L'inattention est le meilleur élément prédictif de l'échec scolaire

Publié par Adrien le 05/09/2011 à 00:00
Source: Daniel Baril - Université de Montréal
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Les enfants qui sont "dans la lune" sont à risque d'échec, car leur attitude cache peut-être un déficit d'attention, trop souvent ignoré. (Photo: iStockphoto)
Le déficit d'attention, chez les enfants d'âge scolaire, est souvent associé à l'hyperactivité et parfois même considéré comme une conséquence de celle-ci. Les travaux en psychologie comportementale ont donc abondamment utilisé les mesures d'hyperactivité pour déterminer les probabilités de réussite ou d'échec scolaire, une hyperactivité élevée étant de mauvais augure pour la réussite des études.

Ces deux dimensions sont maintenant mesurées séparément et il apparait de plus en plus clair que l'inattention est davantage liée à l'échec scolaire que l'hyperactivité. C'est du moins ce qui ressort d'une vaste étude longitudinale du Groupe de recherche sur l'inadaptation psychosociale chez l'enfant (GRIP) qui a observé le parcours de 2000 élèves pendant 16 ans.

Bien qu'on utilise couramment l'expression "trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité", "il s'agit de deux sous-types qui ont des symptômes en commun, souligne Jean-Baptiste Pingault, chercheur postdoctoral au GRIP et auteur de cette recherche. Les études sur le parcours scolaire ne font pas la distinction entre les deux et considèrent l'hyperactivité comme un indicateur de réussite ou d'échec; c'est ce dernier point que nous avons voulu préciser."

L'inattention comme facteur d'échec


Jean-Baptiste Pingault et Sylvana Côté
À partir des observations des enseignants et des intervenants scolaires, la recherche a fait ressortir quatre trajectoires pour le déficit d'attention et quatre autres pour l'hyperactivité: sauf pour les enfants qui n'ont aucun problème d'attention ni d'hyperactivité, ces deux ensembles de parcours ne coïncident pas. De façon générale, l'hyperactivité a tendance à diminuer entre 6 et 12 ans alors que l'inattention demeure stable chez les enfants très inattentifs et qu'elle évolue de façon diamétralement opposée chez les deux groupes où elle est modérée.

L'échec scolaire, mesuré par le taux de diplomation à la fin du secondaire, parle de lui-même. "Chez les enfants qui sont très hyperactifs sans être très inattentifs, le taux d'échec est de 28 %, ce qui est très près du groupe de référence, où l'échec est à 22 %, explique Jean-Baptiste Pingault. Cette différence n'est d'ailleurs pas significative. Par contre, l'échec est à 71 % chez ceux qui sont à la fois très hyperactifs et très inattentifs, ce qui n'est pas très éloigné de ceux qui sont très inattentifs sans être hyperactifs et qui présentent un taux d'échec de 65 %."

Les enfants très inattentifs, sans être agités, sont par conséquent plus à risque de subir un échec scolaire que les enfants très hyperactifs mais capables d'attention. "Il faut donc traiter l'inattention pour elle-même, même lorsqu'elle n'est pas liée à l'hyperactivité", conclut le chercheur.

Porter attention à l'inattention

"Dans le système scolaire, les enfants inattentifs sont oubliés parce que, contrairement aux hyperactifs, ils ne dérangent pas la classe, indique Sylvana Côté, directrice de cette recherche et professeure au Département de médecine sociale et préventive de l'UdeM. Pourtant, nous savons que l'attention peut se développer par des activités d'entrainement appropriées, ce qui peut prévenir l'échec scolaire."

Selon la professeure, des causes à la fois génétiques et psychosociales sont à la base de l'inattention. Un déficit cognitif pourrait être responsable des cas d'inattention élevée et persistante alors que des facteurs tels les conflits parentaux ou les déménagements peuvent entrainer des épisodes d'inattention plus grande chez certains enfants.

Les données de cette étude sortent au moment où les experts en santé mentale débattent de la pertinence de séparer, dans l'édition actuellement en révision du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (communément appelé DSM), les troubles de l'hyperactivité et ceux de l'attention. "Ces deux troubles sont maintenant décortiqués de façon plus précise et il faudra définir un type d'inattention indépendant de l'hyperactivité et qui nécessite un soutien psychologique", estime Jean-Baptiste Pingault.
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