Implantation cardiaque: l'allergie aux bioprothèses de porc

Publié par Adrien le 24/05/2011 à 12:00
Source: CNRS-INSB
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Dans une étude publiée par The lancet le 30 avril 2011, des microbiologistes de l'Unité de recherche sur les maladies infectieuses et tropicales émergentes (URMITE, CNRS/Université de la Méditerranée), en collaboration avec des cardiologues et des chirurgiens cardiaques de l'APHM, ont montré que des patients allergiques aux protéines de porc sont fortement susceptibles de succomber à l'implantation cardiaque de valves prothétiques, fabriquées à partir des cellules de cet animal.

L'endocardite est une inflammation de l'endocarde, c'est-à-dire de l'enveloppe interne du coeur, qui atteint plus particulièrement les valves cardiaques. Cette grave maladie est le plus souvent de nature infectieuse et cause des dégâts valvulaires importants, à l'origine d'une mortalité et morbidité importante, surtout en l'absence de traitements adaptés. L'endocardite infectieuse peut aussi bien survenir sur des valves natives que sur des valves prothétiques. Concernant les valves prothétiques, les bioprothèses, élaborées à partir de tissus de boeuf ou de porc, sont d'ailleurs généralement mieux tolérées que les valves mécaniques.


Coupe histologique d'une bioprothèse implantée chez le patient, montrant la présence anormale de polynucléaires éosinophiles (flèches) compatible avec un phénomène allergique. © URMITE, P.-E. Fournier

Le taux annuel d'incidence de l'endocardite infectieuse en France est stable et s'estime à 31 cas par million d'habitants, soit environ 1500 cas par an. Son diagnostic repose sur un faisceau d'arguments épidémio-cliniques et sur des tests paracliniques, parmi lesquels les hémocultures sont les examens de référence. Cependant, dans 12 à 24% des cas, les hémocultures restent négatives et ne permettent alors pas d'identifier le microorganisme responsable de l'infection, ce qui expose le patient à des complications non négligeables liées à un traitement inadapté.

Ainsi, depuis 1994, les chercheurs de l'URMITE développent une stratégie rationnelle pour la recherche des agents étiologiques qui provoquent la maladie, dans le but d'identifier les causes d'endocardites à hémocultures négatives (EHN). Cette stratégie a déjà permis d'identifier une étiologie chez 69,5% des 1107 patients testés négativement avec l'hémoculture entre 1983 et 2009. Dans environ 10% des cas, la maladie a une origine non-infectieuse, ce qui nécessite une prise en charge thérapeutique bien spécifique. Mais qu'en est-il pour les autres ?

L'étude publiée dans The lancet par les scientifiques de l'URMITE et de l'APHM décrit le cas fatal d'un homme ayant subi quatre épisodes consécutifs d'EHN suite à l'implantation d'une bioprothèse valvulaire de porc. L'analyse de ce cas assez particulier a montré qu'une allergie au porc, utilisé dans la fabrication de bioprothèses pour le coeur, peut être responsable d'endocardites à hémocultures négatives. Dans la mesure où cette allergie touche entre 5 et 20% de la population générale, ces travaux suggèrent donc qu'il est primordial de rechercher systématiquement, avant la mise en place d'une bioprothèse de porc, une allergie aux protéines de cet animal.
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