Depuis des décennies, une maladie rénale ravage des milliers de vies dans les régions rurales du Sri Lanka. L'enquête d'une équipe de chercheurs de l'Université Duke ouvre une piste inquiétante: la présence du glyphosate, ingrédient actif de l'herbicide Roundup, dans les puits d'eau potable.
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Les chercheurs ont identifié que le glyphosate, utilisé pour éliminer les mauvaises herbes, pourrait interagir avec les ions métalliques des eaux dures de la région, formant des complexes persistants. Ces complexes pourraient subsister jusqu'à sept ans dans l'eau et 22 ans dans le sol.
Selon Nishad Jayasundara, professeur d'Écologie Globale à l'Université Duke, il était admis que le glyphosate se dégradait rapidement. Or, en présence d'eau dure, le produit demeure dans l'environnement bien plus longtemps. Une situation particulièrement préoccupante dans certaines zones agricoles du Sri Lanka où l'eau est naturellement dure.
Pour valider cette hypothèse, Nishad Jayasundara et Lee Ferguson, professeur en génie civil et environnemental, ont collaboré avec Mangala De Silva, professeur à l'Université de Ruhuna au Sri Lanka. Plus de 200 puits ont été analysés, révélant des niveaux significativement élevés de glyphosate dans 44% des puits des zones affectées.
L'étude emploie une technique sophistiquée de spectrométrie de masse pour identifier même les traces infimes de contaminants. Ce faisant, les chercheurs ont également détecté des niveaux élevés de fluorure et de vanadium, également associés à des dommages rénaux.
Lee Ferguson souligne l'importance de poursuivre les recherches sur d'autres voies d'exposition possibles, comme le contact direct ou la contamination alimentaire. L'équipe estime que ces résultats devraient servir de signal d'alarme quant aux risques associés au glyphosate, notamment dans des contextes similaires ailleurs dans le monde.