Les Incas polluaient aussi leur atmosphère

Publié par Adrien le 07/01/2015 à 12:00
Source: CNRS-INEE
Restez toujours informé: suivez-nous sur Google Actualités (icone ☆)

Jusqu'ici les chercheurs pensaient que la pollution de l'air par des activités humaines dans l'hémisphère Sud datait seulement de la période postindustrielle, soit il y a moins d'un siècle. Or une équipe du Laboratoire d'écologie fonctionnelle et environnement (CNRS / Université de Toulouse), dirigée par François De Vleeschouwer, vient de mettre en évidence qu'en Amérique du Sud, la pollution atmosphérique remonte au moins du temps des Incas, qui ont exploité le cuivre et l'argent dans le sous-sol des Andes jusqu'au début du 16e siècle ! Les chercheurs sont parvenus à cette conclusion en étudiant la chimie des métaux dans une tourbière au Chili. Les détails sont publiés dans la revue PlosOne de fin octobre.


Ouverture d'un sondage de tourbe par F. De Vleeschouwer et collègues.
© Gaël Le Roux

"Certes, les quantités de contaminations décelées dans notre étude sont de 10 à 100 fois moindres que celles émises de nos jours ; ceci dit, elles sont significatives ", souligne le biogéochimiste Gaël Le Roux.

Les tourbières, véritables archives environnementales, peuvent enregistrer les dépôts de particules atmosphériques pendant plusieurs millénaires.

Pour arriver à leurs résultats, les chercheurs se sont intéressés à une tourbière du Parc Naturel de Karukinka, en Terre de Feu chilienne. L'équipe a foré jusqu'à 4.5 mètres de profondeur dans cette dernière. Ainsi, ils ont obtenu une carotte de tourbe renfermant des poussières qui se sont déposées pendant les 8000 dernières années. Ensuite, ils ont étudié les teneurs en métaux de la carotte, centimètre par centimètre, grâce à des techniques de spectrométrie de masse. Celles-ci permettent de déterminer la composition de la tourbe ainsi que les isotopes du plomb, véritables signatures de l'origine de ce métal: naturelle ou liée à l'activité humaine.

Leurs résultats ont mis en évidence des augmentations de la teneur en cuivre, plomb et étain à certaines périodes correspondant aux phases de développement des civilisations précolombiennes andines. La signature isotopique du plomb confirme l'origine minière et distante de ces métaux provenant de la métallurgie précolombienne dans les Andes.

"Nos données indiquent que les particules polluantes ont voyagé sur près de 4000 kilomètres depuis leur lieu d'émission, via des courants atmosphériques allant du nord vers le sud", précise Gaël Le Roux.

C'est la première fois qu'une équipe de scientifiques démontre un tel transport longue distance de métaux des Andes jusqu'à l'extrême sud de l'Amérique du Sud.
Page générée en 0.168 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales | Partenaire: HD-Numérique
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise