Nunavik 2040

Publié par Isabelle le 02/04/2016 à 12:00
Source: Yvon Larose - Université Laval
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L'étudiante Marianne Garneau-Charbonneau sur un flanc rocheux au coeur de Kuujjuaq. Ses collègues et elle ont réfléchi aux défis d'aménagement qui attendent ce village inuit du Nunavik durant le prochain quart de siècle.
L'étudiant Julien Landry est inscrit à la maîtrise simultanée en architecture et en design urbain. Le vendredi 11 mars, au pavillon Gene-H.-Kruger, il a fait une présentation, avec son collègue Mathieu Avarello, intitulée "Nunavik 2040: imaginer l'aménagement nordique durable". Leur exposé s'est déroulé dans le cadre du 21e colloque étudiant pluridisciplinaire du Centre de recherche en aménagement et développement.

"Ce séjour dans le Grand Nord avait tout de l'aventure, explique Julien Landry. Nous étions dans un contexte que l'on connaissait très très peu. Nous avons visité les deux villages et travaillé sur place auprès des acteurs influents du milieu. Cette expérience scolaire a été particulièrement dynamique."

En octobre dernier, 20 étudiantes et étudiants à la maîtrise, la majorité en architecture, d'autres en design urbain, ont passé une semaine dans les deux plus grands villages du Nunavik, Kuujjuaq et Inukjuak. Tous étaient inscrits à un atelier-laboratoire sur les défis d'aménagement qui attendent les villages inuits du Nunavik durant le prochain quart de siècle. Le groupe était supervisé par la professeure Geneviève Vachon et le chargé de cours Érick Rivard.

Le Nunavik comprend 14 communautés inuites. Kuujjuaq, la capitale régionale, comptait 2 576 résidents en 2015. Inukjuak, quant à elle, en totalisait 1 683. Un taux de fertilité élevé, soit 3,2 enfants par femme, préfigure une explosion démographique dans la région. Selon les données de l'Office municipal d'habitation Kativik, le nombre de logements pourrait passer, d'ici 2040, de 146 actuellement à environ 559 pour Kuujjuaq, et de 115 actuellement à environ 321 pour Inukjuak.

Pour comprendre le développement des deux villages, les étudiants ont consulté des ressources locales. Ils ont aussi interprété des cartes historiques et des cartes de développement. Ils ont ensuite formulé des propositions préliminaires de design appropriées pour les deux villages, qui tiennent compte de la culture inuite, du territoire environnant et du climat en train de changer.

À Kuujjuaq comme à Inukjuak, les deux villages vivent une crise du logement perpétuelle. À ce contexte d'urgence s'ajoutent deux phénomènes: l'étalement grandissant des surfaces urbanisées et la fonte graduelle du pergélisol, une conséquence du réchauffement du climat. Rendu instable, le sous-sol, habituellement gelé, peut provoquer des affaissements et des glissements de terrain.

"Le phénomène de l'étalement urbain est particulièrement frappant à Kuujjuaq, souligne Julien Landry. Les nouveaux développements résidentiels et les nouveaux services s'établissent toujours plus loin du centre du village. Les distances de marche deviennent critiques, notamment pour les personnes âgées et les travailleurs sans voiture."

Dans le but de limiter l'étalement urbain de ce village, les étudiants ont proposé de réaménager la route de l'aéroport. Longue de 2,4 km, cette artère agit comme rue principale dans la municipalité. L'idée consiste à encadrer et densifier la rue de façon douce, notamment par la construction de nouveaux bâtiments résidentiels et commerciaux, et par l'aménagement de parcours balisés pour les piétons.

Dans leur évaluation du potentiel de construction à Kuujjuaq, les étudiants ont aussi tenu compte des changements climatiques. Ils ont notamment consulté des analyses de sol faites par les chercheurs du Centre d'études nordiques de l'Université Laval. Leur proposition comporte deux volets. Premièrement, poursuivre le développement du village dans les zones rocheuses dont les dirigeants locaux n'ont pas tenu compte jusqu'à présent. Deuxièmement, remplacer la technique de construction dite sur radier par celle dite sur pieux.

"On construit dans l'urgence au Nunavik, indique Mathieu Avarello. On réapplique souvent le même processus sans le questionner, soit la construction sur radier, basée sur une épaisse couche de pierre concassée qui recouvre le sol naturel. Dans la construction sur pieux, ceux-ci rejoignent le roc sous la terre. Cette approche s'avère une des solutions de rechange intéressantes face à l'instabilité des sols induite par les changements climatiques. Ce type de construction est déjà répandu dans le village d'Iqaluit."

À Inukjuak, les étudiants ont proposé d'implanter le concept de l'agglomération linéaire, basé sur des modules d'habitation denses. Il permet aussi de rationaliser les services. Ainsi la distribution d'eau potable et de combustible se fait par petits réseaux partagés dissimulés sous les bâtiments, plutôt qu'en porte-à-porte.
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