L'insécurité à l'école et la pauvreté sont associées à l'obésité juvénile

Publié par Adrien le 04/05/2015 à 00:00
Source: Université de Montréal
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Image: Thinkstock
Une corrélation entre l'insécurité à l'école et l'obésité juvénile a été établie par des chercheuses de l'Université de Montréal et du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine, qui lui est affilié. "Chez les enfants, la prévalence et la persistance de l'obésité sont dues à un ensemble complexe de facteurs. Nos recherches révèlent une interaction complexe entre le sentiment d'insécurité, la pauvreté et l'obésité, explique la professeure Tracie Barnett, auteure principale de l'étude. Étonnamment, la victimisation à l'école est associée à l'obésité juvénile et au temps passé devant un écran d'ordinateur ou de télévision, mais le temps d'écran seul n'est pas corrélé avec l'obésité. Cela suggère que le sentiment d'insécurité et la victimisation jouent un rôle clé dans la persistance de l'obésité."

Les scientifiques en sont venus à cette conclusion en analysant les données recueillies auprès de 1 234 jeunes Québécois faisant leur entrée à l'école secondaire. On a demandé aux élèves quel était leur sentiment de sécurité à l'école et s'ils avaient été victimes d'intimidation verbale, sociale ou physique. Ces renseignements ont été complétés par un profilage familial et une évaluation des habitudes de vie des élèves. De plus, on a demandé aux enseignants d'évaluer l'ambiance à l'école - si les élèves craignaient de fréquenter certains endroits, par exemple. "Les jeunes vivant dans une pauvreté chronique ont une plus grande probabilité d'être obèses que les autres; pourtant ils tendent à être plus actifs physiquement, peut-être parce qu'ils se déplacent moins en voiture, explique Caroline Fitzpatrick, coauteure de l'étude. D'autres facteurs, comme le sentiment d'insécurité et la victimisation à l'école, expliquent mieux la tendance à l'obésité ou à l'embonpoint des jeunes vivant dans la pauvreté." L'équipe de recherche a également découvert que les garçons sont plus à risque de ressentir de l'insécurité et d'être victimisés à l'école que les filles.

La relation de cause à effet entre l'obésité et l'intimidation n'est pas claire toutefois; les chercheuses ne peuvent écarter la possibilité que les jeunes qui sont obèses subissent davantage d'intimidation que les autres, ce qui contribuerait à perpétuer le problème. En outre, la victimisation à l'école peut être un problème particulier chez les jeunes vivant dans la pauvreté. "Pour les jeunes qui vivent dans une pauvreté chronique, la victimisation est la source de leur sentiment d'insécurité. Par contre, chez les jeunes qui ont connu la pauvreté plutôt durant la petite enfance, le sentiment d'insécurité n'est pas corrélé à l'intimidation. Pour ces jeunes, le sentiment d'insécurité pourrait s'expliquer par une perception de vulnérabilité issue de la pauvreté ou des effets du stress à long terme sur la santé mentale et physique, un phénomène connu sous le nom de charge allostatique, explique Carolyn Côté-Lussier, première auteure de l'étude. Nos résultats suggèrent également une transmission familiale du poids corporel, ce qui met en évidence le rôle inhibiteur de la pauvreté familiale dans la capacité du jeune à adopter des comportements favorisant l'atteinte d'un poids santé."

Avoir un sentiment d'insécurité à l'école et être la victime d'intimidation ne sont pas la même chose. "L'un des objectifs de notre étude était de relever les facteurs, à l'échelle d'une population, susceptibles de hausser le sentiment de sécurité des jeunes, déclare la chercheuse postdoctorale. Il peut être difficile de réduire l'incidence des cas d'intimidation, mais certaines de nos études suggèrent que le verdissement et la réduction du désordre dans le quartier contribuent à améliorer la perception de sécurité des jeunes dans leur école, indépendamment de l'intimidation."

La professeure Barnett estime que ces résultats soulignent la nécessité de tenir compte de facteurs environnementaux multiples dans la lutte contre l'obésité juvénile. Elle précise : "Hausser le sentiment de sécurité des jeunes à l'école est une intervention parmi plusieurs autres qui pourrait atténuer la relation entre la pauvreté et l'obésité. Pour ce faire, on pourrait, outre les mesures ciblant directement la violence à l'école, améliorer l'environnement du quartier, favoriser les relations entre les jeunes et leurs enseignants et promouvoir un climat de respect et d'appréciation dans l'ensemble de l'école."
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