La génétique au service des jeunes coeurs malades

Publié par Adrien le 29/12/2019 à 08:00
Source: Université de Montréal
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Une équipe de recherche du CHU Sainte-Justine et de l'Université de Montréal a découvert un nouveau mécanisme responsable d'une maladie congénitale courante de la valve aortique. Les résultats de cette étude, obtenus grâce à une collaboration avec le Hebrew University Medical Center, sont présentés dans la revue Nature Genetics.


Crédit: Getty

Deux pour cent de la population présente une cardiopathie valvulaire, un chiffre non négligeable. En dépit de cette fréquence élevée, et malgré les nombreux indices quant au rôle de la génétique dans les maladies aortiques, seuls quelques gènes ont pu être découverts jusqu'à présent. Ici, le gène ADAMTS19 est mis en cause dans une maladie de la valve aortique.

"Les maladies valvulaires cardiaques peuvent toucher l'une des quatre valves du coeur, soit la valve tricuspide, pulmonaire, mitrale ou aortique. Nous nous sommes intéressés à des patients qui ont une valve aortique bicuspide ‒ c'est-à-dire une valve aortique qui n'est constituée que de deux feuillets fonctionnels au lieu des trois normalement attendus", explique le Dr Gregor Andelfinger, cardiologue pédiatrique et chercheur au CHU Sainte-Justine et à l'Université de Montréal. La plupart des patients atteints sont asymptomatiques au début de leur vie. À l'âge adulte, cette valve bicuspide peut entraîner une fuite ou un rétrécissement aortique précoce, menant à un essoufflement ou une fatigue inhabituelle à l'effort.

Cette découverte découle du suivi d'une famille au CHU Sainte-Justine; deux des trois enfants de cette famille sont atteints de cette variation congénitale, ce qui a permis de mettre au jour le gène responsable, ADAMTS19, qui jusqu'à aujourd'hui n'avait pratiquement jamais été caractérisé par d'autres équipes médicales et encore moins associé à cette maladie.


Gregor Andelfinger Crédit: Mélissa Vincelli
"Pour trouver le rôle de ce gène, nous avons utilisé un modèle préclinique présentant les mêmes caractéristiques pathologiques que nos jeunes patients. Cela nous a permis d'analyser la fonction du gène dans le détail et de définir les mécanismes de la maladie, mentionne Florian Wünnemann, premier auteur de l'étude. Grâce au séquençage de cellules uniques ‒ une nouvelle technologie qui permet d'établir le profil génétique d'une seule cellule dans le tissu cardiaque par exemple ‒, on arrive à déterminer très précisément le type cellulaire qui est responsable de la maladie. Cela nous a énormément aidés à montrer les conséquences moléculaires de la mutation."

En effet, les données indiquent que la mutation chez les patients change l'action du gène régulateur des mouvements dans les valves. De fil en aiguille, une équipe de recherche israélienne du Hebrew University Medical Center qui a découvert exactement le même gène a contacté le groupe du Dr Andelfinger, venant appuyer l'hypothèse de l'équipe montréalaise.

On estime que près de 4000 chirurgies valvulaires sont effectuées au Canada chaque année, un chiffre en constante croissance en raison du vieillissement de la population. Le fardeau économique est évalué à près d'un milliard de dollars par an, sans compter le poids de la souffrance pour les patients et leur entourage.

Le CHU Sainte-Justine est un centre d'expertise provincial de premier ordre en maladies génétiques rares, tant pour la qualité et le nombre de projets de recherche menés que pour la prise en charge clinique mais aussi le transfert des connaissances. La découverte de la cause génétique d'une quarantaine de maladies rares par des équipes du CHU Sainte-Justine au cours des dernières années est une illustration éclatante de cette expertise.
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