Grippe - Définition

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Introduction

Virions grippaux (Myxovirus influenzae) quittant leur cellule hôte, grossis cent mille fois.
Cliché de microscopie électronique en transmission issu de la bibliothèque d'images de Santé publique du Center for Disease Control.

La grippe (ou influenza) est une maladie infectieuse fréquente et contagieuse causée par trois virus à ARN de la famille des Orthomyxoviridae (Myxovirus influenzae A, B et C), touchant les oiseaux et certains mammifères dont le porc et l'être humain.

La grippe épidémique ou grippe commune

Elle sévit sur un mode épidémique saisonnier essentiellement autumno-hivernal. Elle se traduit chez l'être humain par un ensemble de signes non spécifiques associant fièvre, céphalées, toux, pharyngite, myalgies, asthénie et anorexie. Ces symptômes, éléments du syndrome grippal dont la grippe n'est qu'une cause parmi d'autres, font évoquer le diagnostic par la soudaineté de leur apparition, leur survenue en période d'épidémie grippale et leur disparition habituelle après quelques jours d'évolution. Dans les cas les plus sérieux, la grippe est grevée de complications (au premier rang desquelles les pneumonies bactériennes et la déshydratation) possiblement fatales.

La transmission inter-humaine de la maladie est essentiellement respiratoire, via des gouttelettes riches en virus provenant de la toux et des éternuements des sujets infectés. Le diagnostic de la grippe en période d'épidémie est simple, et une grippe non compliquée relève habituellement d'un traitement symptomatique. Des antiviraux sont disponibles pour le traitement et la prophylaxie de la grippe, parmi lesquels les inhibiteurs de la neuraminidase tiennent aujourd'hui une place de choix. La prévention de la grippe repose sur une vaccination annuelle, proposée dans la plupart des pays industrialisés aux personnes à risque et administrée aux volailles d'élevage.

Souvent banalisée comme synonyme de rhume ou de « coup de froid », la grippe est une maladie sérieuse et un problème majeur de santé publique à l'échelle planétaire. Elle est responsable dans le monde d'une morbidité élevée et de 250 000 à 500 000 décès par an (en France, la grippe provoque chaque année en moyenne 1 000 morts), essentiellement de jeunes enfants et de personnes âgées. La grippe touche en France entre 2 et 7 millions de personnes chaque hiver. Le coût sanitaire et social annuel de la grippe est considérable, évalué à plusieurs milliards de dollars aux États-Unis, et à 460 millions d'euros en France pour une épidémie moyenne.

Historique

Épidémiologie de l'Antiquité au XIXe siècle

Les symptômes de la grippe humaine ont été clairement décrits par Hippocrate il y a près de 2 400 ans. Tite-Live décrivit dans la Rome antique des épidémies brutales qui semblent rétrospectivement pouvoir être attribuées à la grippe. Depuis lors, le virus a été responsable de nombreuses pandémies. Les données historiques concernant la grippe sont difficiles à interpréter, car le syndrome grippal se rencontre également dans d'autres maladies épidémiques (diphtérie, peste bubonique, fièvre typhoïde, dengue, typhus, hépatite A). La première observation convaincante remonte à 1580, avec une pandémie qui partit d'Asie et s'étendit à l'Europe et à l'Afrique. Plus de huit mille morts furent comptés à Rome et plusieurs villes espagnoles furent frappées. Les pandémies se poursuivirent de façon sporadique au XVIIe siècle et au XVIIIe siècle, et on note une pandémie étendue entre 1830 et 1833 (un quart des personnes exposées auraient été infectées). Ce n'est qu'à partir des années 1850 qu'une description systématique des épidémies fut entreprise par le britannique Theophilus Thompson.

Les pandémies du XXe siècle

Courbe de la mortalité par grippe espagnole dans quatre grandes villes du monde entre 1918 et 1919.

La pandémie la plus meurtrière connue à ce jour est celle de la « grippe espagnole » (virus influenza A, sous-type H1N1) qui sévit entre 1918 et 1919. Les plus anciennes estimations parlent de quarante à cinquante millions de morts tandis que des évaluations plus récentes livrent le chiffre de cinquante à cent millions de morts dans le monde, ce qui en ferait une des plus graves catastrophes sanitaires de tous les temps, au même titre que la peste noire de 1347-1350. Une autre particularité de cette pandémie est qu'elle tua principalement de jeunes adultes, 99 % des décès étant survenus avant soixante-cinq ans et plus de la moitié entre vingt et quarante ans. Cette forte létalité s'explique par un taux d'attaque très élevé (près de 50 % des personnes exposées) et par la sévérité extrême des symptômes, dont on suspecte qu'elle soit liée à une réaction immunitaire excessive (« orage cytokinique »). Les symptômes, inhabituels pour une grippe, firent d'abord passer la maladie pour une dengue, un choléra ou une fièvre typhoïde. Un observateur écrivit « une des complications les plus frappantes était une hémorragie des muqueuses, particulièrement de celles du nez, de l'estomac et des intestins. Des saignements auriculaires et des hémorragies pétéchiales survenaient également ». La majorité des décès firent suite à des surinfections, notamment des pneumonies bactériennes, mais le virus tua aussi directement en causant des hémorragies et des œdèmes pulmonaires massifs dépassant les possibilités thérapeutiques de l'époque.

Les pandémies suivantes furent moins dévastatrices. La « grippe asiatique » de 1957 (virus de type A, souche H2N2) et la « grippe de Hong Kong » de 1968 (virus de type A, souche H3N2) firent malgré tout des millions de morts dans le monde. Le développement des antibiotiques, en permettant le traitement des surinfections bactériennes, pourrait avoir joué un rôle non négligeable dans la diminution de la mortalité. De nouvelles menaces virent le jour dans le New Jersey en 1976 (« grippe du cygne »), dans le monde entier en 1977 (« grippe russe ») et depuis 1997 à Hong Kong et dans d'autres pays asiatiques avec le virus H5N1. Toutefois depuis 1968, l'immunité acquise contre les souches des précédentes pandémies et la vaccination ont limité l'expansion du virus et peuvent avoir aidé à prévenir le risque de nouvelles pandémies.

Principales Pandémies grippales connues
Pandémie Date Décès Sous-type impliqué Index de sévérité
Grippe asiatique (russe) 1889–1890 1 million H2N2 ?  ?
Grippe espagnole 1918–1920 30 à 100 millions H1N1 5
Grippe asiatique 1957–1958 1 à 1,5 million H2N2 2
Grippe de Hong Kong 1968–1969 0,75 à 1 million H3N2 2
Grippe A (H1N1) 2009–2010 18 138 H1N1 NA
Décès confirmés par Grippe A (H1N1) cumulés au niveau mondial pour 2009-2010
14 aout 2009 09 sept. 2009 09 oct. 2009 10 nov. 2009 11 dec. 2009 11 jan. 2010 14 fev. 2010 04 juin 2010
2004 3555 4579 6508 10567 13837 15921 18 138

Identification du germe (virus)

La grippe était faussement attribuée à une bactérie jusqu'à ce que les agents étiologiques de la grippe, les virus de la famille des Orthomyxoviridae, soient identifiés chez le porc par Richard Schope en 1931. Cette découverte fut bientôt suivie par l'isolement du virus chez les humains par un groupe de recherche dirigé par Patrick Laidlaw au Medical Research Council (Conseil de recherche médicale) du Royaume-Uni en 1933. Enfin il fallut attendre que Wandell Stanley cristallise le virus de la mosaïque du tabac en 1935 pour que la nature non-cellulaire des virus soit connue.

Découverte du vaccin

Pendant la pandémie de 1918, différents vaccins furent utilisés aux États-Unis tant à des fins préventives que curatives. Inefficaces car basés sur une ou plusieurs bactéries, et non sur le virus, ils semblent néanmoins avoir été assez largement utilisés faute, notamment, d'un système d'évaluation adéquat.

La première étape significative vers la prévention de la grippe fut le développement, en 1944, d'un vaccin à base de virus grippal tué découvert par Thomas Francis, Jr., avec le soutien de l'armée américaine. Cette découverte se basait sur les travaux fondamentaux de Frank Macfarlane Burnet, qui démontra que le virus perdait sa virulence lorsqu'il était cultivé dans des œufs de poule embryonnés. L'armée américaine, durement frappée par la grippe durant la Première Guerre mondiale, s'impliqua activement dans ces recherches (travaux poursuivis dans les années 1950, par les découvertes sur l'interféron par Jean Lindenmann). Dès le début, l'animal modèle dans ces travaux en immunologie a été le furet (Mustela putorius furo).

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