Systémique - Définition

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Introduction

La systémique - du grec « systema », « ensemble organisé » - est une méthode scientifique qui applique la théorie systémique comme moyen de comprendre un système. En utilisant une approche toujours globale, grâce à une vision holistique, elle permet d'aborder des sujets complexes qui étaient réfractaires à l'approche parcellaire des sciences exactes issues du cartésianisme.

Apparue progressivement pendant la deuxième moitié du XXe siècle, la systémique est donc un mode d'appréhension qui peut être considéré comme un langage, un état d'esprit, ou même une philosophie. Elle tend également à être considérée comme une science mais son axiomatique n'est pas suffisamment stabilisée pour qu'elle soit unanimement reconnue comme telle.

Éclairage

Les principes de la systémique ont la particularité de venir d'à peu près tous les domaines de la science et d'être également applicable à chacun d'eux. De l'informatique à la psychologie en passant par les neurosciences, les domaines d'études qui sont à la fois une de ses origines et un de ses domaines d'application sont innombrables.

Ainsi, les références à la systémique que l'on retrouve en informatique, en psychothérapie, en épistémologie, ou encore en science de la communication font bel et bien référence au même sujet et aux mêmes principes, même si chaque discipline présente la systémique sous une forme qui lui est propre, en mettant généralement l'accent sur ce qui lui est le plus utile.

Les fondateurs

La théorie générale des systèmes (Bertalanffy)

Biologiste de formation, savant aux intérêts variés, Ludwig von Bertalanffy s’intéresse tôt à la conception de l’organisme comme système ouvert. Il participe à l’émergence d'une théorie « holiste » de la vie et de la nature. Son approche de la biologie sera à la base de sa théorie générale des systèmes. Dans ce cadre, le scientifique est amené à explorer divers champs d’application de sa théorie – psychologie, sociologie ou histoire – comme autant de niveaux d’organisation.

Le paradigme systémique considère de façon indissociable les éléments des processus évolutifs (qui assemblent les éléments de manière non-linéaires ou aléatoire, dans les systèmes dits complexes). La « théorie générale des systèmes » constitue essentiellement un modèle pouvant s’illustrer dans diverses branches du savoir (exemple : théorie de l’évolution).

On peut distinguer trois niveaux d’analyse :

  • La science des systèmes, consistant à la fois en une étude des systèmes particuliers dans les différentes sciences et une théorie générale des systèmes comme ensemble de principes s’appliquant à tous les systèmes. L’idée essentielle ici est que l’identification et l’analyse des éléments ne suffisent pas pour comprendre une totalité (comme un organisme ou une société) ; il faut encore étudier leurs relations. Bertalanffy s’est attaché à mettre en lumière les correspondances et les isomorphismes des systèmes en général : c’est tout l’objet d’une théorie générale des systèmes.
  • La technologie des systèmes, concernant à la fois les propriétés des matériels et les principes de développement des logiciels. Les problèmes techniques, notamment dans l’organisation et la gestion des phénomènes sociaux globaux (pollutions écologiques, réformes éducation, les régulations monétaires et économiques, relations internationales), constituent des problèmes incluant un grand nombre de variables en interrelation. Des théories « globales » comme la théorie cybernétique, la théorie de l’information, la théorie des jeux et de la décision, la théorie des circuits et des files d’attente, etc., en sont des illustrations. De telles théories ne sont pas « fermées », spécifiques, mais au contraire interdisciplinaires.
  • La philosophie des systèmes, promouvant le nouveau paradigme systémique, à côté du paradigme analytique et mécaniste de la science classique. La systémique constitue, selon les propres termes de Bertalanffy, « une nouvelle philosophie de la nature », opposée au lois aveugles du mécanisme, au profit d’une vision du « monde comme une grande organisation ». Une telle philosophie doit par exemple soigneusement distinguer systèmes réels (une galaxie, un chien, une cellule), qui existent indépendamment de l’observateur, systèmes conceptuels (théories logiques, mathématiques), qui sont des constructions symboliques, et systèmes abstraits (les théories expérimentales), comme sous-classe particulière des systèmes conceptuels qui correspondent à la réalité. À noter, à la suite des travaux sur la psychologie de la forme et les déterminismes culturels, que la différence entre systèmes réels et systèmes conceptuels est loin d’être tranchée. Cette ontologie des systèmes ouvre donc sur une épistémologie, réfléchissant sur le statut de l’être connaissant, le rapport observateur/observé, les limites du réductionnisme, etc. L’horizon ultime est alors de comprendre la culture comme un système de valeurs dans lequel l’évolution humaine est enchâssée.

Le structuralisme

La notion centrale est la structure - étudiée à la fois en linguistique, en anthropologie et en psychologie :

  • En linguistique : Ferdinand de Saussure s’inspire de l’analyse économique et introduit le couple conceptuel signifiant/signifié. Ses travaux sont repris par le danois Louis Hjelmslev et le russe Jakobson : Hjelmslev présente le langage comme la double implication de deux structures indépendantes, expression et contenu. Enfin, Noam Chomsky, chercheur au Massachusetts Institute of Technology, dégage une grammaire générative, ensemble de règles linguistiques universelles, au fondement de toute langue possible. Il ouvre la voie aux sciences cognitives.
  • En anthropologie : Claude Lévi-Strauss pose le primat des structures intellectuelles sur le développement social et adopte un point de vue synchronique, étudiant les sociétés dites primitives à la lumière des structures dégagées, réduisant ainsi le rôle de l’histoire. Il cherche les invariants capables d’expliquer l’équilibre social.
  • En psychologie : c’est la Gestalttheorie de l’école allemande (travaux sur la psychologie de la forme dans le domaine des perceptions) ; puis Jean Piaget, qui s’intéresse au développement de l’intelligence chez l’enfant. L’intelligence est décrite, à travers une série de stades de développement, comme la capacité de construire en permanence des structures, qui s’établissent par autorégulation.

La cybernétique

Cybernétique est le nom choisi par le mathématicien Norbert Wiener pour désigner la représentation de ce qui dirige, dans le sens de l'identification de la logique sous-jacente, du mécanisme de communication qui induit qu'une chose se passe ou non. Sur-doué aux centres d'intérêts nombreux et variés, participant aux prémices de la robotisation et de l'électronique, c'est un participant des conférences Macy (voir ). Il est connu pour sa faculté à pouvoir tout schématiser, et sera donc celui à qui incombe la tache de formaliser un langage de représentation des mécanismes de la communication en général.

Il le fera dans Cybernetics : or Control and Communication in the Animal and the Machine paru en 1948 qui établit ainsi une science générale de la régulation et des communications dans les systèmes naturels et artificiels. Il la nomme cybernétique en référence au grec kubernêtikê, (ce qui dirige, que Platon utilisait pour désigner le pilotage d’un navire). Il déplora ensuite ne pas avoir eu connaissance de l'utilisation faite par André-Marie Ampère dans le sens dérivé de l'art de gouverner les hommes.

La cybernétique se concentre sur la description des relations entretenues avec l'environnement. Pour cela il faut identifier les structures communicantes de l'objet étudié (machine, animal ou autre), en se concentrant exclusivement sur l'effet externe (sans considérer les raisons interne de ces effets d'où la schématisation en boite noire). La représentation se fait en utilisant uniquement quelques briques élémentaire:

  • les affecteurs (ou capteurs) qui représentent la perception des modifications de l’environnement ;
  • les effecteurs, les moyens d’action sur l’environnement ;
  • la boîte noire, élément structurel dont le fonctionnement interne est ignoré et qui n’est considéré que sous l’aspect de ses entrées et de ses sorties ;
  • les boucles de rétroactions (ou feed-back) : on constate une boucle de rétroaction lorsque la grandeur de sortie d’une boîte noire réagit sur la grandeur d’entrée, selon un processus de bouclage. Dans ce dernier cas, on n’a plus seulement affaire à une simple relation de cause à effet, mais à une causalité non-linéaire, plus complexe, où l’effet rétroagit sur la cause. Il existe deux sortes de rétroactions : la rétroaction positive (amplificateur) et la rétroaction négative (compensateur).

Le rôle de la cybernétique est donc ensuite de prévoir selon cette représentation l'évolution de son comportement dans le temps. Elle a ainsi permis de faire émerger les bases scientifiques d’une analyse rigoureuse des concepts d’organisation et de commande.

La théorie de l’information

La théorie de l’information schématise la communication ainsi : toute information est un message envoyé par un émetteur à un récepteur en fonction d’un code déterminé. Shannon choisit, pour théoriser l’information, de faire abstraction de la signification des messages. C’est un point de vue de théoricien, mais aussi de l’ingénieur : le contenu du message n’a pas en soi d’incidence sur les moyens de le transporter. Seule compte une quantité d’information à transmettre, mesurable selon la théorie de Shannon (et qui ne correspond pas à ce que nous entendons dans le langage courant par « quantité d'information »). L’objectif de Shannon, ingénieur à la compagnie téléphonique (BELL), était d'utiliser le plus efficacement possible les canaux de transmission.

La théorie de l’information de Claude Shannon regroupe les lois mathématiques concernant le transfert de signaux dans des canaux matériels dotés d'un rapport signal/bruit. Cette théorie est applicable à la transmission des signaux artificiels aussi bien qu’à la linguistique ou au système nerveux. Le problème de son application aux langues vernaculaires est qu’elle se fait au détriment du sens et du contexte culturel.

Elle conduit aussi à des paradoxes : Médor est un chien contient moins de bits d'information au sens technique que Médor est un quadrupède, et véhicule pourtant bien plus d'information sémantique, puisque tous les chiens sont des quadrupèdes (alors que tous les quadrupèdes ne sont pas des chiens).

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