils ont migré au centre de notre planète pour former le noyau . Le soufre étant trop volatil - il passe facilement à un état gazeux - pour laisser ce type d'empreintes, les chercheurs ont utilisé le cuivre, un élément chimique chalcophile, c'est-à-dire qu'il se rencontre fréquemment en association avec le soufre, afin de retracer la destinée du soufre jusqu'au noyau terrestre.

Les chercheurs ont regroupé un grand nombre d'échantillons de laves issues du manteau et de roches de la croûte terrestre pour en déterminer la composition isotopique en cuivre et ainsi évaluer la composition du manteau terrestre. Ils ont ensuite comparé ces résultats à la composition isotopique des météorites. Ces dernières représentent la Terre dans son ensemble, comme si elle n'avait pas été différenciée en un manteau et en un noyau. Les chercheurs ont ainsi découvert que le manteau terrestre était appauvri en isotopes légers du cuivre par rapport aux météorites (qui représente donc la composition isotopique du manteau et du noyau). Ils interprètent ces résultats comme étant la conséquence de la séparation d'un liquide sulfuré (riche en isotopes légers du cuivre) des autres composants chimiques à la fin de la cristallisation du manteau terrestre. Ce liquide sulfuré, plus lourd que le reste du manteau, aurait plongé à la base du manteau et se serait ensuite mélangé avec le noyau terrestre. A partir de la différence de composition isotopique entre le manteau et le noyau, les chercheurs ont estimé que la quantité de liquide sulfuré qui s'est retiré du manteau représente 0,5% du noyau.

Afin de confirmer leurs résultats, les chercheurs ont réalisé une série d'expériences en laboratoire. Ils ont reconstitué la composition chimique de la Terre et l'ont soumise aux mêmes conditions de température et de pression que celles existant lors de la séparation du noyau et du manteau. L'analyse de la composition isotopique des matériaux (sulfures et silicate) produit lors de ces expériences valide l'hypothèse qu'un liquide sulfuré s'est bien séparé des composants du manteau de la Terre primitive.

Ces résultats, qui apportent une preuve de la présence de soufre dans le noyau terrestre, ont été obtenus grâce à cette méthode originale de suivi du cuivre que les chercheurs souhaitent pouvoir adapter à toutes sortes d'environnements, y compris d'autres planètes comme Mars, à partir du moment où des échantillons d'autres manteaux planétaires seront disponibles pour les comparaisons.
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