Un lance-parasite dans les champs de maïs

Publié par Adrien le 08/07/2019 à 08:00
Source: Jean Hamann - Université Laval
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Photo: Ariane Dionne
Cette photo montre une vue générale du système de pulvérisation que les chercheurs ont créé pour faciliter la dispersion des guêpes parasites qui attaquent les oeufs de la pyrale du maïs.
Cette innovation promet de faciliter la lutte biologique contre les ravageurs

Une équipe du Département des sols et de génie agroalimentaire a mis au point un système qui devrait faciliter la vie des producteurs agricoles qui misent sur la lutte biologique pour contrer les ravageurs. En effet, le professeur Mohamed Khelifi et ses collaborateurs ont conçu une méthode pour disséminer dans les champs, avec économie de temps et de moyens, un très grand nombre de guêpes qui s'attaquent à la pyrale du maïs, le principal ravageur des cultures de maïs sucré au Québec.

Rappelons que la pyrale du maïs est un papillon originaire d'Europe qui a fait son apparition en Amérique du Nord au début du 20e siècle. La femelle adulte, qui mesure environ 25 mm de longueur, pond ses oeufs par groupe de 20 à 30 dans l'aisselle des feuilles. Elle s'attaque au maïs, mais aussi à d'autres productions dont le poivron et la pomme de terre.

Les producteurs qui souhaitent lutter contre cette espèce sans recourir aux insecticides chimiques peuvent se tourner vers de minuscules guêpes de moins de 1 mm de longueur, appelées trichogrammes. Ces insectes pondent leurs oeufs dans les oeufs de la pyrale. Les larves de la guêpe dévorent l'oeuf du papillon de l'intérieur, à la façon d'Alien.

Chaque femelle de pyrale du maïs pond plusieurs centaines d'oeufs pendant la saison de reproduction. Pour prévenir les dégâts, il faut donc un très grand nombre de guêpes, idéalement entre 200 000 et 600 000 par hectare. La façon actuelle de procéder consiste à élever en captivité une autre espèce de papillon, la pyrale de la farine par exemple, et d'utiliser ses oeufs comme sites de ponte pour les trichogrammes. Ces oeufs parasités sont collés sur des cartes qui sont ensuite accrochées sur les plants de maïs dans les champs. Chacun de ces oeufs contient une larve de trichogramme sur le point d'atteindre le stade adulte. Les guêpes qui en émergent s'accouplent et les femelles partent à la recherche d'oeufs de pyrale du maïs pour y pondre leurs oeufs.

"Les trichocartes sont efficaces, mais à petite échelle seulement, signale Mohamed Khelifi. Elles sont mal adaptées pour les grandes superficies de maïs parce qu'il faut beaucoup de temps et de main-d'oeuvre pour les installer dans les champs."

Pour contourner ce problème, le chercheur, ses étudiants-chercheurs, Pascal Gauthier et Ariane Dionne, et Silvia Todorova, de la firme Anatis Bioprotection, ont conçu un système de pulvérisation pour disperser des oeufs parasités par les trichogrammes dans les champs de maïs. "Les composantes de notre système existaient déjà et certaines sont couramment utilisées par les producteurs agricoles. Notre apport a été de trouver une façon efficace et ingénieuse de les combiner."

Les chercheurs avaient deux problèmes à résoudre. Le premier: trouver une façon de pulvériser les oeufs parasités sans tuer les trichogrammes. "Nous y sommes arrivés en utilisant une pompe à membrane et en évitant les chocs entre les oeufs parasités et les pièces de métal", explique le professeur Khelifi. Le second: s'assurer que les oeufs parasités ne soient pas lessivés par la première pluie. "Nous avons élaboré une solution composée d'eau et de deux produits comestibles, la gomme de xanthane et la gomme de guar. Cette solution assure une dispersion uniforme des oeufs parasités dans le réservoir du pulvérisateur et elle leur permet de bien adhérer aux feuilles du maïs", poursuit-il.

La recette créée par les chercheurs assure une bonne adhésion des oeufs parasités aux feuilles de maïs. Le petit point noir que l'on voit dans cette gouttelette est un oeuf parasité par un trichogramme.

Les tests effectués dans des champs de maïs de Neuville ont démontré que ce système de pulvérisation était aussi efficace que les trichocartes pour limiter les dégâts causés par la pyrale du maïs. De plus, les analyses des chercheurs révèlent que ce système présente un avantage qui plaira aux producteurs: il réduit pratiquement de moitié le temps requis pour disperser les trichogrammes.

Au cours des deux dernières années, cette innovation a fait l'objet de dépôt de brevets au Canada et aux États-Unis. Les chercheurs ont aussi publié les détails de leur système et les résultats des tests de terrain dans les revues scientifiques Transactions of the ASABE et Applied Engineering in Agriculture. À la mi-juillet, à Vancouver, la Société canadienne de génie agroalimentaire et de bio-ingénierie décernera le prix John Ogilvie Research Innovation au professeur Khelifi pour souligner les aspects novateur et ingénieux du système qu'il a conçu avec son équipe.

La prochaine étape ? "Nous cherchons des partenaires disposés à collaborer avec nous pour fabriquer le système de pulvérisation et pour en optimiser les composantes, répond le chercheur. Nous avons conçu ce système pour les cultures de maïs, mais nous croyons qu'il pourrait être adapté pour les autres cultures attaquées par la pyrale du maïs."
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