Moins de violence chez les jeunes dans les pays interdisant complètement les punitions corporelles

Publié par Adrien le 23/10/2018 à 08:00
Source: Université McGill
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Dans les pays où le châtiment corporel est strictement interdit chez l'enfant, il y a moins de bagarres chez les jeunes, nous apprend une étude publiée dans la revue BMJ Open. En effet, les bagarres sont moins fréquentes dans les pays où les punitions corporelles sont formellement interdites en toutes circonstances que dans ceux où elles sont permises tant à l'école qu'à la maison (31% de moins chez les jeunes hommes et 42% de moins chez les jeunes femmes). Dans les pays où l'interdiction est partielle (par exemple au Canada, aux États-Unis et au Royaume-Uni, où le châtiment corporel n'est pas interdit à la maison), les chercheurs ont noté un taux de violence semblable au taux des pays exempts d'interdiction chez les hommes, mais un taux moindre chez les femmes (56%).

Des études antérieures ont fait ressortir un lien formel entre la fessée chez l'enfant et une série de conséquences néfastes allant de l'agression aux problèmes de santé mentale. Dans le cas présent, toutefois, les chercheurs y vont d'une mise en garde: ils ont observé une association et non un lien de cause à effet entre l'interdiction du châtiment corporel décrétée par la loi et la violence chez les jeunes.

"Tout ce que nous pouvons affirmer pour l'instant, c'est que les pays qui interdisent les punitions corporelles offrent aux enfants un cadre de vie moins violent que les pays qui ne l'interdisent pas", précise Frank Elgar, de l'Institut de recherche sur les politiques sociales et de santé de l'Université McGill. L'auteur principal de l'étude poursuit: "Nous avons simplement fait un survol panoramique de la question dans le monde et noté une corrélation. Pour déterminer si l'interdiction a véritablement un effet sur la violence chez les jeunes, nous devrons examiner de nouveau la question dans quatre à huit ans, après avoir recueilli plus de données. Nous devrons également poser plus de questions aux enfants et aux adolescents sur ce qui se passe à la maison, ce qui rebute bien des chercheurs.

Points saillants

En règle générale, les bagarres fréquentes étaient davantage le fait des jeunes hommes (près de 10%) que des jeunes femmes (environ 3%).

Les bagarres étaient nettement plus fréquentes dans certains pays que dans d'autres, les taux allant de 1% chez les jeunes Costaricaines à près de 35% chez les jeunes hommes des Samoa.

Le lien entre châtiment corporel et violence chez les jeunes demeure, même après la prise en compte d'éventuelles variables confusionnelles, telles que le revenu par habitant, le taux d'homicide et les programmes de prévention de la maltraitance infantile destinés aux parents.

Méthodologie

Les chercheurs ont utilisé les données recueillies auprès d'adolescents de 88 pays dans deux études de l'Organisation mondiale de la santé, à savoir l'Enquête sur le comportement des enfants d'âge scolaire en matière de santé (HBSC) et l'Enquête mondiale réalisée en milieu scolaire sur la santé des élèves (GSHS). Ces deux études sondent des jeunes d'âges divers, notamment sur la fréquence de leurs bagarres. Les chercheurs ont ensuite mis cette information en rapport avec les données de chacun des pays sur l'interdiction des punitions corporelles. Ils ont divisé les pays en trois groupes: interdiction absolue du châtiment corporel à la maison et à l'école (30 pays, européens pour la plupart, et quelques pays d'Amérique latine, d'Asie et d'Afrique), interdiction du châtiment corporel à l'école, mais pas à la maison (38 pays, dont la Chine, les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada) et absence d'interdiction (20 pays, allant du Myanmar aux îles Salomon).

Le lecteur peut obtenir sur demande un exemplaire de l'étude "Corporal punishment bans and physical fighting in adolescents: an ecological study of 88 countries", par F.J. Elgar, P. D. Donnelly, V. Michaelson et coll., publiée en 2018 dans la revue BMJ Open. https://bmjopen.bmj.com/lookup/doi/10.1136/bmjopen-2018-021616

Cette étude a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada, le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et le Programme des chaires de recherche du Canada.
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